Le mardi dernier, des cadres du Pdci-Rda, essentiellement ceux qui ont un haut poste de responsabilité au sein du régime Ouattara, ont lancé un mouvement baptisé « Sur les traces d’Houphouët ». Objectif : militer pour le parti unifié cher à Ouattara. Autrement dit, continuer à jouir des rentes et subsides. Puisque le suzerain Ouattara a été on ne peut plus clair : son nouveau gouvernement sera une affaire familiale, avec l’ADN Rhdp. Certains au Pdci-Rda sont prêts à tous, y compris à vendre leurs âmes, pour rester au cœur du pouvoir. Seulement voilà. Henri Konan Bédié et le Pdci-Rda rendent désormais coup pour coup les provocations autour du parti unifié. Après la mise en garde de Daoukro, lorsque les ministres y sont allés pour faire « raisonner » Bédié, ce dernier les a renvoyés paitre, le président du Pdci a encore haussé le ton à travers un communiqué à l’endroit des « rebelles » qui, malgré les mises en garde, ont lancé leur mouvement. « Le Président du Parti en appelle au sens des responsabilités de l’initiateur (ndlr Adjoumani Kobenan) de ce mouvement et ses comparses et les invite à se ressaisir pour préserver le Pdci-Rda des dérives opportunistes préjudiciables à sa cohésion, à sa stabilité et à l’unité d’action qui nous conduiront à la victoire et à la consolidation de la Démocratie en Côte d’Ivoire » a fulminé N’Zuéba. Sur cette lancée, il faut craindre des sanctions contre les « récalcitrants » aux recommandations du Bureau politique du 17 juin 2018 qui a renvoyé le débat sur le parti unifié en 2022, c’est-à-dire après la présidentielle de 2020, en attendant, selon Henri Konan Bédié, que l’alternance à lui promise par Ouattara se concrétise. Il n’est donc pas exclu que les « rebelles du Golf » soient écartés des postes électifs avec la tunique Pdci. Or, le Pdci reste une moulinette à même d’accroitre les chances de celui qui a son investiture de remporter une élection. Mieux, on se demande pourquoi des personnalités de ces rangs n’arrivent pas à percevoir le caractère éphémère des maroquins ministériels. Englués dans le court terme, obnubilés par le pouvoir, ils refusent de faire leur, l’attitude Me Roger Ouégnin. Le mythique président de l’Asec a récemment fait cette révélation qui devrait amener « Adjoumani et Comparses » (les mots sont de Bédié) à réfléchir par deux fois avant de poursuivre ce suicide politique. « En 1990, quand le président Houphouët-Boigny nomme le président Alassane Ouattara, à l’époque, Premier ministre, il doit constituer son gouvernement ; c’est moi qu’il appelle en premier, pour être son ministre des sports. Diby (René Diby, ex-ministre des sports : ndlr) attendait dans l’antichambre. Si j’avais accepté, je n’aurais jamais été président. J’ai refusé d’être ministre parce que ce n’est pas mon job. Moi, je suis de profession libérale. C’est moi le président, Premier ministre, a consulté en premier, pour être son ministre des sports. Et je lui ai dit, monsieur le Premier Ministre, à l’époque, : « Laissez-moi où je suis. Voilà mes projets pour l’Asec. Et je veux faire de l’Asec un modèle. Je serai plus utile à mon pays si vous me laissez là où je suis. Je n’ai pas eu tort, nous étions en 1990. Nous sommes aujourd’hui en 2018. Je suis encore là, celui qui avait été nommé après moi (le ministre René Diby : ndlr), il n’est plus là (il n’est plus ministre des sports: ndlr)…» a rapporté le confrère en ligne Linfodrome, après la réunion de GX, le samedi 23 juin 2018, à la Nouvelle Pergola. Perdre son âme pour être ministre ou ambassadeur, c’est absolument pathétique.
Yeshua Amashua