Contribution / Bilan du RDR- RHDP : entre promesses illusoires, fractures ethniques et impunité totale
Arrivé au pouvoir dans le sang et la douleur, au terme d’une crise postélectorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire, soutenu par les armes étrangères et porté par un discours de rupture, Alassane Ouattara incarnait alors, pour une partie des Ivoiriens, l’espoir d’une ère nouvelle : justice, démocratie, réconciliation nationale. Après des décennies de frustrations et d’instabilité, le peuple attendait un rassembleur, un homme d’État capable de tourner la page des divisions ethniques et de restaurer la confiance.
Mais une fois installé, Ouattara n’a pas gouverné comme un homme d’État. Il a gouverné comme un revanchard, déterminé à solder ses comptes personnels et politiques. Loin de panser les plaies de la nation, il les a rouvertes. Loin de rapprocher les communautés, il les a opposées. Au point que nombre d’Ivoiriens du Sud se sont sentis étrangers dans leur propre pays, réduits au silence ou contraints de feindre pour ne pas être stigmatisés.
Gouvernance et justice nationale : rattrapage ethnique et impunité
Sous le RDR, la justice n’a jamais montré le moindre signe d’indépendance. Elle est devenue sélective et partiale, protégeant les vainqueurs et écrasant les vaincus.
Rattrapage ethnique : les nominations stratégiques, dans l’administration, l’armée ou la diplomatie, ont suivi une logique clanique. Résultat : certaines communautés marginalisées, transformées en citoyens de seconde zone, condamnées à raser les murs pour exister dans un pays qui compte pourtant une cinquantaine d’ethnies.
Expropriations et fraudes sur la nationalité : des biens confisqués, des familles dépossédées, des populations stigmatisées sur la base de leur identité.
Répression des manifestations : toute contestation, même légale, a été interdite et brisée. Pendant ce temps, les tortionnaires de la rébellion continuent de trôner, impunis, au cœur de l’appareil d’État.
Justice internationale : crimes sous le regard de la France et des Nations Unies
Certains épisodes tragiques dépassent les frontières de la Côte d’Ivoire :
Hôtel Ivoire : des dizaines de civils abattus, sous le regard – et parfois avec la complicité – de l’armée française.
Destruction de l’aviation ivoirienne : un coup fatal porté à la souveraineté nationale.
Complicités internationales : la France et l’ONU portent une responsabilité directe dans la guerre et les crimes qui ont marqué l’accession de Ouattara au pouvoir.
Conclusion : l’héritage de la revanche
L’homme qui devait réconcilier la Côte d’Ivoire l’a davantage divisée. Celui qui devait bâtir une nation unie a laissé derrière lui un pays fracturé. La réconciliation reste un chantier colossal, impossible tant que les crimes humains et financiers ne seront pas jugés, tant que les expropriations et les injustices seront ignorées, tant que les bourreaux continueront de prospérer au détriment des victimes.
Le bilan du RDR-RHDP, quoiqu’il advienne – que Ouattara achève tous ses mandats ou parte demain par la rue – restera celui d’un parti qui a promis la démocratie mais a livré la revanche ; celui d’un président qui a promis la paix mais a légué la fracture. Tant que ces blessures ne seront pas reconnues et traitées, la Côte d’Ivoire restera prisonnière d’un héritage dangereux : celui d’une revanche sans fin.
Stéphane Kool
Intelligence marketing advisor