Des prévisions de croissance modestes pour les économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans un contexte d’incertitude croissante
Malgré un faible PIB en 2024, l’accélération des réformes pourrait favoriser une croissance inclusive
WASHINGTON, USA 18 Octobre 2024-/African Media Agency (AMA)/– La croissance reste morose dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), en raison des incertitudes exacerbées par le conflit régional, indique la Banque mondiale dans son dernier Rapport semestriel sur la situation économique dans la région MENA, intitulé « Croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord » (a).
Le rapport prévoit une croissance modeste du produit intérieur brut (PIB) de la région, avec une augmentation en termes réels prévue à 2,2 % en 2024, contre 1,8 % en 2023. Cette légère hausse est principalement due aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), où la croissance devrait passer de 0,5 % en 2023 à 1,9 % en 2024. En revanche, dans le reste de la région MENA, un ralentissement est attendu. La croissance des pays importateurs de pétrole devrait passer de 3,2 % en 2023 à 2,1 % en 2024, tandis que celle des pays exportateurs de pétrole hors CCG devrait reculer de 3,2 % à 2,7 %.
Le rapport utilise une mesure innovante – l’écart des prévisions parmi les prévisionnistes du secteur privé – pour évaluer les niveaux d’incertitude. Selon cette mesure, l’incertitude économique dans la région MENA est actuellement deux fois supérieure à la moyenne des autres marchés émergents et économies en développement du monde.
Le conflit en cours au Moyen-Orient a déjà engendré un lourd bilan humain et économique. Les Territoires palestiniens sont au bord de l’effondrement, enregistrant la plus forte contraction économique jamais enregistrée. L’économie de Gaza s’est contractée de 86 % au premier semestre 2024, tandis que la Cisjordanie fait face à une crise budgétaire et du secteur privé sans précédent. Au Liban, également affecté par le conflit, les perspectives demeurent extrêmement incertaines, dépendant de l’évolution du conflit. Par ailleurs, des pays voisins comme la Jordanie et l’Égypte subissent les répercussions d’une baisse des recettes touristiques et fiscales.
Les conflits ont une incidence durable sur les trajectoires de développement des pays. Selon le rapport, le PIB par habitant des pays de la région MENA affectés par un conflit aurait pu être en moyenne 45 % plus élevé, sept ans après le début du conflit. Cette perte équivaut aux progrès moyens réalisés par la région au cours des 35 dernières années.
« La paix et la stabilité sont des piliers essentiels au développement durable, a déclaré Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Le groupe de la Banque mondiale s’engage à maintenir ses interventions dans les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord affectées par les conflits, avec pour objectif de construire un avenir à la hauteur des aspirations de tous les habitants de la région. »
Le rapport met également en lumière les principales opportunités permettant aux pays d’accélérer rapidement la croissance inclusive en intensifiant les réformes. Parmi ces priorités figurent la nécessité de rééquilibrer le rôle des secteurs public et privé, de mieux répartir les talents sur le marché du travail, de réduire les écarts entre les sexes et de promouvoir l’innovation.
Malgré une nette amélioration des niveaux d’éducation au cours des 50 dernières années, le taux d’activité des femmes au Moyen Orient et en Afrique du Nord reste le plus faible au monde, à seulement 19 %. Combler les écarts entre les sexes en matière d’emploi pourrait entraîner une augmentation significative de 51 % du revenu par habitant dans un pays moyen de la région MENA. Pour que les économies prospèrent, les femmes doivent être incluses, indique le rapport.
« Une transformation du rôle de l’État entraînerait des gains de productivité substantiels, a déclaré Roberta Gatti, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Par exemple, la région affiche la plus forte proportion d’employés dans le secteur public au monde, notamment parmi les femmes. Malheureusement, dans la région MENA, un secteur public plus étendu ne se traduit pas forcément par une amélioration des biens et services publics. La mobilisation des talents vers le secteur privé permettrait de mieux allouer les ressources, avec des gains de productivité globaux pouvant atteindre 45 %. »
La région MENA peut également stimuler sa croissance en tirant parti des avancées mondiales en matière de savoir et de technologie. L’intensification des échanges internationaux, appuyée par la position géographique stratégique de la région, peut accélérer ce processus d’innovation et de transferts des connaissances. Un autre levier clé réside dans l’amélioration de la qualité et de la transparence des données, actuellement à la traîne par rapport aux normes internationales, pour faciliter la diffusion des idées.
Accéder au rapport [ici].
Distribué par African Media Agency (AMA) pour la Banque Mondiale.
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