PROPOS LIMINAIRES DU MINISTRE SEBASTIEN DANO DJEDJE, PRESIDENT EXDCUTIF DU PPA-CI EN RÉACTION AU MESSAGE DE NOUVEL DU CHEF DE L’ÉTAT
Chers amis de la presse,
Je vous souhaite la bienvenue à ce 22ème numéro de la TRIBUNE de notre parti, la première de l’année 2024. Je voudrais, au nom du Président Laurent GBAGBO, au nom du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) et en mon nom personnel, vous présenter les vœux les meilleurs et surtout vous remercier pour le traitement attentif que vous accordez à la Tribune du PPA-CI ; et vous faites régulièrement l’expérience que les lignes ont bougé dans le bon sens depuis le premier numéro. Cet espace cadre parfaitement avec l’idée que nous nous faisons de l’exercice de la politique en démocratie. Les gouvernants gouvernent, les opposants s’opposent et la presse relaie les informations des deux camps, permettant ainsi l’instauration d’un débat démocratique constant qui profite au peuple en ce qu’il structure ses aspirations et oriente ses choix politiques.
Le PPA-CI voudrait donc vous remercier de faire votre travail, car le Président de notre parti, son Excellence le président LAURENT GBAGBO, s’est distingué aussi par son combat en faveur de la liberté de la presse et, surtout, de la dépénalisation des délits de presse.
La présente tribune se tient quelques jours seulement après la traditionnelle adresse à la nation de fin d’année de SEM Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire. Cette adresse a été principalement construite autour des axes suivants :
- La gouvernance politique, démocratique et diplomatique
- La gouvernance économique
- La gouvernance sociale
- La gouvernance environnementale
Les points saillants de ce discours appellent, de la part du Parti des Peuples Africains (PPA-CI), les observations et analyses suivantes :
Dans cette traditionnelle adresse à la veille du nouvel an, le Président Alassane Ouattara a encore égrainé une litanie de nouvelles promesses tout aussi mirobolantes que celles des années antérieures. Pourtant, les Ivoiriennes et les Ivoiriens attendaient un bilan circonstancié des promesses faites antérieurement.
Les observateurs attentifs de la vie politique ivoirienne auront vite compris qu’il s’était, à la vérité, agi d’une répétition des séances d’autocélébration des années précédentes auxquelles les Ivoiriens sont désormais habitués. La répétition de promesses d’une année sur l’autre témoigne bien des insuffisances et de l’échec de la gouvernance du Président Alassane Ouattara. Le Chef de l’État semble, assurément, croire aux vertus sclérosantes de son discours par des promesses mirobolantes face aux difficultés que vivent les Ivoiriens. Un tel constat appelle une analyse des axes majeurs de son propos. Et ce, en ce qui relève de la gouvernance politique, démocratique et diplomatique, de la gouvernance économique, de la gouvernance sociale ainsi que de la gouvernance environnementale
- DE LA GOUVERNANCE POLITIQUE, DEMOCRATIQUE ET DIPLOMATIQUE
Le Chef de l’Etat a relevé la consolidation de la paix à travers la bonne marche de la démocratie. Nous sommes curieux de savoir de quelle démocratie il parle exactement.
La démocratie fonctionne de manière inefficace et ne jouit que d’une confiance très relative de la part de la population, eu égard aux intempestives convulsions pré et post-électorales. A chaque élection, comme ce fut le cas lors des élections locales du 02 septembre 2023, le pays tout entier est pris d’angoisse. Parce que l’ombre d’une fraude électorale incomparable exacerbée par des violences de tous ordres plane sur les villes, villages et hameaux de Côte d’Ivoire de la publication de la liste électorale à la publication des résultats définitifs. En lieu et place d’un bel exercice démocratique, nous avons eu droit à un excellent exercice de fraude électorale. Dans ces conditions, le Chef de l’État ne peut valablement parler de cohésion nationale, de consolidation de la paix et de bonne marche de notre démocratie.
De plus, le chef de l’Etat a abordé la question de la modernisation de l’administration publique. Belle idée dans la forme ! Mais, le PPA-CI voudrait, dans le fond, marquer son scepticisme quant à la cohérence entre les paroles et les actes du pouvoir RHDP. En effet, les cas de fraude sur la nationalité et leur corolaire d’opacité dans la production des documents administratifs témoignent éloquemment de l’écart entre les paroles et la réalité. Au demeurant, le Chef de l’État Alassane Ouattara et ses amis ont érigé l’injustice et le clientélisme en modes de gouvernance. Et ce, en guise de reconnaissance à l’égard de militants dociles ou en représailles à l’encontre de localités insoumises ; une administration qui fonctionne donc sur la base du rattrapage ethnique.
Par ailleurs, le Chef de l’État a fait mention de la réaffirmation du leadership diplomatique de la Côte d’Ivoire. Or, il reste constant que son activisme belliciste consécutivement aux changements de régimes intervenus dans les pays de l’Afrique de l’Ouest a contribué à mettre à mal l’image de la Côte d’Ivoire auprès des peuples ouest-africains.
Face à toutes ces excroissances, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire envisage une gouvernance axée, au triple plan politique, démocratique et diplomatique, sur les points suivants :
- La promotion de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale par la libération sans conditions des prisonniers politiques civiles et militaires.
- La consolidation de l’État de droit par des processus électoraux inclusifs, ouverts et transparents et par le respect des libertés individuelles et collectives.
- La modernisation de l’administration publique par la promotion de l’égalité des chances, la transparence, la redevabilité ainsi que par une digitalisation soutenue.
- Le renforcement du leadership diplomatique de la Côte d’Ivoire par la réaffirmation du droit des Peuples Africains à l’autodétermination ainsi que par la promotion de la dignité des Africains sur la scène internationale. Toute chose censée promouvoir la solidarité entre les Peuples Africains.
À l’instar de la gouvernance politique, démocratique et diplomatique, l’adresse du Chef de l’État a révélé des insuffisances relatives à la gouvernance économique.
- DE LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE
Au titre de la gouvernance économique, le Chef de l’Etat a évoqué la confiance renouvelée des bailleurs de fonds, l’émergence de champions nationaux ainsi que la consolidation du pouvoir d’achat des Ivoriens. Nous en sommes toujours à chercher à savoir si c’est bien notre pays, la Côte d’Ivoire dont parle le Président Alassane Ouattara. Les faits qu’il convoque, à cette fin, sont très loin de la réalité.
En effet, la Côte d’Ivoire fait désormais face à un programme d’ajustement structurel, après un cycle très accéléré d’endettement astronomique qui avoisine 30 000 milliards de Francs CFA. Pourtant, la Côte d’Ivoire était, en 2011, éligible au programme Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Le coût de l’énergie vient d’être augmenté de 10%. Avec un tel niveau de surendettement qui est révélateur de la régression de la Côte d’Ivoire, au regard des acquis du PPTE, le Chef de l’État n’est pas fondé à se féliciter d’une confiance renouvelée des bailleurs de fonds. Dans un tel environnement est-il possible de parler d’émergence de « champions nationaux » ? Si tel est le cas, malgré tout, pourquoi le Chef de l’Etat s’est-il délibérément abstenu de citer nommément quelques-uns de ces « champions nationaux » ?
Il évoque, par ailleurs, la consolidation du réseau routier et la fluidification de la circulation. Sur les 82 000 kilomètres de réseau routier en Côte d’Ivoire, 9% seulement des routes sont bitumées. 18% des voies demeurent en terre rattrapée. Les autres 73 % sont à l’agonie. A chaque saison des pluies, la majorité de nos routes se révèlent impraticables. Celles qui ont été nouvellement faites se dégradent quasi systématiquement. La consolidation dont parle le Président de la République est loin de ce que vivent les Ivoiriennes et les Ivoiriens. Aussi est-il préférable de parler d’engorgement plutôt que de fluidité routière à Abidjan. Circuler au bord de la lagune Ebrié est un véritable cauchemar malgré l’inauguration de ponts et échangeurs. Les travailleurs qui habitent les banlieues telles que Bingerville et Yopougon sont obligés de se réveiller à quatre heures du matin pour être à l’heure sur leurs lieux de travail au Plateau. Les embouteillages en rajoutent à la souffrance des populations déjà éprouvées par la hausse du prix du carburant.
Convaincu de la nécessité pour la Côte d’Ivoire d’asseoir sa gouvernance économique sur des valeurs telles que l’éthique de l’endettement et le patriotisme économique, le Parti des Peuples Africains Côte d’Ivoire trouve dans les mesures suivantes des palliatifs à la mal gouvernance économique actuelle :
- La réduction du train de vie de l’État par la suppression des institutions inutilement budgétivores.
- La réduction du stock de la dette globale à un seuil supportable pour les générations actuelles et futures
- La promotion de champions nationaux par la consécration du patriotisme économique et, subséquemment, par l’apurement de la dette intérieure.
- La consolidation du pouvoir d’achat des Ivoiriens par des dispositifs de subvention des produits de première nécessité.
- Une politique d’urbanisation durable portée par le transfert effectif de la capitale à Yamoussoukro ainsi que par le développement de pôles économiques régionaux, en cohérence avec la politique de décentralisation. Toute chose qui requiert l’optimisation de l’interconnexion routière des régions et des villes de Côte d’Ivoire.
Outre la gouvernance économique, l’adresse à la nation du Chef de l’État souffre de limites en ce qui relève de la gouvernance sociale.
- DE LA GOUVERNANCE SOCIALE
Dans son discours de fin d’année 2022, le Chef de l’Etat avait annoncée qu’il ferait de l’année 2023 l’« année de la jeunesse ». Aucune modalité de mise en œuvre de cette annonce n’avait été précisée. Le 31 décembre dernier, le Chef de l’Etat a déclaré avoir décaissé 361 milliards de Francs CFA pour les jeunes et que la vie de plus d’un million de jeunes aurait été impactée par ce dispositif. Cet exposé appelle, tout naturellement, des interrogations. Pourquoi le gouvernement ivoirien n’a-t-il pas recruté les 3000 docteurs au chômage pour donner un signal fort ? En prorogeant l’échéance du programme de la jeunesse à 2025, le gouvernement, à travers des approximations, reporte sine die les propositions faites, alors, en grandes pompes. Pourtant l’heure est à l’action. Les jeunes éprouvent, en effet, des difficultés à se loger, à se soigner, à se former, à trouver un emploi et à se déplacer. La majorité de ces jeunes navigue à vue. C’est pourquoi soit elle prend la route de la Méditerranée, soit elle se livre au suicide au moyen de la drogue dénommée « Kadhafi ».
À l’évidence, les renoncements et les promesses non-tenues à l’égard de la jeunesse ivoirienne sont légion. L’année de la jeunesse décrétée par le gouvernement s’est, de toute évidence, révélée une simple opération de communication.
En ce qui concerne l’augmentation du prix du carburant et de l’électricité, le gouvernement se borne à imputer cela à la conjoncture économique internationale. Il s’agit, là, d’un réel aveu d’impuissance.
Ces insuffisances inhérentes à la gouvernance sociale appellent les mesures correctives suivantes de la part du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPACI) :
- La réduction du chômage par l’optimisation de l’adéquation formation-emploi.
- La mise en place de dispositifs de promotion de l’entreprenariat jeune sur la base des principes de l’égalité des chances et d’inclusivité.
- La mise en place de dispositifs de subvention des hydrocarbures et de l’électricité
- La promotion de la santé publique par l’instauration d’un système assurance maladie universelle et par la consolidation du plateau technique dans les hôpitaux ivoiriens
- La promotion de l’efficience énergétique de la Côte d’Ivoire par la consécration de la traçabilité et de la redevabilité dans la gouvernance du secteur extractif.
Tout comme relativement à la gouvernance sociale, l’adresse du Chef de l’État révèle des insuffisances en matière de gouvernance environnementale.
- DE LA GOUVERNANCE ENVIRONNEMENTALE
Dans son adresse, le Chef de l’Etat a évoqué la consolidation de la couverture forestière et la consécration de l’économie circulaire qui consiste à produire des biens et services de manière durable et en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Cette déclaration nous paraît d’autant plus paradoxale que la plupart des forêts classées ont été transformées en plantations de café et de cacao. A titre d’exemple, l’on peut citer le cas de l’ouest montagneux où Amadé Ouérémi et ses amis ont occupé de forêts classées aux fins d’exploitation agricole. 60% de la production cacaoyère ne vient-elle pas de ces forêts classées ? Par ailleurs, l’ambition de créer des agropoles en Côte d’Ivoire est de nature à exercer une pression sur la biodiversité et à vulnérabiliser davantage les braves paysans ivoiriens.
De plus, malgré toutes les dispositions prises dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage clandestin, l’on constate que 17 régions en constituent encore des foyers sur le territoire national. Cette révélation a été faite le mercredi 18 octobre 2023 par la Brigade de Répression des Infractions au Code Minier (BRICM). Or, l’orpaillage illégal a des conséquences désastreuses sur l’écosystème. En considération de ces faits, la gouvernance environnementale dont parle le Chef d’Etat n’est rien d’autre qu’une simpliste opération de communication. En guise de solutions à ces difficultés liées à la gouvernance environnementale, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire propose les mesures suivantes :
- La promotion du développement durable par une lutte sans complaisance contre l’orpaillage clandestin et illégal
- Le renforcement de la protection des réserves naturelles et des forêts classées par le renforcement des capacités technocratiques et logistiques des forces de défense et de sécurité, avec un accent particulier sur les Eaux et Forêts.
- La promotion de l’éco-citoyenneté aussi bien chez les pouvoirs publics, les entreprises que chez les citoyens
CONCLUSION
Le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) constate, en définitive et avec regret, que, sous le Chef de l’État Alassane Ouattara, la gouvernance peine à répondre aux attentes des Ivoiriennes et des Ivoiriens. Bien au contraire, elle consacre le recul des acquis démocratiques et a pour ultimes conséquences l’instabilité politique, la vulnérabilité économique et précarité sociale.
La Côte d’Ivoire, notre pays regorge d’inestimables richesses qui, si elles sont utilisées de façon efficiente et responsables peuvent induire notre véritable développement. L’on retient donc que le bilan qui nous a été fait le 31 décembre dernier à, certes, l’avantage de briller par l’éloquence des chiffres, mais il est très loin d’impacter directement et durablement les conditions de vie des Ivoiriennes et des Ivoiriens. À preuve, le chef de l’Etat a purement et simplement éludé les difficultés d’ordre sécuritaire auxquelles la Côte d’Ivoire se trouve confrontée, à savoir la criminalité et le terrorisme. À cela faut-il ajouter le black-out sur la question de la réconciliation nationale.
Mesdames et Messieurs de la presse,
Camarades militantes et militants
Tout en vous réitérant nos vœux de santé et de prospérité, je vous remercie de votre aimable attention.