Révision de la liste électorale : Le FPI (tendance Sangaré) s’oppose fermement, mais n’appelle pas au boycott de l’opération

0 1 598

Sur proposition de la Commission électorale indépendante, le Conseil des ministres du mercredi 16 mai 2018 a annoncé la révision de la liste électorale pour la période du 15 au 24 juin 2018, soit sur dix jours.

Horizontal custom

Cette opération électorale, aux termes du communiqué, concerne toute la population en âge de voter. Elle doit aboutir à l’établissement de la liste électorale, premier maillon du processus électoral qui doit être transparent.
Cette liste électorale doit donc être établie de manière consensuelle. Or, la décision prise par le régime pose au moins deux problèmes graves : le maintien de la Commission électorale indépendante (CEI) contestée et le caractère unilatéral de la décision.

L’épineuse question de la CEI

La décision du gouvernement intervient au moment où tous les acteurs et observateurs de la vie politique ivoirienne réclament, de façon unanime, la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). Or, c’est à cette institution contestée que le régime Ouattara a de nouveau confié la responsabilité de l’opération de révision de la liste électorale. Pourtant :

Par sa Résolution 2062 du 26 juillet 2012, le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) avait déjà recommandé « au Gouvernement ivoirien et à tous les acteurs politiques de veiller à ce que les prochaines élections locales soient ouvertes, transparentes, libres et régulières et se déroulent dans le calme, et à ce qu’elles favorisent la représentativité politique et la réconciliation, en choisissant une date opportune, en assurant la sécurité et en procédant aux réformes électorales utiles » ;
L’Union africaine (UA), à travers la décision de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en date du 18 novembre 2016, déclare « injuste et inacceptable que le pouvoir soit représenté dans la Commission par huit (8) représentants contre quatre (4) pour l’Opposition », et précise : «En adoptant la loi contestée (loi n°2014-335 du 18 juin 2014), l’Etat défendeur a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial, prévu par l’article 17 de la Charte africaine sur la Démocratie et l’article 3 du Protocole de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la Démocratie ». Enfin, par voie de conséquence, la Cour conclut : « L’Etat de Côte d’Ivoire a violé le droit des citoyens de participer librement à la direction des affaires publiques de leur pays ». Le régime Ouattara a fait appel de cette décision et en a été débouté ;
Le FPI et tous les autres partis politiques de l’Opposition, ainsi que nombre d’organisations de la Société civile ivoirienne, notamment celles réunies au sein du Groupe de Plaidoyer et d’Actions pour une Transparence électorale (GPATE), regroupant sept organisations, APDH, MIDH, AMNESTY INTERNATIONAL, ADJL-CI, ASSELCI, CIVIS-CI et RIDDEF) réclament toujours la réforme de cette commission. Même certains partis alliés du régime Ouattara, au sein de la coalition au pouvoir, ont fait écho à cette exigence de réforme de la CEI.

C’est donc contre cette attente légitime de réforme de la CEI exprimée par la majeure partie de la communauté nationale et internationale que vient de se braquer, encore une fois, le régime Ouattara.

Le caractère unilatéral de la décision

Par son communiqué du 16 mai 2018, le régime Ouattara annonce la révision de la liste électorale sans consultation aucune. Il ne tient non plus compte ni de l’Arrêt de la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui a pourtant force de loi, ni des recommandations de l’ONU, encore moins des revendications du FPI, de toute l’Opposition ivoirienne, des organisations de défense des Droits humains et de la Société civile.
Cette décision unilatérale confirme le mépris constant du régime Ouattara pour la démocratie, pour la paix et pour le peuple ivoirien.

Le Front populaire ivoirien, face à cette gestion inacceptable du pouvoir :

Dénonce vigoureusement ce énième passage en force du régime Ouattara ;
Proteste contre ce mépris pour les revendications légitimes des Démocrates ivoiriens et africains ;
Condamne cette méthode de gestion antidémocratique de la République ;
Appelle les militantes et militants, les sympathisantes et sympathisants du FPI à se tenir mobilisés et à demeurer prêts pour les mots d’ordre de la Direction du Parti en vue de faire barrage à cette décision inopportune et dangereuse pour la démocratie ; Car les élections de 2020 doivent passer par une CEI consensuelle, seule capable de garantir des élections transparentes, notamment une liste électorale crédible. En tout état de cause, le FPI ne peut accorder du crédit à la CEI que si elle est issue d’un consensus national;
Appelle toute l’Opposition ivoirienne, les Démocrates, toutes les personnes éprises de justice et de paix, et le Peuple ivoirien tout entier, au rassemblement pour exiger et obtenir une CEI consensuelle ;
Invite, encore une fois, le régime Ouattara à ouvrir, sans délai, le dialogue avec tous les acteurs sociaux et politiques concernés par la question électorale. Il y va de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

Fait à Abidjan, le 26 mai 2018

Pour le Comité central

Le Secrétaire général par intérim, Porte-parole

Koné Boubakar

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

vingt − 16 =

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com