Hier, fête de la liberté, célébrée le 30 avril en mémoire du 30 avril 1190, date de retour au multipartisme. En effet, bien qu’inscrit dans la Constitution de la première république, le multipartisme n’était pas traduit dans les faits. Et s’y hasarder pouvait vous coûter la vie. Gragbé Gnangbe Opadjere qui voulait s’appuyer sur l’article 7 de ladite constitution pour créer un parti politique a payé le prix fort. Aujourd’hui, fête de la renaissance, sa célébration se transformera en la renaissance de la Côte d’Ivoire avec Laurent Gbagbo qui lui a eu un peu plus de chance que Kragbe Gnangbe. Embastillé à la Cour pénale internationale, pour avoir osé parler de souveraineté de la Côte d’Ivoire, il a pu regagner son pays le 17 juin 2021, après avoir été acquitté des accusations infames de crimes contre l’humanité, de viol et de je ne sais encore quel chef d’accusation farfelu. Parvenu au pouvoir en 2000 après plus de 30 ans passés dans l’opposition sans que l’on lui prête une action subversive, ses pourfendeurs l’ont affublé de tous les maux de la Côte d’Ivoire. Alors même que le père supposé de l’ivoirité garde jalousement son brevet de création, l’on a mis sur le dos de Gbagbo la paternité de l’ivoirité. De même, pour renflouer les caisses de l’Etat, Alassane Ouattara, alors Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny a sorti des cuisses de Jupiter sa fameuse formule de carte de séjour, là encore, l’on a accablé Laurent Gbagbo avec une affaire de carte de séjour, destinée selon eux, à faire la chasse aux étrangers. Contre les prescriptions pertinentes de la Constitution, l’on a pressé Laurent Gbagbo à organiser une élection présidentielle, alors que les groupes rebelles étaient encore en armes. Personne n’est dupe, c’était un prétexte pour assouvir leur noir dessein : Celui de dégager Gbagbo du pouvoir, quoi qu’il en coûte. Peu importe le verdict sorti des urnes. Gbagbo doit partir, un point c’est tout. Ils savaient que les conditions de belligérance qu’eux-mêmes ont créées, devraient déboucher sur le chaos pour justifier leur acte. Ils ont donc tout mis sur son dos. Malheureusement le storytelling ne pouvait qu’être mal ficelé. Puisque le narratif ne pouvait expliquer de façon certaine le fait que parmi ces morts de la crise, on pouvait compter majoritairement les Wê, un peuple qui a fait allégeance à la politique socialiste de Laurent Gbagbo. Non Messieurs, Gbagbo ne pouvait pas être celui qui a décimé ce peuple qui partage son idéologie politique, semble avoir tranché les juges de la CPI. Une cour d’où ses adversaires ont juré qu’il ne reviendrait jamais. En dépit de la profession de foi de son frère jumeau Abou Drahamane Sangaré « C’est le 31 mars 2021, que, comme l’avait prédit Abou Drahamane Sangaré qui comparait Gbagbo «au saumon qui revient toujours chez lui, quelles que soient les difficultés rencontrées », la CPI confirme définitivement son acquittement et lève toutes ses restrictions, l’autorisant à retourner chez lui en Côte-d’Ivoire, totalement blanchi! », rappelle TAGRO Tapé Innocent, Enseignant, dans une contribution parue dans nos colonnes. Dès qu’il revient, Laurent Gbagbo, au lieu de s’engager dans une querelle de présidence du Fpi qui pouvait prendre d’autre tournures devant la justice ivoirienne, peu encline à dire le droit, et c’est un euphémisme. Laurent Gbagbo a donc porté sur les fonts baptismaux le PPA-CI dont la fête de la renaissance sera le baptême du feu. La trajectoire de son fondateur sera donc confondue dans cette fête. Si on devait en faire un livre on pourrait le titrer : Du sous-sol de l’humanité à la renaissance. Avec des chapitres comme « bombardement du palais d’Abidjan, l’Afrique noire francophone n’est jamais partie » en comparaison au livre de René Dumont « l’Afrique noire est mal partie ». Un autre chapitre pourrait concerner la CPI, où en dépit des insuffisances des preuves pour ouvrir un procès, la CPI a autorisé Fatou Bensouda à venir labourer le terrain ivoirien à la recherche de preuves complémentaires. On peut également traiter la réticence des occidentaux devant la proposition de recomptage des voix de Gbagbo pour régler la crise électorale. Chose que l’Onu a par la suite expérimentée sur d’autres terrains comme en Haïti. La crise en Côte d’Ivoire, de sa survenance, à son dénouement, comporte tellement de tiroirs secrets que les historiens ont là de la matière à tartiner. Comme tel, Laurent Gbagbo prend rendez-vous avec les Ivoiriens, que dis-je, prend rendez-vous avec l’histoire de la Côte d’ivoire ce 31 mars 2023, à la mythique place Ficgayo. En d’autres mots, la Côte d’Ivoire renait avec Laurent Gbagbo ce 31 mars 2023, à la place Ficgayo de Yopougon. Encore faut-il que les démons de la violence ne viennent pas se mêler à la fête comme le craint le porte-parole du parti de Gbagbo, selon qui les signaux que laisse entrevoir le régime Ouattara, notamment le harcèlement des militants, ainsi que l’attaque de la résidence de la Vice-présidente, Marie Odette Lorougnon, par une milice à la solde du pouvoir, les mots sont du porte-parole, sont de nature intimider les militants. Espérons seulement que la sagesse viendra éclairer les uns et les autres.
TBT