« Ce matin, nous avons reçu les jeunes, nous avons fait passer un message à l’endroit des villageois pour présenter les excuses de la chefferie pour tout ce que la population d’Anono a enduré. La chefferie a également présenté, sa compassion aux blessés aux familles qui ont eu leurs enfants kidnappés par la police ». Telle est la quintessence de la déclaration de Nadjui Djorogo Severin, chef du village d’Anono, le mardi 20 octobre 2020, face à la presse au siège de la chefferie dudit village. La chef a soutenu que la population leur avait signalé le kidnapping par la police de quatre personnes parmi lesquelles figurait une femme. Ces personnes selon les propos du chef de village, n’ont rien à voir avec tout ce qui s’est passé dans le village ce jour-là. Le chef du village a expliqué que, la jeune femme en question revenait du marché et elle s’est retrouvée au mauvais endroit. C’est la même situation que les trois jeunes gens qui revenaient de l’école et qui sont tombés dans l’engrenage.
La chefferie d’Anono vient d’entrer en contact avec le chef de cabinet du préfet intérimaire d’Abidjan. « Le mardi 20 octobre 2020, j’ai échangé toute l’après-midi avec le ministre gouverneur du District d’Abidjan Beugré Mambé. Nous lui avons envoyé toutes les photos pour que les autorités sachent de quoi souffre Anono village. En retour le ministre gouverneur m’a dit de voir les jeunes pour que tout se calme », a-t-il indiqué.
Tout a commencé le samedi 17 octobre 2020, dans la matinée. Le parti politique des Houphouetistes le RHDP, devait faire un meeting dans le village, mais cela a avorté. Parce que la jeunesse d’Anono, avait déjà programmé une manifestation depuis deux semaines qui devait avoir lieu sur le terrain dudit village. Mais il y a, eu explique toujours le chef Nandjui, une incompréhension et cela a créé un désagrément au parti politique RHDP. Du coup, poursuit-il, les gens ont pris Anono comme un village rebelle.
Le chef fournit des détails sur le raté de la manifestation des Houphouetistes(RHDP) tout expliquant que ces ratés font dire au RHDP que le village d’Anono le boycotte tout en favorisant les autres partis politiques qui viennent faire leurs manifestations dans le village. Ils se sentent être lésés. Ce qui n’est en réalité pas exact, fait savoir le premier responsable d’Anono.
« Moi je dis non. Ce n’est pas comme ça que cela se passe. Il y a le terrain à payer. Puis après, vous leur donnez, le déroulé de votre programme de manifestation. Le village possède une administration et personne ne se lève pour venir effectuer des mouvements sans remplir des conditions. C’est ce qu’il faut savoir », explique-t-il.
Faut-il le noter, le samedi 18 octobre 2020, le RHDP devrait faire un meeting. Mais contre toute attente, ils ont fait acheminer des loubards et des microbes (les enfants en conflits avec la loi) munis d’armes blanches avec la ferme intension d’attaquer le village d’Anono raconte une source proche de la notabilité. Mais par vigilance, cela a avorté.
Néanmoins le lundi 19 octobre 2020 contre toute attente, suite à la désobéissance civile et aussi avec la sortie de la Fesci pour manifester contre les frais annexes, le village apprend qu’aux environs de 6 heures, un Bus de la Sotra est brûlé à la Riviera II. Puis, il y a eu des échanges entre les étudiants de la Fesci et la police. Un certain nombre d’étudiants sont entrés dans le village. Parce que la cité Universitaire de la Riviera II est non loin d’Anono village. La police a donc pourchassé les étudiants qui sont entrés dans le
village. « Je voudrais faire noter que le village est privé. Le village n’est donc pas une voie publique où tout doit se dérouler n’importe comment, voire dans le désordre. Lorsque vous poursuivez quelqu’un et qu’il entre dans un village, c’est terminé. Parce que le village est considéré comme une maison privée », a précisé le chef Nandjui D. Severin. Celui-ci a estimé que depuis le lundi, l’intégrité de leur village a été violée par la police nationale. Pour lui, la police est entrée dans le village et a commencé à lancer du gaz lacrymogène, cela n’est pas normal.
Il a soutenu que les policiers ont fait du porte à porte et ont largué les gaz lacrymogènes dans les cours. « Dans ma maison, je n’ai pas été épargné. J’ai donc été gazé. Je proteste vigoureusement contre cette violation flagrante de notre intégrité. Le siège de la chefferie lui non plus, n’a pas été épargné par la furie des policiers. Nous avons toutes les images, toutes les vidéos avec nous. Nous avons été agressés par la police. Le lundi, Anono était devenu comme un champ de bataille pour les policiers », ajoute-t-il. La chefferie condamne fermement cette violation du domicile et précise que si les policiers étaient restés sur la voie publique il ne se poserait pas de problème. Mais, le fait qu’elle soit déployée dans le village constitue une violation grave des us et coutumes. C’est pour cette raison qu’il condamne fermement cela. J’ai l’impression que la police a agi avec légèreté parce qu’elle a un dessein noir pour Anono village. Ils avaient un objectif qu’ils cherchaient à atteindre. Pour eux, Anono village s’oppose à leur volonté.
La police doit comprendre qu’il y a tous les groupes ethniques à Anono. Pour joindre l’acte à la parole, le chef du village a annoncé une fête religieuse qui doit regrouper toutes les confessions religieuses existantes dans le village d’Anono. « Nous faisons des efforts pour maintenir la cohésion sociale entre nous, et vous nous traitez comme un village récalcitrant. Je dis non. Je considère cela comme une provocation de trop », a indiqué le chef de village.
Les policiers selon les propos du chef Nandjui Djorogo, sont allés trop loin dans leur volonté de punir le village d’Anono. Elle est allé jeter du gaz lacrymogène au centre de santé urbain dudit village. Le personnel du centre de santé urbain d’Anono a confirmé les accusations du chef d’Anono. « Le lundi, les policiers ne nous ont pas ménagés. Nous avons reçu des gaz dans la cour. Les Médecins sont sortis pour protester. Mais les policiers ne les ont même pas considérés », a fait savoir un employé dudit centre.
Jean-Baptiste Essis