Situation politique en Côte d’Ivoire : l’Union africaine et la Cedeao interpellées
La météo politique ivoirienne vire peu à peu à l’orage. Dans un silence assourdissant de l’Union africaine et de la Cedeao. Pourquoi ces deux organisations ? Au cœur de la pomme de discorde de la crise politique en Côte d’Ivoire, les dissensions se crispent autour de la Cei. L’opposition a toujours rejeté l’arbitre électoral car elle la (Cei) juge trop à la solde du pouvoir Ouattara. Pour preuve, cette Cei pilotée par l’inénarrable Youssouf Bakayoko, a donné des résultats de l’élection présidentielle de 2010 au Golf hôtel, Qg de campagne du candidat Ouattara. Ce fut le point de départ de la crise post-électorale. Avec ce que l’on sait comme dérives meurtrières. Et vu le rôle peu ou prou nocif joué par ces deux organisations. Dire de remettre tout à plat serait un minimum que l’opposition pouvait obtenir des ces organisations par leur pression sur Abidjan. Comme le dit si bien l’artiste reggae, Tiken Jah, à voir Youssouf Bakayoko à tête de la Cei rappelle aux Ivoiriens cette parenthèse fratricide en Eburnie. Mieux, l’Apdh a saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cafdhp) en 2014. Cette Cour a rendu son verdict le 18 novembre 2016. A l’unanimité la Cour a décidé ce qui suit : «Dit que l’Etat défendeur (l’Etat de Côte d’Ivoire) a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial, prévu par l’article 17 de la Charte africaine sur la démocratie et l’article 3 du protocole de la Cedeao sur la démocratie et qu’il a également, par voie de conséquence, violé son obligation de protéger le droit des citoyens de participer librement à la direction des affaires publiques de leur pays, garanti par l’article 13 (1) et (2) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ; Dit que l’Etat défendeur (la Côte d’Ivoire) a violé son obligation de protéger le droit à une égale protection de la loi, garanti par l’article 10 (3) de la Charte africaine sur la démocratie, l’article 3 (2) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et l’article 26 du pacte international relatif aux droits civils et politiques ; Ordonne à l’Etat défendeur (la Côte d’Ivoire) de lui soumettre un rapport sur l’exécution de la présente décision dans un délai raisonnable, qui dans tous les cas, ne doit pas excéder une année, à partir de la date du prononcé du présent arrêt…». Comme on le voit bien, l’arrêt renvoie aux grands principes de droit édités par l’Union africaine et la Cedeao. Lorsque ces principes sont violés par un Etat membre et que l’opposition de ce pays manifeste et demande à ce que force reste à la loi, il va de soi que le minimum, c’est de bénéficier de l’appui de ceux qui ont édité ces lois. Malheureusement, depuis des mois, l’opposition et la société civile, du reste, orphelines, demandent à Ouattara qu’il respecte ses engagements internationaux. Mais ce dernier reste de marbre. Comme reste de marbre l’Union africaine et la Cedeao. Le message est donc clair : ces organisations ne militent pas pour les peuples. Sinon, la référence aux peuples dans la Cafdhp mérite que l’on prenne en compte les revendications du peuple ivoirien (puisque tous semblent plaider pour un changement de la Cei, sauf bien sûr Ouattara qui, lui, trouve son compte avec Youssouf Bakayoko). Ne serait-ce qu’une déclaration pour rappeler Abidjan à ses obligations. On ne le souhaite pas. Mais si d’aventure, les choses devaient dégénérer, on assistera à une pluie de communiqués pour appeler les différents camps à la retenue. Au lieu de jouer « les médecins après la mort », il est plus qu’urgent que l’Union africaine et la Cedeao fassent entendre leur voix dans cette crise. Mieux vaut prévenir que guérir. Car, l’entêtement de Ouattara à refuser systématiquement le dialogue fera le jeu des extrémistes. Pendant qu’il est encore temps, il faut pousser Ouattara à la concertation.
Par Nissi Anaëlle