EDITO : Les Ivoiriens en chœur : « Nous voulons nos CNI » !

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S’il faut un exemple typique de texte « langue de bois » à enseigner aux étudiants en journalisme, on en a un, sorti de la polémique qui enfle devant le nombre chétif, 118 contre 11 000 sous le précédent pouvoir,  de centres d’enrôlement pour obtenir la carte nationale d’identité. « L’ONECI (Office national de d’Etat civil et de l’identification, ndlr)  tient à rassurer les pétitionnaires que le nombre de centres d’enrôlement sera progressivement renforcé afin de contenir efficacement le flux des demandes » assure la structure « labélisée » Kafana fils. Avant d’en mettre une autre couche : « En outre, des kits nomades seront également mis à la disposition du public pour gérer les cas de renouvellement, afin de limiter les déplacements vers les centres d’enrôlement ». De « gros mots » pour noyer le poisson. Déchiffrons ensemble le message dont le codage semble crypté pour le citoyen lambda. Que faut-il entendre par « progressivement renforcé ? » A quel rythme ? Combien un centre enrôle-t-il de pétitionnaires par jour ? Quel chiffre atteindra  le renforcement progressif ? Notre compréhension pourrait être « progressivement renforcée » avec les réponses à cette batterie d’interrogations. Et ce n’est pas tout. Sur son portail, le gouvernement annonce 11 millions d’Ivoiriens à enrôler. Avec un tel chiffre, au moyen d’une division euclidienne, en tenant compte du temps mis pour renseigner les informations sur un pétitionnaire, croit-on sincèrement que l’opération pourra tenir dans un délai raisonnable ? Qui plus est, sans être pénible pour les requérants ? Posons une question simple avec le langage de la rue abidjanaise : qu’est ce qui n’a pas marché ? Pour qu’un gouvernement dont c’est le devoir de fournir des papiers d’identité aux Ivoiriens, en soit arrivé à se moquer ainsi d’eux ? On dira sûrement qu’il y a des tensions de trésorerie. Impossible donc de déployer 11 000 équipes. C’est couteux. Et tutti quanti ! Nous leur répondrons « gouverner, c’est prévoir ». Mieux, comment en période de crise, avec des déperditions de taxes de l’Etat et autres sources de revenus confisquées par les fameux Com’zones (ex-chefs de la rébellion), pour cause de rébellion, le précédent pouvoir a-t-il pu soulager les Ivoiriens, en rapprochant les centres d’enrôlement de leurs lieux d’habitation ? Qu’est-ce qui ne pas marche pas ? Pourquoi celui dont on a vanté les mérites, un as des théories keynésiennes, celui qui, en tant que DGA du FMI, a géré les économies tiers-mondistes, n’arrive-t-il pas, avec ses « 24 carats » d’expérience, à soulager, à son tour, les Ivoiriens pour ce précieux sésame ?  « On veut nos papiers ». Les Ivoiriens sont coutumiers de ce refrain dont l’écho déchirait la savane herbeuse, dans le septentrion du pays. Car il figurait au nombre des revendications des rebelles qui ont planté le glaive dans le sein de la mère Patrie, une nuit de septembre 2002. Les Ivoiriens n’emprunteront pas cette voie. Elle est abjecte, rétrograde et surannée. Ils demandent seulement au régime Ouattara de créer les conditions idoines, qui leur permettront d’avoir leurs cartes nationales d’identité. Cela revient à mettre le nombre des centres d’enrôlement au niveau de 2009, voire plus. Puisque, trivialement, le corpus a évolué. A moins que le régime en place à Abidjan ait une autre définition de la statistique et de la démographie. Qu’à cela ne tienne ! Lorsqu’on a lancé les rotatives du mensonge, pour émouvoir le monde sur une exclusion réelle ou imaginaire, lorsqu’on a surfé sur ce « poison », avec une rare prestidigitation, pour se hisser au sommet de l’Etat,  comme c’est le cas des actuels tenants du pouvoir, grands bénéficiaires de la rébellion, vous aurez compris l’euphémisme, pour passer sous silence les terribles aveux d’un ex-chef de guerre depuis Séguéla,   lorsqu’on a hurlé avoir pris les armes pour avoir des cartes d’identité, on doit se gêner à entraver, par des calculs électoralistes aux senteurs de cynisme, d’autres citoyens, dont c’est également le droit, à en disposer. L’Ivoirien, de quelque bord politique qu’il soit, veut avoir sa carte nationale d’identité. Si le débat sur sa gratuité a fait chou blanc, il sait l’importance de ce document administratif. Il se pliera en quatre, se privera de certains plaisirs mondains pour s’en procurer. C’est le rôle d’un Etat responsable de l’y aider. Dans le cas contraire, cet Etat érigera l’irresponsabilité en mode de gouvernance. Et c’est bien dommage !

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