Situation socio-politique en Côte d’Ivoire: Anaky écrit au président ghanéen  

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Excellence M. le Président de la République du Ghana,

Excellence,

Vous faites l’honneur à la Côte d’Ivoire et à son peuple de venir, en personne, prendre part à la 6° édition d’Africa CEO Forum, et tout le pays de Côte d’Ivoire s’unit  pour vous souhaiter Akwaba national et vous dire sa joie de vous accueillir sur sa terre d’hospitalité.

Oui, Excellence, le 6 décembre 2017, à Accra, vous avez livré à l’Afrique noire,  à l’Occident et au monde entier, un discours d’espoir et de rupture quant au regard nouveau que les Africains, à commencer par leurs leaders politiques, devraient commencer à jeter sur eux-mêmes et leur façon d’être et de penser, pour enfin commencer à prendre leur destin en main. Ce message a fait date, et a pris force de prophétie pour les peuples africains voués à l’attente permanente de meilleur vivre et de lendemain meilleurs.

Dans votre message, vous avez, à un moment donné, quitté le domaine de l’économique et de ‘’l’aide au développement’’ pour aborder celui de la gouvernance, celui qui commande et préside à tout ;

Vous avez alors dit : « mais notre principale responsabilité en tant que leaders et citoyens, c’est de réfléchir à ce que nous devons développer pour nos propres pays pour que toutes les institutions fonctionnant correctement, que  cela puisse nous permettre d’avoir la bonne gouvernance, une gouvernance responsable qui générera un système qui permet la diversité, qui permet au peuple de s’exprimer librement,  …. »

Avec votre permission, Excellence M. le Président de la République,  nous nous permettons d’attirer votre attention sur le fait que le Vendredi 23 mars 2018, la veille de votre arrivée en terre ivoirienne, 17 Honorables et Honnêtes citoyens Ivoiriens étaient transférés à la Maca, la grande maison de détention d’Abidjan. Ces citoyens n’avaient qu’un seul crime : celui de faire partie du comité d’organisation d’une marche pacifique et républicaine, convoquée le jeudi 22 mars 2018 par les partis politiques Eds, Urd, Mfa et leurs partenaires d’autres forces politiques et de la société civile, pour solliciter  du Chef de l’Etat ivoirien  trois choses qui, sous d’autres cieux, sont de pures évidences et tombent même sous le sens

a)   La reforme complète de la Commission électorale indépendante totalement déséquilibrée en faveur de l’exécutif, et surtout de facto illégale depuis l’arrêt de la Cour africaine Des Droits de l’Homme et des Peuples du 18 novembre 2016 qui a enjoint le Gouvernement ivoirien de la réforme totalement.

b) La Renonciation à la tenue des élections sénatoriales prévues le samedi 24 mars 2018, tout d’abord parce que organisées par cette  Cei frappée de forclusion et de non existence légale, et ensuite parce que la loi organique instituant et organisant le Senat n’a pas encore été enrôlée à l’Assemblée nationale comme l’impose la Constitution.

c)   L’acceptation de discuter et dialoguer avec l’Opposition politique et la Société Civile de tous les problèmes socio-politiques du pays, et faire tomber le mur qui sépare de facto  les partenaires à la vie publique du pays en 2 blocs; celui du pouvoir d’une part, et tous les autres d’autres part, sans échanges et interdictions dignes de ce nom.

Ainsi, l’arrestation de ces 17 citoyens pacifiques n’a d’ailleurs été que le terme d’un assaut brutal et barbare des forces de l’ordre, comme instruites d’étouffer cette manifestation pacifique dans l’œuf, puisque la marche n’a même pas connu un véritable début d’exécution.

Excellence,

Nous devinons que vous serez autant choqué qu’indigné à la lecture de ce qui précède, tant il doit être évident pour vous que vos chers cousins et voisins ivoiriens devraient avoir évolué loin au dessus de ces marécages de dictature primaire et primitive depuis des décennies !

Nous vous présentons donc, par avance, nos excuses de vous révéler que vous avez, évolué dans la proximité  pendant deux jours auprès d’un alter égo qui fait tout sauf « permettre à son peuple de s’exprimer librement dans la diversité ».

 Nous gardons cependant l’intime conviction que la révélation de ce   genre d’esprit et de pratique de gouvernance éveillera forcement chez le démocrate engagé que vous êtes l’attitude et la réaction  que votre fonction vous autorise  et impose.

Nous n’en demanderons et dirons pas plus, heureux de savoir que vous partagez avec nous la foi que, dès qu’un seul être humain est injustement et arbitrairement privé de liberté, c’est comme si chaque être vivant sur cette planète perdait en souffle d’humanité.

Nous vous assurons, Excellence M. le Président  de notre considération la plus distinguée.

Innocent Anaky Kobena

Président du Mfa

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