3E MANDAT , RETRAIT DE GBGAGBO DE LA liste électorale: Simone Gbagbo dit ses vérités

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Me voilà de retour après quelques soucis de santé qui m’ont pendant plus de deux mois,tenu éloignée de la vie du pays, de la vie de mon Parti, de tous les débats politiques actuels

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Je suis de retour et Je suis interpelée par deux choses :

  1. Le nom du Président Laurent GBAGBO a été rayé de la liste des électeurs
  2. le Président Alassane Ouattara dans son message à la nation du 6 août 2020, a annoncé sa propre candidature pour la prochaine élection présidentielle, revenant de la sorte sur sa parole disant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat et que sa décision est prise depuis au moins 2 ans

Les arguments utilisés pour justifier le retrait du nom de Laurent GBAGBO de la liste électorale, sont des arguments juridiques très discutables. D’ailleurs, le procès qui a conduit à cette condamnation est lui-même politique et injustifiable. Cela n’est pas honorable et cela n’est pas juste.

En 2010, M. Alassane Ouattara n’était pas éligible. Le Président Laurent GBAGBO aurait pu adopter cette posture juridique, pour s’opposer à sa candidature. Mais, pour sauver la paix et l’unité de la nation, il est passé outre et a pris une ordonnance spéciale, le rendant éligible pour la circonstance. Aujourd’hui, je voudrais appeler le Chef de l’État à prendre un décret d’amnistie pour rendre Laurent Gbagbo éligible. Que Laurent Gbagbo, se présente à l’élection présidentielle ou pas, qu’il soit éligible.

Je l’invite à lui délivrer un passeport diplomatique. Il y a droit et dans la foulée de la consolidation de la paix dans cette nation, qui a trop souffert et qui ne veut plus souffrir, qu’il libère tous les prisonniers militaires et civiles de la crise post-électorale, et qu’il facilite le retour sécurisé des milliers d’exilés. Qu’il n’est nul besoin d’attendre le 6 aout 2021, veille du prochain anniversaire de l’indépendance, pour prendre une telle décision qui s’avère nécessaire pour la consolidation de la paix actuelle

Ce 6 aout 2020, expliquant son échec à trouver au sein de sa formation politique un jeune cadre capable de se substituer à feu Amadou Gon Coulibaly, son choix initial, le Chef de l’État, M. Alassane Dramane Ouattara a, dit-il « pour des raisons de force majeure », décidé de se porter lui-même candidat à la prochaine élection présidentielle.

Il n’est pas juste que M. Alassane Ouattara, leader du RHDP, rende toute la nation comptable de son incapacité à trouver au sein de sa formation politique, une personnalité capable de porter le flambeau de son Parti, pour l’élection présidentielle.

Toute l’opposition lui demande de façon consensuelle et depuis plusieurs mois, de reculer les échéances et de s’accorder le temps de traiter les contentieux liés à ces élections. Il lui est donc encore possible de reporter ces élections, et de se donner le temps d’investiguer plus au sein du RHDP, pour trouver un candidat de substitution à feu Amadou Gon Coulibaly.

Pendant ce temps, on tiendrait des rencontres de concertation pour reformer la CEI, auditer la liste électorale, revoir le découpage électoral, réexaminer le code électoral dont les dernières modifications (augmentation de la caution à 50 millions de Francs, établissement des parrainages…) prises par ordonnance, ne sont dues qu’à la seule décision du chef de l’Etat.

Il est bon de rappeler que la candidature de M. Alassane Ouattara est anti constitutionnelle. Nous le savons tous, cette candidature viole la constitution, en son esprit, telle que formulée par les auteurs même de ce texte.

En cela, nous ne disons rien de nouveau, puisque ses très proches collaborateurs, notamment l’actuel Ministre de la Justice, M. Sansan Kambilé, son Conseiller Spécial en charge des Affaires Juridiques et Institutionnelles, M. Cissé Bacongo, de surcroît, membre du Comité des experts commis à la rédaction de la Constitution,  se fondant sur l’article 183, se sont attelés à expliquer à l’Assemblée Nationale et sur des plateaux télé, que du point de vue de la Constitution actuelle, il était impossible à M. Alassane Dramane Ouattara de briguer un 3è  mandat.

Pour mémoire, en 2019, défendant le texte de la constitution à l’Assemblée Nationale, le Ministre de la Justice, M. Sansan Kambilé s’adressait à un Député en ces termes :

« M. le Député, en fait, vous subodorez que le Président de la République entend être candidat en 2020. M. le Député, son Excellence M. le Président de la République a toujours dit qu’il ne sera pas candidat en 2020. C’est un homme de parole et je tiens à vous rappeler, je pourrai vous démontrer comment il lui sera impossible d’être candidat en 2020… »

Déjà en 2016, M. Cissé Bacongo, A l’émission POLITIK de la chaine 7info, s’était voulu rassurant sur la question du 3è mandat en déclarant ceci :

« … mais, c’est clarifié, il est dit que le président de la république est élu pour 5 ans, il est rééligible une seule fois… Le Président de la République a été élu sous l’égide d’une constitution actuellement en vigueur qui s’applique à lui. Le Comité des experts l’a dit le samedi dernier à l’hôtel Pullman, le Président de la République est le garant de la légalité constitutionnelle. La constitution actuelle lui interdit de se présenter une troisième fois. Il ne faut pas considérer que la nouvelle constitution va balayer tous les effets de l’ancienne constitution. Jamais, ce n’est pas comme ça, sinon ce serait le chaos…. ».

La même année, à l’émission LE TAKL de la chaine AFRICA24, à la question  « ….Est-ce que la constitution, dans cette nouvelle mouture donne la possibilité au président Alassane Ouattara d’avoir un troisième mandat ? », M. Cissé Bacongo a répondu sans ambages :

« Non…l’article 183 de la constitution dit que la législation en vigueur au moment de l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, reste applicable…En d’autres termes, l’article 35 de la constitution de 2000, prévoit que le mandat du président de la république était de 5 ans, renouvelable, une seule fois.. »

Donc, la candidature de M. Alassane Ouattara, n’est pas recevable. C’est ce qui doit être, et rien de plus.

Un chef de l’État ne peut pas dire et se dédire, surtout devant sa nation.

Le respect de la parole proférée et donnée, le respect des engagements pris, doivent plus que jamais, être observés en politique.

Je comprends donc la vague de mécontentement observée par les hommes, les femmes, les jeunes dans plusieurs villes du pays.

Je comprends la frustration de notre jeunesse, et de nos concitoyens.

Cependant, rien n’est encore perdu. Il nous incombe à tous, d’œuvrer à à la consolidation de la paix à nouveau fragilisée.

Levons-nous de tous les partis politiques, de toutes les obédiences confessionnelles, de toutes les régions, et bâtissons une Côte d’Ivoire forte, juste, apaisée et réconciliée.

Pour éviter que notre pays sombre dans le chaos tel que prédit en 2016 par le Ministre Cissé Bacongo, au cours de l’émission POLITIK de la chaine 7info, j’en appelle à la conscience citoyenne de tous les acteurs politiques.

C‘est encore possible de conduire notre pays vers un avenir de paix, de solutions consensuelles, dans le respect de nos lois, de nos droits et de notre dignité de patriote.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Que Dieu vous bénisse tous, et que sa fidélité soit encore célébrée.

Abidjan le 11 août 2020

Simone Ehivet Gbagbo

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