Reportage/ Coupure d’eau potable aux II Plateaux Agban : Les populations s’approvisionnent dans les w.c publics

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Voilà plus d’une  semaine déjà,  que l’eau ne coule plus dans les robinets  à Agban deux Plateaux,  dans les encablures de la Gendarmerie d’Agban. II Plateau Agban,  est le quartier qui jouxte le camp de la Gendarmerie Nationale qui porte le même nom que cette localité. Ce quartier est situé sur un plateau en hauteur et fait face au cimetière Municipal de williamsville. Cet endroit dispose d’un vaste espace libre et dégagé  sur lequel,  des propriétaires  d’auto Ecole viennent passer leurs épreuves pratiques de  permis de conduire. C’est ce quartier qui depuis bientôt 8 jours, voit ses populations vivre le martyr. Avoir l’eau pour boire est devenu un parcours de combattant  pour ces populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Agnès Adjovi vit dans ce quartier depuis une dizaine d’années. Elle soutient n’avoir  jamais vécu une telle situation dans le passé. « Cela fait déjà dix jours que l’eau ne coule plus dans nos robinets. Je dois me lever à 4 heures du matin, pour espérer avoir de l’eau pour boire et faire le ménage. Et lorsque le matin arrive, tout est arrêté. C’est un drame pour nous les mères de familles », explique Agnès qui n’arrive pas à comprendre ce qui leur arrive.  Puis, la gorge nouée par la douleur elle poursuit : « Dès  que le matin approche, l’eau ne coule plus dans les robinets. Il faut attendre vers 22 heures pour savoir s’il est possible d’avoir de l’eau. Sinon, nous montons la garde jusqu’au petit matin pour pouvoir remplir les bassines, bouteilles et autres récipients pouvant contenir de l’eau », conclut Agnès. La population fait la cuisine avec l’eau des W.C publics Dans ces jours-ci, les habitants des II Plateaux Agban vivent un véritable calvaire.  L’eau se fait tellement rare qu’ils sont obligés d’aller  la chercher dans les douches publiques communément w.c tenus par des  particuliers. Cette  eau vendue à la population apprend-on,   nous  vient d’un circuit parallèle tenu secret par les tenanciers de ces officines de douches publiques. Tous les tenanciers de ces w.c publics sont des allogènes qui nous viennent  de la sous-région. Ce sont eux  qui détournent l’eau de la SODECI avec ingéniosité. Parce qu’ils équipés pour les besoins de la cause. Ils  disposent  selon toujours nos sources,  d’une technologie archaïque de distribution d’eau. Il s’agit d’une petite machine qui possède la même architecture d’un mini groupe électrogène. Cet engin tourne en plein régime en longueur de journée. Il est dissimulé au fond dans un coin du w.c public. Nous avons pu apercevoir cet engin en se faisant passer pour des clients et,  nous avons même pu  localiser son emplacement suite à son ronronnement. Branché  donc à un long raccord en caoutchouc, l’eau extraite par le biais de la machine est recueillie dans un fut d’une capacité moyenne  en Caoutchouc et distribuée par la suite à la clientèle. Dans le quartier, des porteurs d’eau sillonnent les ruelles pour livrer leurs commandes.  C’est d’ailleurs avec cette eau d’une qualité douteuse que les familles font leurs cuisines.   Les revendeurs d’eau  sillonnent le quartier en quête d’un preneur potentiel Les personnes les plus touchées par cette pénurie d’eau,  sont  évidemment les blanchisseurs. Sana Seni est blanchisseur et vit dans le quartier depuis bientôt 6 ans. Il tient une blanchisserie qu’il gère avec l’aide d’un des ses frères qui lui sert d’apprenti. En ces temps de crise d’eau pour faire son travail, il est soumis à rythme anormal d’horaire de travail. Il doit se faire violence  tous les jours pour satisfaire sa clientèle.  « Je vais prendre de l’eau dans le w.c public comme le fait tout le monde. J’ai dix bidons à remplir. Je commande de l’eau  la veille avec un des porteurs et je veille qu’il respecte son contrat. Une semaine de coupure d’eau, c’est énorme.  Hier j’ai payé 3000 Fcfa (le mardi 17 novembre 2020), aujourd’hui j’ai payé 1500Fcf. Je dépense donc 18000Fcfa par semaine », soutien-t-il. Faut-il le noter, la population préfère aller elle-même chercher l’eau au w.c public pour éviter de faire des dépenses exorbitantes. Avec les revendeurs  Ahouassa, le bidon  bien rempli coûte 150 Fcfa. Ibrahim le revendeur d’eau que nous avons approché nous explique qu’il travaille pour son patron qui un tenancier de w.c public. Il nous dit que le bidon bien rempli coûte 150 fcfa. Ce prix est fixé par son patron et demeure non négociable fait-il remarquer. L’eau de la pluie devient la denrée la plus recherchée  La pluie de ces deux derniers jours a fait énormément du bien à la population des II plateaux. Telle est la satisfaction de Mme Diakité qui s’en réjouit énormément. Sa joie est tellement immense qu’elle a profité de la pluie pour faire le ménage dans sa maison.  « Je suis heureuse parce qu’il a plu le lundi et le mardi dans la nuit. C’est avec l’eau de pluie que j’ai pu  laver mes habits.  J’ai pu faire la vaisselle, laver la douche et aussi j’ai pu prendre un bain. Je me ravitaille au w.c public lorsque que je manque d’eau  potable. Pour boire et aussi préparer la nourriture, je paie l’eau pour 500Fcfa par jour. Je fais donc une dépense de 15000Fcfa par mois pour mon approvisionnement en eau potable », révèle Mme Diakité. Lorsque nous sommes arrivés au w.c public aux environs de 12 h, il n’y avait pas d’affluence. Parce que les femmes sont déjà  passées s’approvisionner en eau potable très tôt le matin. Ce sont seulement  quelques femmes retardataires  qui font de la restauration, qui sont en train  de trainer leurs pas pour encore leurs bidons. Quant au vieux Fofana, il qualifie la situation de catastrophique. Il soutient que depuis trois mois (3), l’eau ne coule plus dans son robinet. A cet effet, il fait comme les autres habitants du quartier. C’est-à-dire acheter l’eau par bidon pour se laver et permettre à sa femme de faire de la cuisine. La situation est pareille chez Mme Noura Aziz qui s’est présentée à 12 h 47mn pour se ravitailler en eau potable. « Je suis vers le bas du quartier. Je n’ai pas de problème d’approvisionnement en eau potable. C’est pourquoi, je suis venu avec six bouteilles d’un  litre chacune. C’est pour mes clients. je sais aussi que le bidon d’eau, coûte 150 Fcfa.  C’est pour faire la cuisson », explique-t-elle. Tous nos efforts pour soutirer des mots aux deux principaux tenanciers de w.c des II Plateaux Agban, ont été vains. Ils ont  poliment rejeté notre demande. Pendant ce temps, le calvaire des populations des II Plateaux Agban continue.

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Jean-Baptiste Essis jean.essis@gmail.com

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