La présidentielle ivoirienne de 2025 avance à pas de géant. Et déjà le microcosme politique semble se recomposer. Les alliés PDCI -RDA et PPA-CI, peinent à cicatriser la blessure des municipales dernières, au cours desquelles les dissensions sur la conduite de la liste de l’opposition dans la commune de Yopougon leur a fait perdre la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Si officiellement, cette alliance vit encore, personne n’est dupe que depuis de le décès de Bédié cette alliance est cliniquement morte. N’empêche que Alassane Ouattara dont le rêve d’un grand parti houphouétiste est une obsession ne se prive pas d’occasion pour vider de sa substance le parti « doyen ». C’est dans cette atmosphère qu’une petite musique se fait entendre d’un possible duo au pouvoir en 2025. A en croire des câbles diplomatiques, les parrains occidentaux voient dans la paire Ouattara-Thiam, l’unique planche de salut du pays de Félix Houphouët-Boigny. « Ils veulent Ouattara comme président et Thiam comme son vice-président. Du reste c’est ce que veulent les parrains. Mais rien n’est encore acté » souffle notre source, un diplomate en poste à Abidjan. Qui l’eût cru ? la passe d’armes entre les partisans des deux leaders ne prédestinaient pas à une telle issue. En effet, Il a suffi que Tidjane Thiam déclare ce qui suit : « Chaque fois qu’on me présente comme un économiste, je dis non je suis un ingénieur. Je fais des choses concrètes. Je projette des choses concrètes, pragmatiques… Ce qui m’intéresse ce sont les dispositions qui marchent, pas les solutions qu’on ne voit pas ». Ce sont les propos de Thiam, candidat à l’élection à la présidence du PDCI-RDA qui ont provoqué chez les partisans de Ouattara une forte poussée d’urticaire. Profitant d’un rassemblement des jeunes de leur parti, ils se sont laissé aller à une avalanche de critiques contre l’ex-cadre du crédit suisse. « J’ai entendu hier (des mois en arrière) dire, pendant que vous étiez en train d’élire le nouveau président de la jeunesse de notre parti, un d’entre eux prétend qu’en tant qu’ingénieur, et non économiste, il préférerait les dispositions qui marchent et non les solutions qu’on ne voit pas. Quand on est ingénieur, on est rationnel, on est objectif. Et cela demande nécessairement de l’honnêteté et de la bonne foi » dégainait Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. Avant que Touré Mamadou, ministre en charge de la jeunesse ne mette une autre couche : « Les gens sautent, sautent depuis des mois, on les observe parce que pour le moment, c’est en interne. On attend que tout soit clair dans une semaine (élection au PDCI, en décembre) et à ce moment-là, dans un jeu démocratique, le RHDP saura qui est son adversaire à la tête de chaque parti politique. Dès lors, chacun sera traité comme il se doit. Les gens parlent d’ingénieur, d’économiste. Mais en réalité, ils sont complexés devant le président Ouattara. En 1990, le président Houphouët-Boigny n’a pas eu recours à un ingénieur, il a eu recours à un économiste. Les tout sauf Ouattara sont encore là. Ils croient avoir trouvé l’oiseau rare en contradiction avec eux-mêmes. On croit avoir trouvé un homme qui puisse faire partir le président Ouattara, mais on est là, le président Ouattara est là ». Et Cissé Bacongo, Secrétaire exécutif du RHDP, de donner un tour de vis ivoiritaire : « Tidjane Thiam est un ancien sur la scène politique qui veut se faire passer pour un nouveau. Il veut jouer sur deux plans pour distraire notre jeunesse. Il s’agit d’abord du patronyme et de la religion. On fait croire que Tidjane Thiam et Alassane Ouattara, c’est la même chose, mais c’est faux. Le 16 décembre, nous savons que c’est lui qui sera choisi. On l’attend. Et comme il fallait s’y attendre THIAM a succédé à Bédié à la tête du PDCI-RDA. Au moment où on s’attend que la bataille de 2025 ait lieu, il est de plus en plus question d’une alliance entre les deux camps. Le très françafricain Jeune Afrique avait envoyé les signaux : « Présidentielle en Côte d’Ivoire : et si Alassane Ouattara et Tidjane Thiam s’entendaient ? » plaidait Marwane Ben Yahmed dans un éditorial aux senteurs de révélations dans l’édition en ligne du 25 mars 2024. Les appels du pied des partisans inclinent vers une telle issue. À Guiglo pour la présentation et l’installation de la coordination régionale du RHDP, Anne Ouloto, ministre de la Fonction publique, proche de Ouattara y allait de son plaidoyer : « Il y a un opposant nouveau qui n’a laissé aucune trace dans le pays depuis 24 ans. Dès que le pays a eu des difficultés, ils ont fui. Le nom de ton grand-père Houphouët-Boigny était en train d’être détruit par les refondateurs. Il a fallu Alassane Ouattara pour remettre le nom du président Houphouët-Boigny au centre de la Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara s’est associé à Henri Konan Bédié pour créer le RHDP afin de restaurer les valeurs d’Houphouët. Quand tu viens, ton travail doit être de nous rassembler et non de diviser les Ivoiriens. La meilleure attitude, c’est de restaurer les valeurs de ton grand-père Houphouët-Boigny et rejoindre Alassane Ouattara. Malheureusement, au lieu de restaurer l’image de ton grand-père, tu viens consacrer la division en rejoignant l’opposition ». Récemment, un cadre du PDCI confiait à notre confrère Soir Info que l’avenir du PDCI se trouvait au sein du RHDP. A la vérité, rien d’étonnant d’autant plus que Ouattara et Thiam ont un dénominateur commun. Celui d’être deux bons élèves de la Françafrique.
Le oui, mais… des Bédié, avant sa mort…
La fusion entre le PDCI et le RHDP est un vieux schéma de Ouattara. Selon une autre source au sein du PDCI, malgré le froid polaire apparente, Bédié et Ouattara en ont parlé, par personnes interposées. Il était question que Tidjane Thiam soit le candidat du PDCI et du RHDP à la présidentielle de 2025. Une requête à la laquelle, selon notre source, l’ex-bouddha de Daoukro n’était pas forcément opposé. Cependant, le revirement à 180 degrés sur l’alternance en 2020, après l’appel de Daoukro faisait que l’ancien président du PDCI était prudent. Comme cela semble se dessiner, c’est Ouattara qui est la tête de liste, là où Thiam avait été proposé. Que fera l’actuel président du PDCI ? nos sources disent ne pas être véritablement dans le secret des dieux. Même si elles reconnaissent que Ouattara et Thiam ne s’appartiennent pas sur cette question. C’est dire que la France pourrait dicter sa vision.
Pourquoi Gbagbo fait toujours peur aux occidentaux.
Quid de l’avenir politique du leader du PPA-Ci ? Malgré ses 10 ans dans le pénitencier de Scheveningen, sa vision souverainiste reste intacte. Au moment où l’Afrique de l’Ouest pousse la France dehors, l’ex-puissance tutélaire ne croit pas que Gbagbo ait abandonné sa vision souverainiste. Il suffit que l’opportunité se présente à lui que le natif de Mama accélère la messe de requiem de la Françafrique sur les bords de la lagune Ebrié.
Pour tout dire par un mot, le paysage politique ivoirien va se recomposer. Les grandes manœuvres ont d’ores et déjà commencé dans les officines diplomatiques
Tché Bi Tché