Sortie de crise: Les 7 recommandations du Prof Urbain Amoa au pouvoir et à l’opposition

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L’un des acteurs politiques de la Côte d’ivoire, le Prof Urbain Amoa, celui qui au regard de l’ambiance délétère du climat politique de son pays avant la présidentielle du 31 Octobre 2020 s’est retiré de la course, n’est pas prêt de voir son pays sombrer. Aujourd’hui, c’est un politique qui prend son courage à deux mains pour adresser une lettre ouverte à la Côte d’ivoire et aux amis de la République de Côte d’ivoire. Que dit le contenu de la Lettre?

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En parcourant les lignes de la lettre du Prof Amoa, chaque acteur politique de ce pays cher à Houphouët-Boigny aura pour son compte. Amoa Urbain, candidat Indépendant déclaré pour la Paix et la Non-violence  tire la sonnette d’alarme. Dans sa lettre ouverte, l’homme qui avait demandé le report de l’élection présidentielle au profit d’une transition mais en vain, part de trois principes à la base pour formuler des recommandations de sortie de crise, partageant en deux la poire. Voici l’intégralité de la lettre ouverte.

Lettre ouverte à la Côte d’Ivoire et aux Amis de la République de Côte d’Ivoire,

Ivoiriennes et Ivoiriens,

Chers Amis de la Côte d’Ivoire,

Ecrire ou ne pas écrire en cette période où tout est sujet à interprétation  négative? Je choisis d’écrire. Dire ou ne pas dire, mais quoi dire pour ne pas être tenté de ne pas mettre en accusation ou offrir un blanc-seing en innocentant?  Dire ou plutôt tenter de dire tout autre chose en scrutant de nouveaux horizons pour cette belle nation nôtre qui aura déjà trop titubé, tangué voire chuté en une ère où, et il faut s’en convaincre, quoique j’apprécie moi aussi la noble mission des spéléologues, je pencherais  pour la logique des alpinistes sans cesse en quête d’un plus haut toujours plus beau et ce, dans l’unique dessein de cueillir le Nectar qui ensemence et enrichit ce Beau.

Ivoiriennes et Ivoiriens

Chers Amis de la Côte d’Ivoire,

Faut-il dire ou dire sans dire pour exprimer ce que je vis et ce que je ressens en ces heures d’injures quelquefois excessives et de violences ? Que de violences verbales et physiques! Que d’atrocités ! Quelle haine ! Quelle horreur !
Que la terre de Côte d’Ivoire nous les pardonne !

Deux hypothèses s’entremêlent et s’entrechoquent en mon esprit qui me privent de toute velléité de condamnation, encore que je ne dispose d’aucune qualification pour innocenter ou pour condamner une tendance que l’on appellerait « pouvoir » et une autre que l’on baptiserait » opposition ou société civile » puisqu’il ne s’agit que d’un jeu de rôles sur le même espace scénique ( la Côte d’Ivoire) et avec les mêmes comédiens (au sens noble du terme), que sont apparemment les mêmes acteurs d’une même pièce de théâtre dont le vecteur principal s’appelle  » gouvernement démocratique « . Ce profond malaise d’une société en métamorphose tant en pensée qu’en action, invite à un apaisement à l’intérieur de soi-même.  D’où une invite à faire quelques observations basiques.

Principe de base 1: tout le monde a raison: donc nous nous entretuons et nous brûlons notre pays. Dans un tel cas cela revient à dire que la logique d’un  » 3ème mandat pour décès ou par  devoir  » est aussi valable que celle qui consiste à s’inscrire pour un concours de haut niveau pour personnes humaines mais dont le jury est essentiellement composé de bêtes féroces non encore apprivoisées donc incapables de cerner la logique du discours des humains.
En ce premier principe est contenu un deuxième.

Principe de base 2: tout le monde a tort. Dans un tel cas de figure,  où l’on s’obstine à célébrer son tort donc son échec en se soumettant à une logique qui peut permettre au plus rusé ou plutôt au plus fin ou au plus fort d’avoir raison, surtout si celui-ci jouit de ce qui peut être convenu d’appeler: raison d’État. Dans une telle logique, le perdant qui se serait soumis au voyage souterrain d’un tunnel sans issue, n’aurait qu’à célébrer les larmes qui perleraient sur ses propres joues. Une des fables de La fontaine, « Les animaux malades de la peste », nous l’enseigne fort bien en ces termes : « Selon que vous serez puissant ou misérable,/

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Et puisque la Cour , ici, s’appelle « ONU dont tous nos États sont membres, et par ricochet, la Communauté internationale- un monstre invisible mais tout de même très actif et omnipotent-, la cause est donc entendue. En conséquence, un Conseil National de transition aurait eu sa raison d’être si un temps de flottement était  intervenu à partir du 31 octobre immédiatement après minuit. On aurait alors compris qu’à une irrégularité( l’annonce d’un 3ème mandat) aurait correspondu une autre (la mise en place d’un Conseil National de Transition .



Principe de base 3: le pouvoir en place triomphe et l’opposition perd pour s’être mis le doigt dans l’œil et c’est là où le bât blesse parce que la participation de l’opposition à ce qu’elle a dénoncé comme faux, n’aura que validé tacitement ce qui aura été  considéré comme faux par elle-même.

De quelle opposition concertée, à défaut d’être unifiée, et idéologiquement marquée, en réalité s’agit-il et que faire à présent? Se battre sur la base des irrégularités en partage pour assassiner un pays ou sauver ce qui peut l’être encore ? Et puisque face à  un tel dilemme l’histoire nous rappelle encore le célèbre jugement de Salomon, que ne pas s’engager dès à présent à contribuer à sauver ce qui peut l’être encore? Tel est le sens des pistes de réflexion auxquelles je me livre en souhaitant qu’il y ait très peu de réactions épidermiques et beaucoup plus de pensées et à repenser sous la forme d’un brainstorming ou d’une catharsis collective à vision constructive. Ainsi pourraient se comprendre les sept (7) recommandations ci-dessous.

Recommandation 1: accepter que le Président élu est bel et bien encore Président pour cinq ans, qu’il pourrait à mi-parcours déléguer ses compétences à un Vice-président qu’il aura choisi, de préférence, en accord avec l’opposition et des partenaires internationaux, et œuvrer d’ores et déjà pour les futurs combats de développement, et de nouveaux défis pour une Afrique non plus uniquement africaine mais plutôt une « Afrique – monde ».



Recommandation 2: mettre en place un Haut Conseil d’État composé de tous les Anciens Chefs d’État et Premiers Ministres de Côte d’Ivoire, et présidé par le Doyen des Anciens Chefs d’État, pour servir de Conseil de Sages au service de la République.

Recommandation 3: inviter  le Président élu à nommer un Vice-président issu de l’opposition (approche consensuelle) ou de la société civile.

Recommandations 4: mettre en place les institutions de la République en veillant à prendre en compte l’idée d’un équilibre socioculturel et religieux à puissance de cohésion sociale. Dans une telle logique,  il pourrait même être conseillé de créer, à l’instar de la Chambre des Rois et des Chefs traditionnels, une Chambre des Leaders religieux et des Guides spirituels.

Recommandation 5: mettre en place un gouvernement d’ouverture composé de peu de ministères et d’un nombre acceptable de Secrétariats d’État.


Recommandation 6: organiser la libération et le retour solennel des prisonniers politiques puis mettre en place un plan national de repentance et de réparations des affres des différentes crises survenues depuis 1960.

Recommandation 7: mieux affirmer partout en Côte d’Ivoire, en lançant une vaste opération d’éducation populaire à la Citoyenneté, l’autorité  de  l’État, un prélude indispensable à toute pratique soignée de la démocratie et à la préparation  des élections de 2025 et bien au-delà.



Sans doute ne suis-je pas revenu sur ce qui pourrait nous diviser mais vu les  les plaies encore béantes de ces longues dernières années de crise, je ne puis m’autoriser à remuer le couteau dans la plaie.

Puisse la présente lettre ouverte ( encore une autre du même auteur) s’offrir comme un point de départ d’un autre débat pour une Côte d’Ivoire nouvelle à concevoir, à inventer et à consolider pour les générations montantes et futures !

Puisse chacun (e) comprendre que dans la quête d’un Beau pour Tous, seul le meilleur est à faire fleurir et à promouvoir !

Puisse chaque lecteur lire et relire ce texte sans parti pris pour l’enrichir dans une dynamique qui pourrait être appelée : L’Ecole de la pensée !

Qu’enfin ceux ou celles qui ne peuvent  accéder à cet envol s’abstiennent,  dans leurs jugements, de voler à basse altitude !


Fait à N’Douci-Tiassalé, le 24 novembre 2020

Urbain Amoa
Médiateur International 

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