La septième édition du Festival Ahoko Kouah’in de conte de Krigambo, Ahoko Kouah’in n’gwa gwa en baoulé, aura lieu ce dernier weekend de février 2021. Ce sera un festival réduit à sa plus simple expression pour tenir compte de la menace de la maladie à coronavirus. Selon Koffi Koffi, secrétaire exécutif de l’association Point de lecture qui conduit l’événement et commissaire général du festival, « il ne faut pas faire prendre de risque au village ». C’est pourquoi la veillée de conte se tiendra en vase clos. Seuls les Krigambofwè (les habitants de Krigambo) se réuniront dans la concession de feu Ahoko Kouah’in, dont l’événement honore la mémoire, pour se partager des histoires croustillantes, ce soir du samedi 27 février 2021. La soirée pourra courir jusqu’au petit matin du dimanche 28, si les diseurs de contes tiennent. Cette année donc, quid de la cérémonie solennelle d’ouverture officielle sur la place du village avec les élèves des lycées et collèges de Bouaflé chaque année invités pour la veillée et pour le café littéraire in situ avec un écrivain, quid des cafés littéraires dans les établissements de la ville en prélude au festival, quid des conteurs extérieurs venant d’Abidjan ou des autres contrées du pays. Il n’y aura pas non plus d’invités du monde de la culture ou de la presse venant d’Abidjan, sauf Alexis Djisso, conteur émérite du défunt Mensonge d’un soir, émission de conte de la RTI. L’homme, considéré comme l’ambassadeur du festival depuis sa deuxième édition en 2015 et dit Le notable de Krigambo, sera le seul conteur extérieur. Cette année donc, covid oblige, Ahoko Kouah’in n’gwa gwa sera une veillée à huis clos, où les Krigambo Bamou (fils de Krigambo) diront des contes du cru et devront rappeler à la vie les histoires qui sont en train de s’enfoncer dans le fin fond de leurs mémoires, dans l’oubli. Chaque villageois sera mis à contribution comme autrefois, en l’absence de conteurs de renom venant de l’extérieur. Ce sera une autre expérience, selon le commissaire général Koffi Koffi, pour savoir si des enfants ont pu tirer quelque chose de six ans de festival sur leur sol et si les krigambofwè ont pu effectivement réveiller une belle tradition en voie de disparition. Pour Docteur Yobouet Alexis, président du comité d’organisation, la tâche sera moins rude cette année, et ce sera un répit en attendant 2022. Pour 2021 donc, Krigambo ne connaitra donc pas l’effervescence populaire des éditions passées avec les foules colorées et les visages nouveaux ; le petit village de la nouvelle sous-préfecture de Kpakpabo, dans le département de Bouaflé, se recroquevillera sur lui-même pour passer ce mauvais cap du covid, en espérant des jours meilleurs les années à venir. Le Festival Ahoko Kouah’in de conte de Krigambo est un espace de promotion du conte oral traditionnel en voie de disparition avec la mort de ses derniers dépositaires. Chaque année depuis 2014, ce festival réunit en mi-février des conteurs venus de divers horizons de la Côte d’Ivoire pour dire, chacun dans sa langue maternelle, les contes qu’il connaît.
Correspondance particulière de Koffi Koffi