L’onde de choc de son décès continue de se propager dans toute la Côte d’Ivoire. Pour ce qu’il fut. Pour ce qu’il a fait. Henri Konan Bédié puisque c’est de lui qu’il s’agit aura laissé son pays dans une grande confusion. Député, ministre, ambassadeur, président de la République, il a assumé les plus hautes fonctions de l’Etat. A juste titre, il a reçu les hommages de la Nation. Dix (10) jours deuil national, c’est une énorme reconnaissance de le Nation. La Nation serait davantage reconnaissante si ceux qui ont les manettes de l’Etat faisaient un effort pour satisfaire les dernières volontés du Sphinx de Daoukro. Notamment ce qu’il n’a cessé de demander au chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, à savoir la libération des prisonniers des crises électorales de 2011 et de 2020, ainsi que la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale. En effet, depuis sa retraite de Daoukro, Henri Konan Bédié a évoqué publiquement ces questions. Donner une suite favorable à ces requêtes rendrait fier le défunt de là où il se trouve. Comme nous pouvons le constater la Côte d’Ivoire politique et l’Afrique de l’Ouest sont à la croisée des chemins. L’expérience politique de Bédié aurait servi un tant soit peu à trouver des solutions. Certes son cadet n’est pas toujours allé dans le sens de ses conseils. Toujours est-il qu’à force d’insister on finit parfois à ramollir l’ardeur la plus belliciste. C’est en ce sens que nous disons que Bédié est parti trop tôt. Non pas relativement à son âge. A 89 ans bien sonnés, on aura vécu comme Bédié l’a fait. Mais au moment où la Côte d’Ivoire et l’Afrique sont dans la tourmente politique, partir sans avoir pesé de tout son poids, c’est en quelque sorte partir trop vite. Nous avons déjà rappelé dans ces colonnes ce que le président Bédié était. C’est un nationaliste qui aime profondément ce pays. Ses réalisations plaident en sa faveur. Mais surtout son refus de faire intervenir la puissante gendarmerie, alors que son pouvoir vacillait. Pour, a-t-il justifié, ne pas verser le sang. Il s’est sacrifié pour que la Nation existe. C’est l’œuvre d’un patriote. Il en a payé le prix fort lors de la chute de son régime. En effet, la France qui avait un accord de défense avec la Côte d’Ivoire a refusé de faire intervenir ses forces en faveur de Bédié parce que l’ex-puissance tutélaire reprochait au bouddha de Daoukro d’avoir ouvert le pays aux Chinois par la construction du Palais de la Culture de Treichville. Et bien d’autres décisions perçues comme un manque de loyauté pour les intérêts stratégiques de la France. Pour ça la France ne s’est pas montrée chaude pour secourir Bédié et restaurer son pouvoir. Toute chose qu’elle condamne énergiquement dans le dossier nigérien. C’est cela la France. Une vision de la démocratie à géométrie variable. Bref, Henri Konan Bédié a été vilipendé à cause de l’ivoirité. Concept noble que ses adversaires politiques ont galvaudé afin d’assouvir des desseins politiques. Là où Senghor est célébré pour avoir fondé des concepts analogues comme la francité ou la sénégalité, Bédié a été cloué au pilori. Comme si le rattrapage ethnique est moins corrosif. Nul n’étant infaillible, Bédié s’est surement trompé sur des choix politiques, Mais on ne dira pas de lui qu’il n’a pas aimé ce pays à cause de la manipulation à des fins de dénigrements sur l’ivoirité. Il suffit de regarder de près quelle presse a été plus féroce dans le lynchage médiatique : la presse pro-Ouattara et les médias mainstream des capitales qui ont adoubé l’ancien Premier ministre d’Houphouët. Pour tout dire par un mot, Bédié, à 89 a vécu, mais dans la tourmente politique actuelle, il est parti trop vite
Par Tché Bi
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