F.CFA et colonisation monétaire de l’Afrique : La sénatrice communiste française Christine Prunaud rejoint le front
Les activistes et panafricanistes engagés dans une lutte épique contre la perpétuation de la colonisation économique de l’Afrique par le truchement de la monnaie coloniale, le Franc CFA, viennent de voir leurs rangs s’enrichir, avec la personne d’une parlementaire française, en la personne de la Sénatrice communiste des Côtes d’Armor et conseillère municipale de la commune de Lamballe, Christine Prunaud, membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense. A travers une question écrite adressée au ministre de l’économie et des finances français sur « le devenir du franc CFA », l’honorable représentante du peuple qui a certainement le souci de voir les relations franco-africaines débarrassées du sempiternel litige historique d’une colonisation marquée par l’injustice, souscrit par les termes-mêmes de son action parlementaire, aux mobilisations tous azimuts autour de l’enjeu que constitue l’abandon de la monnaie d’aliénation économique des pays d’Afrique francophone dénommée Franc CFA. Même si Madame Prunaud n’adopte pas une position aussi tranchée que celle des Panafricanistes et des altermondialistes déterminés à en finir une fois pour toutes avec le FCFA qui rend tributaire des humeurs et caprices de la France le développement économique, voire le développement tout court des pays d’Afrique -où cette monnaie a cours- sa prise de position est une preuve supplémentaire de l’impératif d’ouvrir un débat « impliquant tous les acteurs concernés pour trouver une solution en matière monétaire contribuant à un développement mutuellement avantageux pour l’Afrique, l’Europe et les citoyens de ces pays, et ainsi tendre vers de nouveaux équilibres internationaux plus justes. ».
Tout le contraire des officiels français et africains qui donnent l’impression qu’un débat sur le Franc CFA est sans objet. A l’instar du président Emmanuel Macron qui a déclaré récemment au Burkina Faso que « le franc CFA est un non-sujet pour la France ».
Voici l’intégralité de la question écrite de madame Prunaud adressée au gouvernement français le 20 février –et publiée dans le Journal Officiel de la Chambre haute du parlement français le 22 février2018).
Devenir du Franc CFA –
Par Christine Prunaud / 20 février 2018 Mme Christine Prunaud attire l’attention de M. le ministre de l’économie et des finances sur le devenir du franc CFA. «Lors de son déplacement au Burkina Faso, le 28 novembre dernier, le président de la République a indiqué que « le franc CFA est un non-sujet pour la France ». Pourtant cette monnaie, appelée à l’origine « franc des colonies françaises d’Afrique », fut imposée aux pays africains dans le cadre de la sortie de la colonisation française. Si ces pays se sont libérés de la tutelle coloniale, leur autonomie et indépendance financière ne sont toujours pas assurées, compte-tenu des spécificités du franc CFA. En effet, le fonctionnement et l’organisation de cette monnaie permet l’accumulation des richesses hors du continent africain. La stabilité du franc CFA, puisque lié à l’euro, la garantie de convertibilité entre ces deux monnaies et enfin la liberté de circulation des capitaux entre les deux zones permettent de détourner légalement les ressources africaines. Ce mécanisme contraint les pays africains chaque année, à accumuler davantage de capital puisque celui-ci leur échappe. Il constitue également une véritable réserve de trésorerie pour notre pays au détriment des pays africains et de près de 150 millions de personnes habitant dans le secteur du CFA. Par ailleurs la banque de France détient une partie des avoirs. Elle autorise des avances à hauteur de 20 % maximum des recettes du pays sur l’exercice en cours. Les pays concernés doivent donc emprunter le reste à des bailleurs de fonds comme l’agence française de développement. La banque de France dispose ainsi d’un « droit de regard » sur les activités financières des 14 pays de la zone franc CFA. Un nombre grandissant de ressortissants et même de chefs d’État des différents pays africains concernés manifestent leur souhait de remédier à cette situation issue d’une époque révolue. C’est pourquoi, elle lui demande les mesures envisagées dans ce sens.» |
Une contribution de Natondi K. et Ndam Njoya Nzoméné