Plus besoin de faire un dessin. Guillaume Soro a décidé de se construire un destin national. « C’est Dieu qui décide du destin de chacun » lance-t-il aux « méchants », aux « ingrats », ceux-là même qui veulent qui le voir six pieds sous terre, l’allusion est de lui. Pour ce faire, il a choisi la terre de ses ancêtres, face à la chefferie traditionnelle. Tout un symbole, comme s’il voulait confier sa candidature aux siens. Lafokpokaha est son village natal. Et est situé dans le septentrion du pays. Où il aura pour probable adversaire putatif, Alassane Ouattara. Et comme pour dire qu’il est entre de bonnes mains, l’ex-chef rebelle se lâche : « Aujourd’hui, chers amis, vous comprenez que je suis devant mes papas, je suis devant les chefs traditionnels, ceux qui sont les dépositaires de nos traditions, de nos coutumes. Ce qui se passe actuellement est quelque chose de très significatif et de très important. Je dis bien que ce sont mes papas qui sont là, eux tous. Chaque année, quand ils le peuvent, ils viennent ici à la maison pour qu’on mange ensemble, qu’on partage la nourriture, cela a un sens. Ce sont mes papas parce que mon père est né ici dans ce village, ma mère est née ici et ici, c’est la terre de nos ancêtres. Moi je ne suis pas né ailleurs, je suis né sur cette terre là (applaudissements). Donc ici, nous sommes sur la terre de nos ancêtres qui, de là où ils sont, continuent de veiller sur nous. Et eux, les chefs, sont les intermédiaires et les dépositaires de toute cette connaissance millénaire de la terre sur laquelle nous sommes. Ils sont assis ici. C’est pourquoi, quand je suis ici, je suis d’abord et avant tout en sécurité ». Pour qui sait lire entre les lignes, Soro affirme là ses liens séculaires avec le Nord. Dans quel but ? Lui seul en détient les tiroirs secrets. « Ce qui se passe actuellement est quelque chose de très significatif et de très important » insiste-t-il, certainement pour montrer l’importance que revêt cette rencontre « familiale » au seuil de l’année nouvelle. Une année qui devrait, selon des informations piochées aux bonnes sources, le voir renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale pour se lancer à l’assaut du pouvoir d’Etat, en 2020. C’est dire que dire les « irréductibles » de Ouattara enfoncent une porte déjà entre-ouverte. L’ex-activiste étudiant qui n’est pas dupe, sait que son ex-mentor Alassane Ouattara rêve d’un troisième mandat. Cela les mettra à coup sûr face à face. Ça ne sera donc pas une partie de plaisir. D’où ses flèches contre Adama Bictogo, traité de « gringalet » sans le citer nommément. Comprenez que qui dit Adama Bictogo dit Alassane Ouattara. Autour de qui, l’homme d’affaire figure dans le premier cercle. Le parfait punching-ball pour les piques à venir.
Soro en quête d’alliés
Aussi, Soro connait-il la capacité de nuisance de Ouattara. Aujourd’hui affaibli sur le plan militaire, car n’ayant plus une mainmise sur l’appareil sécuritaire de l’Etat, comme du temps où il était Premier ministre, il se sait à la merci du gourou de la rue Lepic. D’où sa course effrénée vers la recherche d’alliés. Récemment, il a fait un tour de chez Sassou N’Guesso où il continue de jouir d’une oreille attentive. Lors de la rencontre de Ferké, il a enregistré le soutien et la présence effective d’un proche du président guinéen, Alpha Condé. « Je salue en votre nom, monsieur Malick Sanko qui est venu de la Guinée-Conakry. Vous vous souvenez, son Président qui est le Président Alpha Condé était à Ferké en 2007. Donc monsieur Malick Sanko qui travaille avec le Président Condé est venu jusqu’à Lafokpo. Cher frère, je veux te dire merci d’être venu », s’est-il réjoui. Et d’exhorter ses partisans qui ne cessent de l’appeler à franchir le pas d’une candidature à positiver l’année 2019. « Il faut qu’on soit positif en 2019. Le destin d’un homme est entre les mains de Dieu ; pas entre ceux d’un homme. Je vois les gens s’exciter partout, mais cela ne me distrait pas » rassure-t-il ses lieutenants. En attendant, il ne fait pas dans la dentelle. Il attaque frontalement Ouattara, avec des phrases aux allures de parabole. « Je ne suis la propriété de personne ». Fini donc l’homme de mission, mission au service de Ouattara s’entend. Et pour arriver à ses fins, il sait qu’il doit faire le plein de voix dans le Nord, où son véritable challenger n’est autre que Ouattara.
C’est donc parti pour Guillaume Soro. Sera-t-il sur des patins à roulettes ? Rien n’est moins sûr. Les nombreuses casseroles héritées de la rébellion risquent de mauvais tours à Bogota, le nom de code, qui a laissé de nombreux cadavres, comme ceux de Kass, Adam’s, etc, dans le maquis lors de son opposition factionnelle avec Ibrahima Coulibaly dit IB. La mort de ce dernier dans les conditions troubles le 27 Avril 2011 reste un mystère quant à l’identité du donneur d’ordre pour liquider ce controversé chef du commando de triste mémoire, appelé Commando Invisible.
Tché Bi Tché