Velléité de 3e mandat : L’opposant Anaky étrille le président Ouattara !

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En déclarant au média Jeune Afrique, (parution du 3 juin 2018), que l’ordre juridique né de la constitution du 30 Octobre  2016  lui permet de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2020, le Chef de l’Etat, le Président Alassane Ouattara, n’a fait qu’enfoncer une porte que tous les observateurs de la scène politique ivoirienne voyaient grande ouverte depuis longtemps, depuis qu’avec une grande élégance dans l’esquive, il a commencé à distiller, à petite dose, qu’il n’avait aucun engagement vis-à-vis de Bédié et du PDCI pour 2020 en regard de l’Appel de Daoukro.

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Et les derniers doutes se sont volatilisés, lors du 3e Congrès ordinaire du RDR tenu au Parc des Sports de Treichville le 9 Septembre 2017.

Lorsque, devant toutes les cameras du monde, et en grand public, il a recomposé l’équipe dirigeante du RDR dans un schéma  écartant toute idée de dauphinat ou de passage de relais pour sa succession au pouvoir d’état en 2020.

Car, croire qu’après un ou deux mandats, soit après seulement dix années de régence, le RDR que nous connaissons, qui a évolué muscles bandés et payé en sueur, en sacrifices et même en sang, pendant près de 20 ans, pouvait accepter de céder le pouvoir, à l’amiable et pour honorer un gentleman’s  agreement, à un autre parti, quelle que soit la teneur de leur partenariat, relève de la lubie sinon de la chimère.

Et aujourd’hui, nous nous rappelons tous, avec rire ou grimace, de la voix douce et insistante qui ne sollicitait qu’un seul mandat, un peu comme si c’était déjà trop !

Il  ne sert à rien de revenir sur certains grands faux pas d’anthologie de notre récente histoire ; contentons nous plutôt, avec mesure, courage et patience, d’inviter toute la Côte d’Ivoire, maintenant qu’il est acquis que le parti unifié RHDP aura pour candidat en 2020 Alassane Ouattara, à un état des lieux aussi objectif que possible, pour éviter les confusions et amalgames.

A/ L’appel de Daoukro de septembre 2014 a été magistralement exploité par le pouvoir  Ouattara  pour ankyloser toute réflexion politique digne de ce nom, en Côte d’Ivoire, depuis 4 ans.

Tous les journaux, toutes les télévisions, et tous les médias ne faisaient que servir le potage d’un parti unifié sans contour vraiment net, et surtout en bridant sur la fameuse alternance en 2020, à savoir que le RDR se devait de s’aligner comme un seul bloc derrière le candidat que le PDCI tirerait de ses rangs pour l’élection présidentielle à venir.

C’est ainsi que, au sein de l’alliance RHDP, la grande analyse  préalable  à la présidentielle de 2015, dont l’évaluation politique commençait par une juste et digne mesure du bilan de Alassane Ouattara après 5 années, fut totalement occultée et voilée par un mythique et féerique horizon 2020.  Dans ce nuage, la victoire de la coalition au pouvoir en 2020  semblait même déjà inscrite dans les étoiles, comme s’il ne devait y avoir aucune compétition démocratique !

Comment le PDCI et les autres partis du RHDP n’ont-ils pas pu voir qu’avec le verrouillage du cadre électoral au seul profit du Président Ouattara, avec sa Commission Electorale et son responsable taillés à la mesure  de sa volonté de domination et de monopolisation du pouvoir, ils n’étaient que des figurants !

Car, sans attendre, le pouvoir RDR et ses officines sont passés à la vitesse supérieure, en intimidation, corruption et ‘’cadeautage’’, pour instiller dans tous les partis d’opposition, les syndicats et les ONG non aux ordres, des dissidences paralysantes,  avec pour objectif de les plomber, et tirer vers le bas tous les efforts de leurs vrais et dignes responsables, qui ne demandaient qu’à faire leur travail, comme en toute démocratie.

Nous sommes, aujourd’hui, en Juin  2018, et le premier constat de tout observateur qui sillonne la Côte d’Ivoire est que l’audience et la popularité d’Alassane Ouattara sont au plus bas, sinon au ‘’pire bas’’ !

C’est aujourd’hui l’unique point qui rassure et remonte le moral de ceux qui aiment vraiment ce pays et y croient !

N’en citons pas les multiples raisons, et retenons seulement la pauvreté qui empire, le sentiment pour tout le peuple d’avoir confié son destin à un être indifférent à ses souffrances, implacable, et même méprisant.

Sans compter  sa haine inextinguible envers ses adversaires politiques d’hier, qui les contraint encore à l’exil par milliers ; et le scandale du nombre de prisonniers politiques (près de 200) en détention dans des conditions avilissantes, réalité qu’il ne daigne même pas admettre !

Tout ceci  amène chacun à se demander quel cœur d’acier est le sien, cœur qui bloque toute idée de réconciliation et de retour au vivre ensemble apaisé et harmonieux entre les filles et fils du pays.

Cet homme ne peut plus remporter ici une élection présidentielle dans des conditions normales et régulières. Un point, un trait ;

Et il le sait…

Mais comme, se faire élire Président en 2020 est désormais la fièvre qui couve en son intérieur d’autocrate, il mettra tout en œuvre pour y parvenir, distribuera à tour de bras la carotte et le bâton, avec en bonne réserve les bonbons des postes ministériels.

Mais son arme ultime a pour nom  RHDP, ‘’parti politique unifié’’.

B/ En 2010, si l’annonce de la victoire du candidat du RHDP à la présidentielle face à LMP / Refondation, a passé, cela est presque naturellement venu de ce que le RHDP regroupait, en son sein, deux des grands pôles socio ethniques et politiques de Côte d’Ivoire, le PDCI et le RDR. Le groupe LMP/Refondation ne reposant essentiellement que sur le troisième pole du paysage ivoirien, le FPI.

C’est ce qui explique  pourquoi Alassane Ouattara est tant obsédé par le bouclage du parti unifié RHDP regroupant : PDCI, RDR, UDPCI, ‘’MFA’’, ‘’PIT’’, RPC, en attendant d’autres.

Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, son élection comme président en 2020 se présenterait comme dans la continuité des élections de 2010 et 2015.

Pour arriver à cette fin, Alassane Ouattara a impérativement besoin de l’étendard RHDP avec le PDCI à l’intérieur et en grande et bonne place. De la même manière qu’il a mis un joug de fer sur les noms, logos et couleurs du’’ MFA’’, et du ’’ PIT’’, il fera de même pour le PDCI.

Si les millions de militants et sympathisants du PDCI qui, au quotidien, vivent les mêmes douleurs que tous les autres Ivoiriens, ont désormais en tête de contribuer  à la correction de la trajectoire du destin de ce pays qui étouffe dans les serres de Ouattara, alors, comme tous leurs compatriotes, qu’ils se lèvent d’un bloc contre un troisième mandat de Ouattara en 2020, et qu’ils le signifient  dès ce jour à tous leurs responsables !

Qu’ils exigent un Congrès Extraordinaire de leur parti, au plus tôt, pour quitter le RHDP !

Qu’ils suivent en cela le conseil généreux  et avisé de l’initié qui vient lui-même de rappeler  qu’une élection présidentielle se prépare des années à l’avance !

Et qu’ils commencent enfin à libérer leur intelligence et leur esprit de ces archétypes  d’un autre âge qui veulent faire croire que la politique est une affaire de tractations nocturnes  réservées à de tous petits cercles d’initiés, comme dans nos monarchies du lointain passé !

Nous sommes dans le siècle de la sixième révolution industrielle et des T.I.C, et tout se fait et se proclame au grand jour !

C’est de là que nait la fracture qui nourrit la révolte contestataire des nouvelles générations !

Les griots et autres voix en déclamations pro RHDP-Parti unifié ne pèseront rien, le moment venu, face à la volonté possessive de leur véritable maître !

C / L’hypothèque de la Commission Electorale Indépendance (C.E.I)

Le premier combat contre un troisième mandat d’Alassane Ouattara en 2020 est d’obtenir, sans délai, que des états généraux soient convoqués, avec tous les partis politiques et la société civile, pour réfléchir et proposer à la Côte d’Ivoire un nouveau  concept pour une organisation et des acteurs du cycle électoral qui seront le produit d’un consensus, dans le respect des fondamentaux de la démocratie.

Le PDCI doit s’engager totalement dans cette revendication légitime et démocratique, aux côtés de tous les autres partis politiques et des organisations de la société civile.

S’il croit vraiment dur comme fer que la Présidentielle de 2020 lui revient, qu’il soit même un nouveau pionnier de cette revendication élémentaire de démocratie et en fasse désormais son cheval de bataille !

C’est le préliminaire à tout, et qui passe même avant la campagne d’enrôlement et de mobilisation en cours.

Il faut désormais retrousser les manches PDCI et aller au charbon avec toutes les forces de démocratie et de progrès de Côte d’Ivoire pour corriger l’énorme bévue de n’avoir pas concrétisé la volonté affirmée de voir la CEI refondue lors du mémorable atelier du 19 Avril 2017 à Bingerville. Il aurait fallu assumer et se joindre à  l’opposition dans le refus de participer aux récentes élections sénatoriales du 24 Mars 2018, ce qui aurait fait éclater la bulle de la CEI.

D/ La mobilisation de toute la nation ivoirienne

Tout cela, ne fera que constituer la première étape, la phase préliminaire de  la lutte qui réunira tous les Ivoiriens dignes de ce nom, sans exception, celle de la mobilisation nationale contre le dépôt de candidature d’Alassane Ouattara qui, au terme de nos deux dernières constitutions, ne saurait être rééligible en 2020 après deux mandats successifs.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

Abidjan, le 5 juin 2018

 

 

Le Président du MFA

 

KOBENA I. ANAKY

 

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