Quinze morts et plusieurs blessés, c’est le bilan, du reste provisoire, des émeutes qui ont suivi la condamnation de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko. Poursuivi pour viol présumé, il a finalement été condamné pour « corruption de la jeunesse » à 2 ans de prison ferme et 600 000 Fcfa d’amende. Tant pis pour Sonko serait-on tenté de conclure, non sans ajouter qu’est-il allé chercher dans un salon de massage, une maison close qui ne dit pas son nom ? Un homme politique fait attention aux actes qu’il pose. Une fois qu’on finit de dire cela, on est assailli par une question sérieuse. Est-ce vraiment pour des faits de corruption de la jeunesse qu’il a été condamné ? la réponse est assurément non. Puisqu’il a été acquitté pour les faits de viol pour lesquels il était poursuivi. On peut donc déduire aisément que qua la justice n’ayant pas eu des éléments probants pour condamner le prévenu, elle s’est déménée pour trouver dans l’arsenal juridique sénégalais un texte de loi applicable en pareilles circonstances. Objectif : permettre au suzerain d’assouvir sa boulimie gargantuesque du pouvoir. Ce n’est un secret pour personne, le Président Sénégalais Macky Sall, en fin de mandat aspire à rempiler pour un troisième mandat. Ce n’est pas encore officiel. Mais ses faits et et actes trahissent chaque jour le secret mal gardé. Et comme parmi ses opposant, Ousmane Sonko apparait comme un adversaire redoutable qui mobilise la jeunesse, il faut avec un vernis légal de la justice l’écarter de la compétition électorale en 2024. La situation qui prévaut dans le pays est d’autant plus dramatique que le Sénégal fait partie du cercle fermé les pays africains où la démocratie est une réalité. Macky Sall lui-même est l’exemple patent de l’alternance démocratique au Sénégal. ce qui désole un peu plus c’est que les potentats se servent de la justice comme gourdin ( l’expression n’est pas de nous, mais bien de Pascal Affi qui se servait de ce gourdin contre ses anciens camarades du FPI, aujourd’hui PPA-CI ) pour retarder le continent noir dans quête vers standards internationaux de la démocratie et des droits de l’homme. Une belle transition pour évoquer le cas Gbagbo, en ce qui concerne sa radiation de la liste électorale. Le régime met en avant une décision de justice. Ce qui est incontestable. Mais les juges qui ont rendu ce verdict l’ont-ils fait conformément au Doit ? on est en droit de s’interroger quand on sait que dans cette affaire la BCEAO, la victime présumée ne s’est pas portée partie civile dans ce procès. Curieux non ? « A la vérité, le « procès pour braquage » et la condamnation fantaisiste à 20 ans en Côte d’Ivoire sont intervenus lorsque le régime d’Abidjan a eu la certitude que la CPI allait acquitter le prévenu Laurent Gbagbo faute de preuves à son encontre. Le gouvernement ivoirien s’est alors précipité pour organiser un simulacre de procès dont l’issue était connue d’avance : Condamner Son Excellence le Président Laurent Gbagbo en vue de l’écarter arbitrairement de la scène politique ivoirienne » révèle Hubert Oulaye lors de sa récente conférence de presse. Dès raisonnons par l’absurde. Et admettons que Laurent Gbagbo et son régime issus de l’élection de 2010 ont braqué la BCEAO. Cet argent ayant servi à payer les fonctionnaires et même les juges qui l’ont condamné, ces derniers deviennent des derniers deviennent des receleurs d’objet volé. Y compris les partisans de Ouattara reclus au golf au moments des faits. Puisque tous touchaient leurs salaires. L’imbroglio politico-judiciaire est manifeste. En voulant donc écarter Gbagbo de la présidentielle à venir, le régime sera condamné à juger tout ce monde. Ce qu’il ne fera pas évidemment. Les juges n’ont servi que de gourdin à neutraliser un redoutable adversaire. De Dakar à Abidjan, le dénominateur commun c’est l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. C’est bien dommage pour l’Afrique. « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais des institutions fortes » plaidait Barack Obama dans un discours lors d’une tournée au Ghana, en 2009. Visiblement, il a preché dans le désert. L’ivresse du pouvoir a-t-il certainement oublié est nègre. Alors qu’il est toujours au sommet de sa popularité, il ne lui est pas encore venu à l’esprit de solliciter un 3e mandat. Chose qui semble être l’apanage en Afrique. Pour ce faire les potentats locaux piétinent les textes de lois avec la complicité des magistrats, pourtant versés dans la science de droit. De deux choses l’une. Soit, ils font l’objet de pression des régimes en place, soit c’est par pure cupidité. De l’un à l’autre le seul perdant reste l’Afrique. Qui est aussi victime de la féroce guerre géostratégique qui se joue parmi les grands de ce monde. Il suffit de voir la mollesse des condamnations venues de la France et des États-Unis contre les violences policières au Sénégal pour s’en convaincre. En effet, le Sénégal est perçu par ces deux Nations comme un pays « ami ». elles fermeront toujours les yeux sur les dérives autocratiques. Cela est aussi valable pour la Côte d’Ivoire. Ainsi va le monde. Au rythme des intérêts géostratégiques. Les Ousmane Sonko, Laurent Gbagbo, et consorts sont soupçonnés de rouler pour la Russie et la Chine. Leurs malheurs, encore moins le martyr de leurs partisans n’émeuvent outre mesure.
Par Tché Bi Tché