La crise des datas

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A froid, on peut maintenant analyser la crise des datas.  En effet, les opérateurs de téléphonie mobile ont été sommés par le gouvernement à revenir aux anciens tarifs des datas qui entretemps ont connu une hausse le 6 avril 2023. Les opérateurs qui ont été cloués au pilori expliquent que cette décision n’est pas sortie ex-nihilo. Mais bien le fruit d’une concertation avec le régulateur ARTCI. Que faut-il tirer comme première leçon ? A brûle pourpoint, on peut dire qu’il y avait un deal entre l’Etat via l’ARTCI et les sociétés de téléphonie, au détriment du petit peuple. On peut déduire que la réaction du porte-parole du gouvernement s’emprunte à l’hypocrisie et ne montre pas un gouvernement soucieux des conditions de vie des populations. Cela montre s’il en était encore besoin que le bien-être des populations n’a jamais été la tasse de thé de ce gouvernement qui ne rate aucune occasion pour essorer le petit peuple. Pourvu qu’il remplisse les caisses de l’Etat. C’est justement pour cela que Koné Katinan, le porte-parole du PPA-CI accuse ouvertement le gouvernement d’être derrière cette augmentation du coût des datas. Les taxes étant proportionnelles aux profits, le gouvernement se frottent les mains, lorsque les profits des opérateurs prennent de l’envol.  La véritable leçon que l’on peut tirer de cette affaire, c’est que le peuple est le seul responsable de sa destinée. Autrement dit le peuple a le gouvernement qu’il mérite. Ça veut dire que si les gouvernants ne tiennent pas compte de ses intérêts, il a la possibilité de faire évoluer les choses dans le bon sens. Au gouvernement, il faut dire qu’il faut se méfier d’un peuple qui ne parle pas. Depuis l’avènement de Ouattara les Ivoiriens ont donné l’impression d’être résignés par l’orientation que le nouvel occupant du palais présidentiel imprime à son pouvoir. Au point que les murmures glissent sur la peau du gouvernement. Or, il est de notoriété publique qu’il faut se méfier d’une eau qui dort. La crise des datas montre le réveil des Ivoiriens. Ils ont forcé, non pas les opérateurs de téléphonie, mais les gouvernants à reculer. Au risque de se répéter, les opérateurs de téléphonie n’ont pas pris seuls cette décision de majorer le coût des datas. Si tel était le cas, cela montrerait que le pays n’est pas gouverné. Le pouvoir a tenté sa chance, mais ça a tourné court. Et il joue les pompiers pour sauver la face.  Une attitude qui confirme un peu plus la citation de Nietzsche, selon laquelle « L’Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : « Moi l’Etat, je suis le peuple ». Qu’on ne s’y trompe pas ; le gouvernement n’a pas volé au secours du peuple dans la crise des datas.  Sous cette carapace de sauveur se cache un acteur de cette crise. Ici, on peut dire que le peuple montre la voie aux acteurs politiques de l’opposition qui ne cessent de se morfondre sur les changements attendus dans le processus électoral. Tous espèrent des changements, mais n’osent pas montrer leur détermination à faire bouger les choses. Depuis 2016, la cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui siège à Arusha en Tazanie a jugé la CEI non conforme aux traités dont la Côte d’ivoire est signataire. L’opposition attend placidement que Ouattara prenne sur lui la décision  d’opérer ce changement. Comme si en politique, on fait la passe à l’adversaire.  Le PPA-CI et le PDCI-RDA forme en ce moment la majorité sociologique et ont les moyens pacifiques de faire fléchir le pouvoir. Mais ils se contentent de déclarations stériles. Dans la crise des datas, les meneurs des actions robustes ne se sont pas contentés de déclarations. Ils ont pensé une action collective contre les opérateurs. Que se serait-il passé si le gouvernement n’avait pas bougé ? une autre action allait en appeler une autre et ainsi de suite. Les potentats locaux ont peur de la détermination du peuple. Il suffit simplement que ce peuple fasse confiance à un guide. Le vote à 18 ans, les procès-verbaux multiples sont des avancées démocratiques obtenues par un certain Laurent Gbagbo, sous le régime Bédié avant que cela ne soit finalisé par la junte militaire de Robert Guéi. Et cela sans une action subversive. Porteur d’espoir, Laurent Gbagbo réussissait à coaliser autour de sa personne, les autres forces démocratiques. L’opposition a là l’occasion de s’unir autour de Bédié pour faire avancer la démocratie et non prendre de façon illégale le pouvoir par la Coalition nationale pour le changement (CNC). Une coalition qui n’a aucun fondement juridique, d’autant qu’aucun de ses membres n’a participé à l’élection présidentielle de 2020. Imaginons, Bédié candidat à cette présidentielle de 2020, il était fondé à réclamer la victoire. En ce moment, la CNC aurait eu ne serait-ce qu’une onction légale.  Bref, la CNC a vécu. Il est temps pour l’opposition à Ouattara de faire preuve d’ingéniosité pour mieux orienter la lutte à l’image de ce que la société civile vient de montrer comme victoire éclatante de la solidarité et de la détermination sur l’autoritarisme. 

 

 Par Tché Bi Tché

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