« Le mercredi 4 juillet 2018, Son Excellence, Monsieur Amadou Gon Coulibaly, Premier Ministre, Chef du Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire, a rendu la démission de son Gouvernement et a été reconduit dans ses fonctions, le même jour, par Son Excellence, Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, à l’effet de former un nouveau gouvernement.
Le mardi 10 juillet 2018, la Présidence de la République de Côte d’Ivoire a rendu publique la liste des nouveaux membres du Gouvernement.
Au cours de la séance de travail, tenue le mercredi 11 juillet 2018 de 18 h 00 à 19 h 30 mn, entre Son Excellence, Monsieur Henri Konan Bédié, Président du Pdci-Rda et ses Vices -Présidents, il a été révélé que le Président du Pdci-Rda n’a été ni consulté ni informé pour la formation de ce nouveau Gouvernement.
En conséquence, le Pdci-Rda marque son étonnement que Son Excellence, Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, élu comme Candidat unique sous la bannière du Rhdp, ait formé un Gouvernement sans consulter le Président du Pdci-Rda, de surcroît, Président de la Conférence des Présidents des Partis Politiques membres du Rhdp ». Tels ont été les premiers mots officiels du Pdci-Rda après la formation du gouvernement Gon II. A y voir de près, cela donne l’impression que Bédié pleurnicherait de n’avoir pas été associé à la formation de ce gouvernement. Mais si on gratte le vernis, on se rend bien compte que le bouddha de Daoukro est en plein dans la « vraie » politique. Il prend juste l’opinion à témoin, avant certainement de dérouler ses actions. D’autant plus qu’avant la formation de cette nouvelle équipe, Ouattara a missionné plusieurs personnalités à l’effet de faire rentrer Bédié dans le jeu. En vain. Mieux, Bédié a confié à Jeune Afrique qu’il « préfère perdre des postes ministériels que de renoncer à 2020 ». C’est dire qu’il a clairement fait le choix de l’alternance. Que peuvent bien être les mesures de rétorsion de Bédié? Autrement dit, que va faire Bédié ? Pour être logique envers lui-même, il ne peut engager le Pdci dans les élections locales (municipales et régionales) sous la bannière du Rhdp. Sa démarche serait illisible s’il le fait. Puisqu’il le dit lui-même qu’en tant que président de la « Conférence des Présidents des Partis Politiques membres du Rhdp », il a été royalement ignoré. Bédié ne saurait donc faire passer ce mépris par pertes et profits. Certainement qu’il n’attendait pas que Ouattara lui parle de la formation du gouvernement par personne interposée, mais directement comme cela est de coutume entre les deux alliés. Pour ce qui est d’Adjoumani & Co, Bédié doit clairement sévir s’il veut éviter que le kyste formé par les « récalcitrants » n’affecte tout le corps du Pdci. Avant eux, KKB, Yasmina et autres ont été sanctionnés pour avoir désobéi les consignes du parti qui faisaient de Ouattara le candidat unique du Rhdp en 2015. En définitive, en refusant de cautionner les micmacs de son cadet, Bédié sait qu’il a ouvert les hostilités. S’il croit naïvement que Ouattara va temporiser dans ce duel à mort, il se trompe lourdement. A la guerre comme à la guerre, dirait-on. Bédié gagnerait à mobiliser les Ivoiriens autour d’un projet viable, seule alternative à l’ambition démesurée de Ouattara. Qui est prêt à tout pour que son clan reste au pouvoir en 2020. Mais adoubé par le passé, ce dernier ne jouit plus du soutien sans faille de la communauté dite internationale. Il suffit de voir le récent rapport de l’Union européenne pour s’en convaincre. Dans le document, Ouattara et son clan sont perçus comme un problème pour la paix en Côte d’Ivoire. N’ayant d’yeux que pour le pouvoir, ils sont prêts à tout, même à mettre en mal la cohésion sociale. Dans cette bataille, Bédié n’est pas seule. Il suffit qu’il fasse les bons choix pour qu’il triomphe. Cela suppose qu’il sorte de sa posture attentiste et engage le combat comme il le fait depuis un certain temps. Le mythe Ouattara s’est écroulé depuis longtemps. Ça, même les bébés le savent.
Tché Bi Tché (In Le Temps)