Laurent Gbagbo, président du parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI), désigné, par les siens, pour défendre les couleurs dudit parti à la présidentielle de 2025 est pour l’heure inéligible, compte tenu de ses ennuis judiciaires relativement à des décisions prises lors de la crise électorale de 2010/2011, au niveau de la BCEAO. En rapport à cette affaire de la Bceao, Laurent Gbagbo ne figure pas sur la liste électorale. En dépit de ce handicap, son parti l’a quand meme choisi pour défendre ses couleurs à l’élection présidentielle de 2025. Espérant certainement qu’Alassane Ouattara, t visité sur le tard par un éclair de realpolitik renverrait à Gbagbo l’ascenseur en pensant à son propre cas à la présidentielle de 2010. Pour être candidat, Laurent Gbagbo a dû se faire violence pour user de pirouette juridique (article 40 de la défunte Constitution) pour faire de Ouattara candidat à ladite élection. Ouattara va-t-il payer sa dette à Gbagbo ? Rien n’est moins sûr, car les signaux en provenance de la rue Lepic indiquent clairement que Ouattara n’est pas disposé à remettre Gbagbo en selle dans la compétition électorale à venir, en dépit des enseignements d’Emmanuel Sieyès qui proclame que la politique « c’est un minimum d’éthique et de bon sens ». Qu’à cela ne tienne ! Si le parti des peuples africains Côte d’Ivoire était devant le fait accompli, que ferait-il ? Nous ne nous connaissons pas des qualités de lanceurs de cauris, ni sybille, ni cassandre, nous serons prudents dans l’idée d’une hypothèse.
Le piège tendu à Gbagbo
Personne ne peut préjuger l’issue de cette affaire. Mais on imagine aisément que les partisans de Gbagbo ne voudront pas se laisser faire. Une possible réaction qui mettra à rude épreuve le souverainisme de Gbagbo. Peut-il accepter que ce pays soit à feu et sang sans remettre en cause tous les sacrifices consentis pour la paix et la quiétude des Ivoiriens ? Assurément pas. In fine, il optera pour la sagesse politique qui a émaillé toute sa carrière politique ?
Les candidats de rechange
Ce que nous savons avec certitude, c’est que le FPI, hier, le PPA-CI aujourd’hui reste une chalandise intellectuelle, un concentré de valeurs. Les candidats pour un plan B ne manqueront. Des militants avec qui nous avons échangé place un trio dans la course à la succession de Gbagbo. le nom couramment cité est celui d’Ahoua Don Mello, ministre d’équipement du gouvernement Aké N’Gbo, sa témérité a fortement plu aux militants. Aujourd’hui représentant des Brics en Afrique de l’ouest, après avoir conseillé des chefs d’Etat africains, les militants pensent que cette stature internationale lui sera d’un grand secours dans une possible fonction présidentielle. Après lui, les militants disent du bien de Koné Katinan. Lui aussi a été téméraire dans le gouvernement Aké N’Gbo. On dit de lui que c’est un garçon brillant qui a longtemps porté la parole de Laurent Gbagbo. Le dernier à fermer la liste se nomme Michel Gbagbo, qui a fait ses classes à la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Dr Poulet, son petit nom de la Fesci ne porte pas seulement un illustre nom. Sa bataille héroïque lors dernières élections municipales dans la commune de Yopougon lui a fait gagner des galons politiques. Faut-il le rappeler la galaxie Gbagbo est d’avis que son champion reste encore bon pour la gestion des affaires de ce pays. Elle en veut pour preuve sa gestion du pouvoir entre 2000 et 2002. Sa fameuse trouvaille, le budget sécurisé, soutient-elle, a remis tous les clignotants économiques au vert, alors que la panthèse kaki du général Guéi, les avaient plongés dans le rouge. En outre, on peut mettre au crédit de Gbagbo sa capacité à pardonner à ses adversaires politiques. Ne disait-il pas dans le making off de « un homme une vision », film documentaire d’Ani Tchelley, « ici qui ne m’a pas fait de mal ? » En effet, arrivé au pouvoir en 2000 dans les conditions que l’on sait, la première décision fut de rassembler les Ivoiriens, en proposant un gouvernement d’union nationale. Jamais il n’a cherché à se venger de ses adversaires. En revanche, certains de ses adversaires, « lisez notre pensée » l’attendaient au coin de la rue pour lui planter le poignard dans le dos. Alors qu’il séjournait en Italie, une horde de rebelles, des soldats ivoiriens en rupture de ban avec l’armée, appuyés de nomades guerriers ouest-africains, tentent de fomenter un coup d’Etat, attaquent tous les centres névralgiques de la ville d’Abidjan. Le coup foire à cause de l’héroïsme de jeunes soldats restés loyaux à la République. Les rebelles, qui ont bénéficié de gites et couverts du Burkina Faso de Blaise Compaoré, se réplient sur Bouaké, la deuxième ville du pays où ils forment un kyste. C’est le début de la rébellion ivoirienne. Au centre des revendications de Soro&co, la candidature de Ouattara à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. De Lomé au Togo, de Linas Marcousis (France) à Pretoria (Afrique du Sud) Laurent Gbagbo a fini par rendre Alassane Ouattara, éligible. C’est ce Gbagbo bienfaiteur que le régime Ouattara tente non pas seulement d’écarter d’ une élection présidentielle, mais surtout de salir la réputation, le traitant de vil braqueur de la Bceao. Alors que ce dernier en 10 ans d’exercice du pouvoir ne possède pas de comptes garnis dans les banques suisses ou dans les paradis fiscaux, l’enquete de la CPI pour savoir si Gbagbo pouvait prendre en charge les frais de ses avocats lors de son procès dans cette juridiction internationale fait ici foi puisque les enquêteurs qui ne figurent sur sa liste « amis » n’ont trouvé aucun radis appartenant à l’ex-prisonnier de Scheveningen.
Au demeurant, disons avec Martin Luther King que la douleur, lorsqu’elle est injuste et in justifiée, elle ne peut qu’etre rédemptrice. Et il y a des raisons réelles de croire qu’on est martyrisé. Cela suscite en nous, un état esprit et de corps. A bon entendeur, salut !
Tché Bi Tché