D’un Conseil constitutionnel à un autre

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Les lampions se sont éteints sur  la réforme des retraites avec la décision du Conseil constitutionnel français. La classe politique et des membres de la société civile française réclament à l’unisson que la décision des sages soit acceptée. Certes une partie de la Gauche et les centrales syndicales ne sont pas de cet avis. Mais il est peu probable qu’il y ait un revirement à 180 degrés dans la réforme des retraites en France. On peut donc le dire, juridiquement et politiquement, les choses semblent pliées en faveur d’Emmanuel Macron. Même si le président français laisse des plumes dans cette affaire : en effet sa cote de popularité est aujourd’hui au plus bas. Plus grave dans cette fracture sociale il sera très difficile pour le régime Macron de trouver des majorités pour voter ses futures réformes et lois. Puisqu’il n’a pas la majorité à l’assemblée nationale. Là n’est pas l’objet de ces lignes, même si personnellement, on peut dire qu’un dictateur est né en France. Cela est d’autant plus vrai qu’en Géorgie et en Israël, des contestations similaires ont eu lieu, et là les dirigeants de ces pays ont pris en compte la colère de la rue en reculant sur les reformes. Ce qui n’a pas été le cas en France où Macron est resté droit dans ses bottes. Ç’aurait été en Afrique, voire sous les tropiques, le quai d’Orsay aurait produit un communiqué pour parler de manque de démocratie. Et aurait vite classé le chef de l’Etat concerné de dérives dictatoriales. Bref, revenons à notre mouton. Le fait est que la décision du conseil constitutionnel français a été qualifié par la première ministre française de l’aboutissement du processus démocratique. Qu’à cela ne tienne. Il n’est pas venu à l’esprit de quelqu’un là-bas d’affirmer que Laurent Fabius, président du Conseil constitionnel nommé par François Hollande dont il était le ministre des Affaires étrangères aurait pu plaider la cause de ses amis de Gauche qui rejettent majoritairement la réforme de Macron. On n’a pas entendu une once de ce débat, du reste nauséeux. Curieusement, lorsqu’il s’agit des tropiques, les occidentaux se laissent aller à des commentaires à la limite du mépris. Paul Yao N’Dré, l’ami de Gbagbo ; voilà le refrain que l’on a entendu en pleine crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Comme si le droit est affaire d’amitié ou de voir de reconnaissance. Si tel est le cas, pourquoi, Laurent Fabius n’a-t-il pas retoqué complètement la réforme des retraites de Macron que la majorité de son camp d’origine reprouve massivement. Cela montre au moins deux choses. La première, c’est que l’idéologie politique est une vue de l’esprit en France. Seule compte l’intérêt de la Nation française. Dès que ces intérêts sont en jeu, l’idéologie s’efface.  L’autre chose, c’est que le procès fait à Yao N’Dré est un faux procès. Car l’homme fait partie des meilleurs juristes ivoiriens. Ce n’est donc pas sa science qui était en jeu dans sa décision de déclarer Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle de 2010.  Ce sont plutôt les éléments de droit dont il disposait qui ont fondé cette décision. Mais comme ils le disent en fac de droit, il y a la loi et il y a l’environnement dans lequel la loi doit s’appliquer. Il faut parfois en tenir compte. C’est le sens de son revirement déclarant ouattara président élu, piétinant ainsi le caractère sacré de la chose jugée. Ce qu’il convient ici de noter, c’est que les occidentaux qui s’autoproclament, le nombril de la démocratie, prennent souvent le malin plaisir de tourner en dérision les décisions des institutions sous les tropiques, par pur mépris. Barack Obama ne disait-il pas au ghana, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes. Au fond, on est obligé de partager son point de vue. Mais à y voir de près, c’est toujours ce penchant occidental à ne voir que les hommes forts, et des institutions faibles. Le peu de confiance aux hommes qui dirigent ces institutions est révulsant. Francis Vangah Wodié, le père du « devoir d’ingratitude », n’a-t-il pas à trois reprises, annulé, en 2011, l’élection des députés à Facobly, où le candidat du parti au pouvoir voulait  par des méthodes peu orthodoxes spolier Evariste Tié Méambly de sa victoire ?  Il faut avoir une indépendance d’esprit et connaitre sa science pour le faire.  La confiance pleine et entière de l’occident dans institutions devrait être le même regard chez nous, en se disant que les mauvaises herbes poussent partout. Donc des personnes de peu de coffre éthique peuvent exister aussi bien en Afrique qu’ailleurs. Je concède qu’on en trouve beaucoup plus en Afrique. Lorsque Francis Wodié s’est rendu compte que sa science entrait en conflit avec les intérêts de celui qui l’a nommé, il a préféré démissionner.

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