En tournée en Afrique en 2009, précisément au Ghana, l’ancien président américain, Barack Obama déclarait : « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais des institutions fortes ». Tout porte à croire que sa cible ici, ce sont des potentats locaux qui ne laissent pas les institutions de leurs pays vivre la démocratie de l’intérieur. L’exemple typique sous nos yeux ce sont deux faits majeurs de l’actualité politique ivoirienne. D’abord, le courrier du ministre de l’intérieur enjoignant la CEI de tenir compte du découpage électoral de 2018, alors que l’institution en charge des élections avait communiqué la prise en compte du découpage de 2010. L’autre fait, c’est dans le contentieux entre la CEI et l’ancien président de la République Laurent Gbagbo. Contentieux dans lequel le parti de Gbagbo a ouvertement accusé M. Sourou Koné, représentant d’Alassane Ouattara à la CEI d’voir rejeté le recours sans un débat à la commission centrale. Si Sourou Koné fait la pluie et le beau temps à la CEI, ce n’est pas seulement parce qu’il représente le suzerain, c’est aussi parce qu’on le laisse faire. Car, comme le dit le diction « le mal persiste là où les hommes bons ne font rien ». Nos institutions gagneraient en virilité si elles ont à leur tête des hommes forts, c’est-à-dire des hommes qui, en dépit du devoir de reconnaissance vis -à-vis de leur bienfaiteur, ont le coffre de dire aux mandants qu’on peut servir leurs causes, tout en préservant la crédibilité de l’institution. Un exemple existe en la matière. Francis Wodié qui vient de tirer sa révérence, l’a fait pour le temps qu’il a passé à la tête du Conseil constitutionnel. En effet, lors des législatives de 2011, le candidat du parti de Ouattara opposé à Evariste Méambly, à Facobly a usé de toutes les violences pour se faire élire député de la circonscription. A deux reprises, Wodié n’a pas tremblé. Il a invalidé les élections dans cette localité. Finalement, le meilleur, Méambly, l’a emporté. Plus tard, Alassane Ouattara a envoyé un courrier au Conseil Constitutionnel pour avoir son avis sur la modification constitutionnelle. Là aussi, Wodié n’a pas tremblé. Il a montré la voie référendaire au chef de l’Etat qui se faisait des soucis sur son éligibilité en 2015. Mis en minorité sur la question au terme d’une procédure aux allures de putsch piloté par un irréductible de Ouattara, Hyacinthe Sarassoro, il a préféré l’honneur sa science aux avantages certains. Pour rester conforme à sa philosophie d’homme crédible qui veut conférer une âme à l’institution, le double agrégé a préféré rendre le tablier. En laissant faire à la CEI, d’abord le ministre de l’intérieur, ensuite Sourou Koné sur le dossier Gbagbo, Coulibaly Kuibiert dont on ne saurait douter de sa maitrise du droit, à cause de sa riche expérience, a donné de la CEI une institution faible. Lors d’une intervention à un séminaire, organisé par le ministère en relation avec les institutions à Grand-Bassam et dont nous étions l’un des participants, il demandait aux Ivoiriens de le juger sur ses actes. Là c’est raté. Le processus est encore long. On ose croire qu’il arrachera son indépendance véritable aux politiques pour donner de la CEI, une institution forte qui peut garantir des élections transparentes, crédibles et apaisées. La paix sociale est à ce prix. Si nous sommes d’avis avec Barack Obama que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais des institutions fortes, nous sommes également d’avis avec l’autre qui dit que « ce sont les hommes forts qui font des institutions fortes ».
Au demeurant, l’Afrique a besoin de cadre courageux pour tenir tête à ceux des gouvernants qui croient qu’une fois nommés, les cadres doivent s’aplatir devant eux pour assouvir leur appétit gargantuesque du pouvoir.
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