Chaque année, le 15 novembre, la Côte d’Ivoire célèbre la Journée nationale de la paix. Cette journée a été instaurée par le Président Henri Konan Bédié, par le décret n° 96-205 du 7 mars 1996, au lendemain des premiers troubles de l’ère post-Houphouët Boigny, marqués par le tristement célèbre boycott ayant officiellement entraîné une trentaine de décès. Le pays est mondialement connu, en particulier grâce à son premier président, Félix Houphouët-Boigny, dont le nom est associé à un prix international : le prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, parrainé par l’UNESCO.
Cependant, malgré ces faits, la Côte d’Ivoire n’est pas nécessairement un modèle de paix sociale. Depuis la disparition de son premier président en 1993, le pays est plongé dans une crise politique. Les conséquences sont manifestes : une rébellion armée et une guerre civile officiellement responsable de 3000 morts. La dernière crise majeure date de l’élection présidentielle de 2020, qualifiée par certains de crise du 3e mandat d’Alassane Ouattara. Alors que le pays se prépare pour une nouvelle échéance cruciale, l’élection présidentielle de 2025, il est impératif de questionner la société ivoirienne.
L’arrestation manquée de Guillaume Soro à l’aéroport d’Istanbul, en Turquie, rappelle que la paix entre les leaders politiques n’est certainement pas pour demain. L’ancien Premier ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale est sous le coup d’une condamnation à perpétuité pour son implication présumée dans une action subversive contre le pouvoir d’Alassane Ouattara, son ancien allié. Avant lui, Laurent Gbagbo, ancien président, et Charles Blé Goudé, ancien ministre de la jeunesse du gouvernement Aké N’Gbo, ont été condamnés par la justice ivoirienne dans des affaires liées à la crise post-électorale de 2010/2011, alors qu’ils étaient en détention à la CPI.
Ils ne sont pas seuls à affronter la justice. Des cadres du PDCI, tels que le secrétaire exécutif du vieux parti, Maurice Kacou Guikahué, et l’ancien maire du Plateau, Akossi Bendjo, ont également été condamnés. Le premier pour son implication présumée dans les violences liées à la crise du 3e mandat, et le second pour un détournement supposé de deniers publics.
Le président Ouattara lui-même est le dernier condamné de la République. Condamné à réussir à apaiser la société et à réconcilier les Ivoiriens, déchirés d’une part par les préoccupations liées à son éligibilité et d’autre part par la crise du 3e mandat. Il est important de noter que l’éligibilité de Ouattara a longtemps cristallisé la vie politique en Côte d’Ivoire. Il a fallu que Laurent Gbagbo fasse usage de l’article 48 de la défunte constitution pour résoudre cet épineux problème. Ainsi, le chef de l’État est condamné à utiliser les textes que lui confère la Constitution pour régler les nombreux cas de condamnations politiques. Il en va de la paix sociale et de la quiétude des Ivoiriens.
Tché Bi Tché