«Kendal Breizh» est mort le 10 février dernier dans un bombardement turc à Jandairis, une ville kurde de la province d’Afrin au nord de la Syrie. Il a été tué quelques jours seulement après son arrivée sur place, en compagnie d’un ressortissant espagnol: Samuel Prada Leon (24 ans). Le communiqué de la milice kurde du YPG a également annoncé la mort plus ancienne d’un Néerlandais, Sjoerd Heeger, dans des combats à Deir Ezzor.
Kendal Breizh était le nom de guerre d’Olivier Le Clainche, un Français de 41 ans originaire de Malestroit dans le Morbihan. Comme le volontaire espagnol, il avait rejoint les forces kurdes en juillet 2017 pour combattre l’Etat islamique. Ces deux combattants «ont fourni un grand effort pour la libération des principaux fiefs de l’EI, comme les villes de Raqqa et Deir Ezzor», ont souligné les YPG.
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Formé au tir antichar et au tir de précision
Plusieurs sites autonomistes bretons lui ont rendu hommage, le présentant comme un militant libertaire breton. Lepeuplebreton.bzh le décrit comme un homme «anti-impérialiste, anti-fasciste, anti-sexiste et écologiste, favorable aux idées du municipalisme libertaire et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes». Bretagne-info.org, un site de «contre-information participatif autogéré et impulsé par la Gauche Indépendantiste», explique qu’il était parti sur place «pour aider à la défense et au développement de la révolution au ‘Rojava’», le nom que les autonomistes kurdes donnent aux terres à majorité kurde du nord de la Syrie. Le site précise par ailleurs qu’un hommage public lui sera rendu prochainement. «C’est en tant que breton et brittophone (qui parle breton, NDLR) qu’il est parti, il ne se considérait pas comme Français, merci de respecter ce choix», conclut l’article.
C’est pourtant dans la langue de Molière que Kendal Breizh s’était exprimé dans plusieurs médias français. Le 2 janvier dernier, il était interviewé par France info dans le cadre d’un reportage sur les volontaires français qui combattaient les derniers djihadistes à Deir Ezzor, près de la frontière irakienne. Présenté comme un ancien ouvrier en interim, Kendal Breizh considérait que sa mission ressemblait, étant donné le «comportement de Daech», à une mission humanitaire. Au moment de l’interview, il était opérateur lance-roquette au RPG7. «Les Kurdes disent que c’était un bon combattant. Il avait été formé au tir antichar et au tir de précision, en plus de la formation de base dans l’infanterie», a précisé à l’AFP Ronan Le Louarn, trésorier de l’association Amitiés kurdes de Bretagne, avec laquelle Olivier Le Clainche était régulièrement en contact. Il combattait au côté d’un autre Français, le commandant «Hogir» («ami», «camarade» en kurde), dans le «tabour international» qui regroupait des volontaires étrangers de nombreuses nationalités.
Outre le combat contre Daech, Kendal Breizh était aussi engagé dans les affrontement qui opposent les Kurdes aux Turcs. Depuis le 20 janvier dernier, les Kurdes sont en effet la cible d’une offensive militaire d’Ankara dans la région d’Afrine. «J’ai combattu ces derniers mois à Raqqa, à Deir Ezzor contre Daech, aujourd’hui je suis ici à Afrine, pour combattre l’Etat fasciste turc», disait-il dans une vidéo de propagande non datée des YPG.
Les Kurdes du YPG, émanation du PKK turc, sont considérés comme un groupe terroriste par Ankara. Par extension, la Turquie a fait savoir que tous les combattants étrangers engagés auprès des Kurdes sont également considérés comme tel. Mais ce n’est pas le cas de la France ou des Etats-Unis, qui se sont appuyés sur les combattants kurdes notamment pour guider des frappes aériennes en Syrie contre les terroristes de l’Etat islamique. En revanche, la Grande-Bretagne a récemment inculpé un volontaire britannique, James Matthiews, 43 ans, pour terrorisme. Il était revenu pour assister aux obsèques d’un de ses camarades de combat tué en octobre dernier à Raqqa.
Les volontaires étrangers engagés auprès des Kurdes peuvent aussi tomber sous le coup de la loi qui réprime l’activité de mercenaire, s’ils reçoivent une rétribution pour leur engagement. Mais tous déclarent le faire volontairement. Contacté pour nous confirmer et réagir à la mort d’Olivier Le Clainche, le Quai d’orsay n’était pas revenu vers nous à l’heure de la publication de cet article.
SOURCE : Le figaro.fr