EDITO : Le microcosme politique ivoirien à l’épreuve de la démocratie

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Le congrès du PDCI-RDA, le plus vieux parti politique en Côte d’Ivoire a été suspendu ce samedi 16 décembre sur une décision de justice intervenue le vendredi 15 décembre. Le fait cocasse est que jusqu’au vendredi, veille dudit congrès, la liste des candidats n’avait toujours pas été rendue publique. Une situation qui en rajoute à la suspicion de manipulation dont la direction intérimaire conduite par Cowppli Boni est soupçonnée de faire preuve. Bien avant, c’est Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif sortant et candidat à l’élection de la présidence du PDCI-RDA qui a vu sa candidature rejetée sous la fallacieux prétexte d’être sous contrôle judiciaire, là où Laurent Gbagbo ou bien Charles Blé Goudé et bien d’autres acteurs politiques dans la même situation dirigent des partis politiques. Deux cadres du vieux parti, en l’occurrence Jean Louis Billon et Thierry Tanoh ont dans une déclaration conjointe dénoncé la duplicité de la direction intérimaire.  Les deux autres plus grandes formations politiques, à savoir le RHDP et le PPA-CI ne sont pas épargnées par ces micmacs dans l’organisation des élections pour désigner le responsable de leurs jeunesses. Alors que les textes du Rhdp prévoient deux tours pour désigner le président de la jeunesse, la direction du parti n’a pas hésité à interrompre le processus électoral pour désigner Koné Mamadou président des jeunes aux dépens de Phillipe Kragbé arrivé en 2e position à 5 longueurs de son challenger déclaré élu dès le premier tour. Au PPA-CI Josué Djatchi dénonce dans une vidéo en ligne le retrait de sa candidature alors qu’il a régulièrement déposé son dossier. Que s’est-il passé ? on n’en sait pas grand-chose pour l’instant. In fine ladite élection de la ligue des jeunes n’a pu se tenir, officiellement suspendu par le président du parti qui évoque des menaces de troubles à l’ordre public. Mais des informations piochées aux bonnes sources indiquent que le candidat pressenti pour rafler la mise ne serait pas adoubé par la direction. Vrai ou faux ? Une chose est cependant sûre c’est que d’un parti à un autre, le déficit de démocratie est criant. Alors que tous ces partis inscrivent en lettre d’or la pratique démocratique dans leurs statuts et règlements intérieurs. Mais dans les faits on est loin du compte.   La situation est d’autant plus inquiétante que les partis politiques sont financés sur fonds publics, c’est-à-dire l’argent des contribuables. Parce qu’on a fait croire aux Ivoiriens que les partis politiques participent à l’enracinement de la démocratie, à enrichir le débat sur le développement du pays.  Un pays peut-il se développer sans le respect des libertés individuelles ? assurément pas. Il a suffi que Tidjane Thiam déclare ce qui suit : « Chaque fois qu’on me présente comme un économiste, je dis non je suis un ingénieur. Je fais des choses concrètes. Je projette des choses concrètes, pragmatiques… Ce qui m’intéresse ce sont les dispositions qui marchent, pas les solutions qu’on ne voit pas là ». Ce sont les propos de Thiam, candidat à l’élection à la présidence du PDCI-RDA qui ont provoqué chez les partisans de Ouattara une forte poussée d’urticaire. Profitant d’un rassemblement des jeunes de leur parti, ils se sont laissé aller à une avalanche de critiques contre l’ex-cadre du crédit suisse. « J’ai entendu hier dire, pendant que vous étiez en train d’élire le nouveau président de la jeunesse de notre parti, un d’entre eux prétend qu’en tant qu’ingénieur, et non économiste, il préférerait les dispositions qui marchent et non les solutions qu’on ne voit pas. Quand on est ingénieur, on est rationnel, on est objectif. Et cela demande nécessairement de l’honnêteté et de la bonne foi » dégaine Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. Avant que Touré Mamadou, ministre en charge de jeunesse ne mette une autre couche : « Les gens sautent, sautent depuis des mois, on les observe parce que pour le moment, c’est en interne. On attend que tout soit clair dans une semaine et à ce moment-là, dans un jeu démocratique, le RHDP saura qui est son adversaire à la tête de chaque parti politique. Dès lors, chacun sera traité comme il se doit. Les gens parlent d’ingénieur, d’économiste. Mais en réalité, ils sont complexés devant le président Ouattara. En 1990, le président Houphouët-Boigny n’a pas eu recours à un ingénieur, il a eu recours à un économiste. Les tout sauf Ouattara sont encore là. Ils croient avoir trouvé l’oiseau rare en contradiction avec eux-mêmes. On croit avoir trouvé un homme qui puisse faire partir le président Ouattara, mais on est là, le président Ouattara est là ». Et Cissé Bacongo, Secrétaire exécutit du RHDP, ci-devant conseiller Ouattara, de donner un tour de vis ivoiritaire : « Tidjane Thiam est un ancien sur la scène politique qui veut se faire passer pour un nouveau. Il veut jouer sur deux plans pour distraire notre jeunesse. Il s’agit d’abord du patronyme et de la religion. On fait croire que Tidjane Thiam et Alassane Ouattara, c’est la même chose, mais c’est faux. Le 16 décembre, nous savons que c’est lui qui sera choisi. On l’attend ». Au regard, de ce qui précèdent, le moins que l’on puisse dire, c’est que les partis politiques, du reste ceux qui se disent grands, ont de gros soucis avec la démocratie qui va avec la liberté d’expression. 

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