Depuis le 10 juillet 2022, une vive tension diplomatique secoue les relations entre la Côte d’Ivoire et son voisin du Nord, le Mali, autour d’abord de 49 soldats ivoiriens retenus et dont trois, essentiellement des femmes, ont recouvré la liberté depuis lors pour des raisons humanitaires. On se perd en conjecture devant la patate chaude dans laquelle les trois acteurs ne disent pas toute la vérité. En effet, dès le début de cette affaire, la Côte d’Ivoire a rejeté, avec force, l’accusation de mercenariat dont elle est affublée par le Mali, estimant que ses soldats sont bel et bien en mission pour le compte des Nations Unies. L’organisation, du reste ses démembrements ont donné l’impression de ne pas être informés sur cette mission. Jusqu’à l’intervention du Secrétaire général de l’ONU, sur les chaines françaises RFI/France 24. A la question directe du journaliste « est-ce que les soldats ivoiriens sont des mercenaires ? sa réponse a certes été tranchante, sans pour autant vider le contentieux. « Non les soldats ivoiriens ne sont pas des mercenaires ». Il aurait pu ajouter « ils sont en mission pour l’ONU ». Que non. Ne le faisant pas, Antonio Guterres n’a pas crevé l’abcès de cette sombre affaire. Dire qu’ils ne sont pas des mercenaires ne suffit pas à les dédouaner. Si tant est que les soldats ivoiriens sont en mission pour l’ONU, pourquoi diantre, la Côte d’Ivoire est seule à se défendre face au Mali. Une junte malienne qui a fini pas fragiliser son propre narratif, en réclamant aux autorités ivoiriennes l’extradition de réfugiés maliens contre la libération des soldats ivoiriens. Quelle est cette histoire d’échanges de prisonniers, que dis-je, d’échange de dangereux mercenaires contre des civils qui ont fui la furia de la junte ? Ou bien les soldats ivoiriens sont des mercenaires et ils se voient appliquer la loi malienne dans toute sa rigueur. Ou bien les soldats sont victimes d’une mauvaise organisation par leur hiérarchie de la mission onusienne. Une fois qu’on finit de planter le décor, on fait quoi maintenant. On rappelle aux différents acteurs qu’ils manient de la dynamite de part et d’autre de la frontière septentrionale des deux pays. C’est un secret mal gardé la Côte d’Ivoire et le Mali partage des relations anciennes. L’imbrication des deux pays économiquement, socialement et politiquement devraient conduire leurs dirigeants à mettre la pédale douce. Le chef de la junte Assimi Goita qui détient la clé de la crise devrait se faire violence pour libérer les soldats ivoiriens au risque de voir la situation lui échapper. Sa mission héroïque d’arracher son pays des griffes acérées du colonialisme est trop noble pour la parasiter avec une broutille, du pain bénit pour la Françafrique qui lui mettra les bâtons dans les roues, en alimentant le péril djihadiste auquel il fait là aussi héroïquement face.
Tché Bi Tché
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