Le samedi 24 mars dernier, des électeurs triés sur le volet appelés abusivement grands électeurs (7000 individus issus d’élections dont les taux de participations n’atteignent pas 40%) ont élu deux tiers des membres du sénat. Un tiers sera nommé dans quelques jours par Alassane Ouattara. Le RHDP, coalition au pouvoir, a une majorité écrasante au sein de cette nouvelle institution. Un sénat qui est loin de refléter la volonté de la majorité des Ivoiriens. En effet bon nombre de citoyens le considèrent comme une guillotine pour décapiter, avec toutes les apparences démocratiques, toute opposition à un troisième mandat de Ouattara en 2020. De l’avis de plusieurs observateurs de la scène politique ivoirienne, ce nouvel instrument politique permet à l’actuel chef d’Etat d’avoir les coudées franches en ce qui concerne la prochaine présidentielle. Ce sénat est un coup de Trafalgar. Une volonté manifeste de passer outre les décisions du parlement, une perfidie signée Alassane Ouattara et endossée par 24 millions de personnes. Un vrai coup de poignard dans le dos de la démocratie ivoirienne déjà agonisante.
La bataille de 2020 s’annonce épique, le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro ne cache plus ses ambitions présidentielles. Ce titulaire d’une licence d’Anglais qui n’a jamais travaillé, mais qui a réussi à gravir presque tous les échelons de la vie sociale, sauf le dernier : la présidence. Et Soro n’entend pas se priver de ce poste. Le sénat, cette nouvelle institution est la seconde assemblée constituante du pays, elle est donc un contre-pouvoir du parlement. L’homme choisi pour être à la tête de cette institution, serait selon les informations Ahoussou Jeannot. « J’ai l’expérience et les capacités pour animer le sénat », a-t-il déclaré à la télévision nationale. Ce choix, s’il est confirmé dans les jours à venir, n’est pas fortuit. Ahoussou et Soro, c’est un secret de polichinelle, ce n’est pas le parfait amour. « Vous comprendrez donc aisément qu’il n’est nullement question de prendre part à un prétendu complot, mais plutôt pour apporter son soutien et sa contribution à la bonne compréhension des orientations, de la vision stratégique de Son Excellence Monsieur le Président de la République, pour une Côte d’Ivoire qu’il souhaite conduire aux frontières nouvelles du développement. Et le Budget qui est discuté à l’Assemblée nationale en est la clé de voûte », avait expliqué le conseiller en communication du ministre, Michel Koffi, lors du vote du budget pour justifier la présence ce son patron (Ahoussou) au parlement ce jour-là. Ayant fleuré le complot contre leur mentor, les lieutenants de Soro ont repris de la voix. Pour dénoncer la répression de la marche des opposants. Par rapport au projet sénatorial de Ouattara, Félicien Sékongo a déclaré à la Une d’un quotidien : « Il y a une volonté de confisquer le pouvoir ».
Aaron KANIE