Ils étaient en première ligne pour son ascension au pouvoir. Au prix de plusieurs contorsions. Philip Carter III, l’ex-ambassadeur de l’Oncle Sam en Côte d’Ivoire, au pic de la crise post-électorale, n’intimait-il pas l’ordre aux agents onusiens de forcer les barrages des Jeunes Patriotes ? Peu importe si des vies humaines pouvaient en pâtir. Vous l’avez si bien deviné, il s’agit des Etats Unis d’Amérique. L’une des puissances impérialistes, avec la France, qui ont porté Ouattara au pouvoir. Ainsi s’ouvrait l’armature « alassanienne ». Neuf ans d’exercice de pouvoir durant lesquels la démocratie a été malmenée, les droits humains massivement violés, les libertés individuelles et collectives piétinées. En somme, neuf ans de larmes et soupirs. Dans un silence assourdissant de ceux qui l’ont adoubé dans sa croisade anti-Gbagbo. On l’aura compris, il est d’usage en diplomatie qu’on ne se fait jamais hara-kiri. Lentement, mais surement, le pouvoir Ouattara a amorcé son « autodestruction ». Par sa politique anti-sociale. Un bon nombre de ses supporters ont vu leurs commerces réduits en gravats au nom d’un embellissement de la cité. L’espoir placé en lui, s’est vite transformé en cauchemars. Ses opposants ont bu le calice jusqu’à la lie. Jusqu’au jour où un éclair de sagesse est venu illuminer le ciel éburnéen. Le 6 Août 2018, quelques 800 prisonniers politiques sortaient de prison. La plus emblématique reste Simone Gbagbo. A la surprise générale, ceux qui l’ont fait roi ont été pris pour cible. D’abord Henri Konan Bédié du Pdci-Rda dont les voix en 2011 et 2015 ont permis à Ouattara de se hisser au sommet de l’Etat. Puis, Guillaume Soro, le président démissionnaire de l’Assemblée nationale, dernier avatar d’une longue liste d’ingratitude politique. De l’un à l’autre, le choc des ambitions les ont placés dans l’œil du cyclone. Dont l’épicentre a été localisé à la rue Lepic où siège le parti à la case. Un troisième mandat pour le chef de la case ? Non, merci. Du reste, c’est ce qu’il dit les jours pairs. « Bédié et moi, nous devons travailler à transmettre le pouvoir aux plus jeunes » disait-il du haut d’une tribune estampillée Rhdp unifié. Mais les jours impairs, comme dans une interview à Rfi, il entretient le flou. « L’actuelle Constitution me permet de faire un troisième mandat si je le souhaite », tente-t-il un baroud d’honneur. Sauf qu’Alassane Ouattara, quoi qu’on dise, a été la marque de fabrique des Etats Unis et de la France. C’est pourquoi, froissant les galanteries diplomatiques, le Sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires politiques, David Hale, a invité clairement et fermement Alassane Ouattara à «respecter ses propres mots» en ne se présentant pas à l’élection présidentielle de 2020.«M. Ouattara a dit qu’il ne sera pas candidat. C’est quelque chose qui le condamne », a insisté le diplomate. A-t-on encore besoin d’un dessein ? Pas vraiment. Ce n’est pas n’importe quelle capitale. Ce sont les Etats Unis d’Amérique. Là-bas, dans une certaine mesure, la parole donnée est sacrée. Pour Martin Luther King, « ce n’est pas l’empattement des essuie-glaces ou la dimension du compte bancaire qui confèrent à l’homme sa dimension sociétale. Un homme ne vaut que par ce que vaut sa parole ». Piégé par sa parole, lâché par l’oncle Sam, le rêve de troisième mandat de Ouattara se brise. En mille morceaux. Clap de fin !
Tché Bi Tché
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