Silence coupable

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Depuis le décès de Félix Houphouët-Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire, le 7 décembre 1993, l’Eburnie est entrée dans un cycle de violences électorales qui atteint son point culminant en 2010/2011.  L’élection présidentielle de cette année-là qui devait mettre fin à près de 10 de situation sociopolitique marquée par la belligérance contre le pouvoir Gbagbo a viré en une guerre civile qui a fait officiellement 3000 morts, chiffre que les observateurs jugent sous-évalué, car la réalité est que des dizaines de milliers d’Ivoiriens ont péri dans cette course folle au pouvoir. Alors que le président sortant, Laurent Gbagbo a fait la proposition du recomptage des voix sous la supervision internationale, Alassane Ouattara et ses soutiens internationaux ont balayé du revers de la main décision cette sage décision. Pour eux, Gbagbo a perdu les élections, un point c’est tout. Une attitude bien curieuse, d’autant que le recomptage des voix a été proposé après par les Nations-Unies dans d’autres contrées de la planète, notamment en Haïti pour sortir d’une crise électorale.  Ban Ki-moon, le sud-coréen qui était Secrétaire général de l’ONU au moment des faits a même parlé d’injustice à l’égard de Ouattara. Injustice, nous avez -vous dit ?  C’est à croire que tirer sur le palais présidentiel d’un pays souverain, membre de l’Onu comme l’ont fait les soldats onusiens en Côte d’Ivoire, est plus juste qu’une proposition qui aurait pu éviter la guerre. Mais personne n’est dupe. La mafia internationale, cornaquée par l’inénarrable Nicolas Sarkozy repoussait les limites de la morale dans l’unique but de positionner un homme qui pouvait veiller sur leurs intérêts. Le vernis démocratique avec lequel ils saupoudraient leurs déclarations était juste destiné à une ruse pour légitimer le faux.  Mais là n’est pas le problème.  C’est de notre pays qu’il s’agit. Ce sont des vies ivoiriennes qui ont été décimées. On est donc en droit d’attendre des responsables politiques et de la société civile plus de maturité. Au moment où le pays aborde un autre virage électoral, personne ne lève le petit doigt pour murir la réflexion sur les conditions d’élections apaisées. Pour qu’elles le soient, il faut en créer en amont des conditions, transparentes, sincères et loyales. Ça fait déjà des mois que le dialogue politique a pris fin. En effet, les principaux acteurs politiques et responsables des organisations de la société civile en Côte d’Ivoire ont signé le vendredi 4 mars 2022 à Abidjan le rapport final sanctionnant les travaux du dialogue politique, la cinquième étape du genre, lancé le 16 décembre 2021 par le premier ministre Patrick Achi. Ce sont au total 21 partis politiques et 26 organisations de la société civile qui ont participé à ce brainstorming ivoirien.  Entre autres, trois grandes thématiques retenues de façon consensuelle ont fait l’objet d’échanges, à savoir les mesures d’apaisement de l’environnement politique, la réconciliation nationale et le cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire. Au terme des travaux, les participants dont ceux du parti présidentiel, ont recommandé entre autres la libération des prisonniers politiques, civils et militaires des crises successives liées aux élections. Il avait également été recommandé des mesures en direction de Blé Goudé en ce qui concerne son passeport et Guillaume Soro, pour ce qui est de sa condamnation à perpétuité dans des affaires supposées subversives. En somme, on demandait à ouattara d’élargir son ordonnance signée en 2018, à ceux qui sont encore en prison. Concernant le cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire, le rapport final a particulièrement insisté sur la prise en compte des « réalités politiques nouvelles » en vue du réaménagement de la Commission électorale indépendante (CEI), la conduite de réflexions sur le découpage électoral et la révision annuelle de la liste électorale. Si Blé Goudé a pu regagner son pays, c’est le silence radio sur les autres mesures, surtout celles liées aux élections.  Or, c’est un secret de polichinelle, les passions qui ont débouché sur des crises électorales sont nées des gymnastiques des partis au pouvoir de conserver vaille que vaille le pouvoir sous les tropiques. En particulier en Côte d’Ivoire. Où le silence collectif sur les dérives a accentué les crises. Le pays encore une fois nous appelle. C’est un devoir de demander à Ouattara de réunir tous les acteurs en vue de résoudre les questions liées aux élections pour éviter à la Côte d’Ivoire un énième bain de sang. Rappelons à toutes fins utiles au chef du parti présidentiel que l’épineuse question de sa candidature a longtemps constitué un point de friction en Côte d’Ivoire.  Il fallait des décisions politiques fortes et courageuses de Laurent Gbagbo pour dénouer le nœud gordien du problème. C’est le même sacrifice qu’on est en droit d’exiger de ouattara. Et non nourrir subrepticement un agenda secret en vue d’éliminer la candidature d’un potentiel adversaire comme cela se murmure dans les cercles du RDR, défunt parti de la Rue Lepic. Certes, nous n’avons pas toujours de prises sur ce qui se passe. Mais comme l’a dit l’autre, « si je situe hors de moi la responsabilité de mes actes (comme par exemple ne pas agir), alors j’érige l’irresponsabilité ; et c’est ma conduite toute entière qui se vide de toute signification morale et enfin de compte de toute signification humaine ». Il n’est pas encore trop tard pour agir.

Par Tché Bi Tché

 

 

 

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