La Commission Electorale Indépendante (CEI) a entrepris la collecte des données des requérants dans le cadre de la Révision de la Liste Electorale (RLE) du 18 au 24 Juin 2018. Cette opération, comme stipulée par la loi , doit être effectuée chaque année et permettre aux nouveaux majeurs, aux anciens majeurs non encore inscrits sur la liste pour une raison ou une autre, ainsi qu’aux citoyens dont certaines données ont changé (lieu de vote, changement de nom etc…) de s’inscrire ou de mettre à jour leurs informations. Cette année, tous les lieux de vote, soit 10580 répartis sur tout le territoire national ont été retenus comme centres d’enrôlement ou de collecte par le CEI. Le WANEP-Côte d’Ivoire, fidèle à sa mission de promotion de la paix, a obtenu de la CEI, une accréditation pour l’observation de cette opération. Ainsi, 33 observateurs dont 32 Moniteurs du Système National d’Alerte Précoce (CI-NEWS) ont été déployés dans les 31 régions et les 2 districts autonomes du pays pour faire l’observation de cette phase importante de la RLE. .Cependant, ce rapport rend compte des informations collectées dans 18 régions et les deux districts autonomes de la Côte d’Ivoire. Il couvre la période du 18 au 24 Juin 2018.
- METHODOLOGIE
L’observation a été réalisée par nos moniteurs d’alerte précoce dans les localités suivantes: Bangolo (Région du Guémon), Bondoukou (Gontougo), Dabou (Grands ponts), Gagnoa (Goh), Katiola (Hambol), Ferké (Tchologo), Korhogo (Poro), Odienné (Kabadougou), Bongouanou (Moronou), Aboisso (Sud Comoé), Bouaké (Gbeke), Daoukro (Iffou), Divo(Loh Djiboua), Agboville (Agneby Tiassa), Minignan (Folon), Abengourou (Indénié Djuablin), Adzopé (La Mé), San Pedro (San Pedro), Yamoussoukro (District autonome de Yamoussoukro), Abidjan (District autonome d’Abidjan). A Abidjan, ce sont les communes d’Abobo, d’Adjamé et de Cocody qui ont reçu la visite de six observateurs déployés dans le district autonome et coordonnés par le Responsable du Programme d’Alerte précoce et de prévention des conflits de WANEPCI . Cette observation a été faite à l’aide d’une grille d’observation élaborée à cet effet. Les informations ont été collectées chaque jour pendant toute la semaine qu’à durée l’opération.
III. RESULTATS DE L’OBSERVATION
De façon générale, le processus a été faiblement observé par les structures d’observation habituelles. La mission d’observation de WANEPCI n’a pas rencontré d’observateurs internationaux sur le terrain. Au niveau national, 3 autres structures (OSCS, CNDHCI et POECI), ont été mentionnées par notre mission d’observation.
L’affluence, relativement faible, ne s’est renforcée qu’à partir du 4eme jour (Jeudi 20 juin 2018). Pour référence, sur la base de 7 centres d’enrôlement (2 à Adjamé, 1 à Cocody, 4 à Abobo), le nombre moyen de personnes enrôlées par centre sur la semaine est de 210 personnes avec une répartition de 58,9% d’hommes et 41,1% de femmes. La proportion des nouveaux majeurs dans l’ensemble des personnes enrôlées sur cette même base est de 32%. Les nouveaux majeurs enrôlés sont pour la plus grande partie des hommes (61%). Dans certaines localités, selon la mission d’observation, la population n’a pas été suffisamment informée du processus. En effet, un nombre important de personnes est venu s’enquérir des documents nécessaires pour l’enrôlement avant de venir se faire recenser. Au-delà de ces généralités, le WANEPCI a relevé des points de satisfaction mais aussi des dysfonctionnements et des points de préoccupation. Points de satisfaction • Dans l’ensemble, les centres d’enrôlement ont ouvert à l’heure. • Les centres d’enrôlement observés étaient en général accessibles aux personnes vulnérables sauf celui du Lycée Moderne Tiapani de Dabou situé sur une colline. • La répartition genre des agents chargés de l’enrôlement est un véritable motif de satisfaction pour WANEPCI. En effet, sur 35 bureaux d’enrôlement qui ont servi de base de calcul dans 9 localités à savoir (Bondoukou (2) Gagnoa(6) Katiola (3) Ferké (6), Korhogo (3), Divo (4) Minignan (3) Odienné(7), Bangolo (5), 54% sont des femmes soit 41 personnes.
- En général, les observateurs ont eu accès à tous les centres de recensement ; Quelques dysfonctionnements Le WANEP-CI a constaté :
- Les agents morpho n’ont pas toujours eu une bonne maîtrise des tablettes. Ceci a été observé notamment à Abobo au groupe scolaire Dia Kouakou, le premier jour et à Gagnoa EPP Afridougou ;
- Le manque d’électricité dans certains centres d’enrôlement n’a pas permis aux tablettes d’être opérationnelles toute la journée notamment à Bangolo, EPV catholique ; cela a eu pour conséquence la fermeture du bureau avant 17h,
- Le dysfonctionnement de la tablette à l’EPP Yankafissa (Odienné) du 1er au 4eme jour et au GS Fendje (Abobo) ;
- Les formulaires de recensement ont été insuffisants toute la semaine à l’EPP 3 Bangolo ;
- Pas d’encrier les deux premiers jours dans la ville de Bangolo ainsi qu’au GS Aboboté Harris et au GS Fe N’Dje, le premier jour;
- Certaines salles n’ont pas été accessibles le premier jour dû au classement des élèves dans certaines écoles (GS SODECI zone Nord(Adjamé)) ;
- Une grève des sapeurs-pompiers civils n’a pas permis aux agents d’enrôlement d’accéder au centre d’enrôlement installé dans leur caserne anciennement appelé Conseil Régional du KABADOUGOU (Odienné) le premier jour. Le centre d’enrôlement a été délocalisé dans une autre cour avec l’accord de la CEI locale. En conséquence, certaines populations avaient du mal à retrouver le lieu d’enrôlement.
Points de préoccupation
- Certaines personnes se réclamant de partis politiques ont demandé à rester dans les Centres d’enrôlement pour observer le processus sans accréditation ni carte de parti politique au GS Fe N’Dje, GS Aboboté Harriste ; Collège Moderne les Unis Akeikoi (Abobo); GS Tia Kouakou (Adjamé)
- A Ferké, la population de petit Lafilé, Lalièkaha a refusé de se déplacer pour se faire enrôler dans le village voisin de Korobélékaha parce qu’elle ne dépendrait pas de ce village ;
- Insuffisance des affiches pour indiquer les lieux d’enrôlement. En effet, certains agents n’ont reçu qu’une affiche ce qui ne permettait pas toujours aux centres d’enrôlement d’être facilement identifiables par la population;
- Une affiche a été déchirée à Petit Cocody à l’EPP Blaukauss 1 par les jeunes du village ;
- Le convoyage des personnes a été constaté dans plusieurs localités, notamment les localités d’Assouba, Eboikro tous deux à Aboisso dans la Région du Sud Comoé ;
- La présence des représentants de certains partis politiques ou de présumés candidats aux municipales dans les centres d’enrôlement pour intimider ou forcer les agents de la CEI à enrôler les personnes convoyées. Tel a été le cas dans les centres d’Aboisso dans la région du Sud Comoé, à la Chambre de Commerce au plateau dans le district d’Abidjan où dans la matinée du jeudi 21 juin 2018 le garde de corps d’un présumé candidat a giflé un agent de la CEI. Il a été arrêté par les éléments de la Préfecture de Police et libéré dans l’après-midi. Dans l’ensemble, le processus s’est bien déroulé. Il est important de noter une évolution par rapport à l’année 2016 car les partis politiques se sont montrés plus actifs dans la mobilisation de leurs militants. Cependant, le rapport d’observation appelle quelques recommandations à l’endroit des différents acteurs afin d’en améliorer les résultats.
- RECOMMANDATIONS
Au Gouvernement
Faciliter l’acquisition des pièces requises (CNI, Certificat de Nationalité, attestation d’identité) à la population afin de l’encourager à s’enrôler ;
A la CEI :
- Renforcer les capacités techniques et opérationnelles des agents surtout ceux des tablettes ;
- Renforcer la communication sur la RLE avant et pendant le processus notamment par une sensibilisation à travers les radios de proximité et en langue ;
- Augmenter la sécurité dans les centres d’enrôlement;
- Mettre en place des mesures dissuasives contre les pratiques de convoyage par les présumés candidats, compte tenu du fait que cette pratique, même si elle n’est pas illégale, fausse le jeu démocratique et met en mal le processus électoral Au Ministère de l’intérieur et de la Sécurité et Ministère de la Justice
- Faciliter l’acquisition des pièces requises (CNI, Certificat de Nationalité, attestation d’identité) à la population afin de l’encourager à s’enrôler ;
- Accompagner la CEI dans le processus de l’enrôlement en renforçant la sécurisation des centres d’enrôlement.
Aux partis politiques
- S’engager dans la sensibilisation de leurs militants
- Le processus de l’enrôlement n’étant pas politique, s’abstenir d’appeler la population au boycott
- Sensibiliser leurs représentants à avoir un comportement citoyen lors des opérations électorales • Eviter d’agresser les agents de la CEI qui travaillent pour le bien-être de tous.
A la société civile :
- Jouer son rôle de contrôle citoyen dans le processus électoral
- Sensibiliser la population sur la citoyenneté et à l’esprit civique ;
- Sensibiliser en permanence la population sur la nécessité d’établir ses documents d’identité
Aux partenaires techniques et financiers
Mettre les moyens à la disposition de la société civile et à temps pour faire la sensibilisation des populations A la population :
- Adopter un comportement citoyen dans le déroulement du processus électoral
- S’abstenir de toutes formes de violence pendant le processus électoral
Fait à Abidjan le 24 Juin 2018