Législatives 2021: les questions directes d’anaky (MFA) aux leaders de l’opposition

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Dès que le Chef de l’Etat au pouvoir en 2020 a exprimé sa volonté de briguer un troisième mandat attentatoire à la loi fondamentale du pays, la suprême constitution en ses versions de 2001 et 2016, la Cote d’Ivoire a connu un mouvement, une véritable vague de refus et d’indignation, qui a réalisé une convergence de toutes les voix et couches sociales du pays comme l’on n’en avait jamais connu.

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A telle enseigne que, jusqu’à ce jour, et pour longtemps, la réunion de partis politiques  et ONG, tenue au Stade Houphouët Boigny le 10 octobre 2020, restera incrustée dans les mémoires et les consciences, comme grand moment d’histoire et de fusion nationale.

Le mot d’ordre était unique, immuable et hors débat : la Constitution ne prévoit pas de troisième mandat, et quiconque ose passer outre ne peut pas et ne doit pas être accepté comme Chef d’Etat.

Le peuple y a adhéré, guidé par son bon sens premier pour qui, lorsqu’on a demandé 5 récoltes,  et qu’on vous en a accordé 5 autres en prime, se retirer en remerciant le maitre de terre, avec ses bénédictions coule de source. Plus que le droit constitutionnel, c’est ce ciment de culture qui a soudé la levée en masse du peuple Ivoirien.

Et, pour une fois, unanimes sur toutes ses régions, groupes ethniques ou religions, tous n’ont fait qu’un.

Le travail des leaders d’opinion de tous bords consistait à ramener à la raison et à la défense de la nation tous les hauts cadres du gouvernement, de l’administration et du secteur privé qui, après avoir servi un homme et son pouvoir pendant 10 ans, pouvaient être tentés de le suivre dans une aventure qui ne pourrait que dériver  en désastre pour le pays et sa nation.

Le terrain se présentait favorable et prometteur, la Cote d’Ivoire qui se recomposait ayant opté n’exclure personne.

Aujourd’hui, à fin janvier 2020, ce sont l’ensemble des partis politiques et ONG qui ont déposé les dossiers de candidatures de leurs cadres choisis pour défendre leurs couleurs aux élections législatives du 6 mars 2021, à savoir les trois grands, PDCI, FPI et RHDP, avec leurs alliés respectifs.

Sept partis politiques ont bravement et crânement proclamé leur désaccord et différence. Nous reviendrons vers le geste de ces frères, qui sont à féliciter et encourager.

Sans ouvrir de procès d’exégèse ni porter de jugement de valeur, demandons-nous simplement qu’est ce qui n’a pas marché, et pourquoi ou comment des leaders politiques connus, toujours près du peuple, ont pu emprunter une voie contraire à ce que la nation voulait et ne leur demandait qu’à traduire en lignes et mots d’ordre d’action. D’autant plus que ce peuple, pour les rassurer et assurer de sa détermination, a déjà sacrifié plus de 100 vies humaines, avec encore plus de blessés et emprisonnés.

La classe politique et ses leaders n’auraient-ils pas manqué du type d’intelligence appelé discernement qui, seul, leur aurait permis de se fondre dans la vision du peuple ? N’ont-ils vu que droit constitutionnel là où le peuple se ressentait de son âme et de sa dignité ?

Admettons que dans une circonscription donnée, un candidat du RHDP/ Pouvoir soit unique, l’emporte avec 100% des suffrages, et aille rejoindre un Parlement à 100% RHDP/ Pouvoir.

En quoi est-ce que cela aurait fait tomber les murailles de la détermination d’un peuple de Côte d’Ivoire ne reconnaissant pas de troisième mandat donc vidant ce pouvoir de cette légitimité qui est le seul ingrédient qu’il doit toujours brandir à l’international ?

Pourquoi les stratèges des partis politiques et des ONG se réclamant du peuple, donc de l’opposition au pouvoir RHDP, n’ont pas réalisé qu’un parlement à 100% RHDP/ Pouvoir, avec l’abstention ou le boycott de l’élection par l’opposition, aurait valu enfoncer un énorme serpent boa dans la gorge de ce même pouvoir, qui certes, discute à tout va, mais ne lâche rien ?

En quoi la CEI en place a-t-elle varié ? Les prochains bureaux de vote seront-ils hors contrôle de cette même CEI bras séculier électoral du pouvoir ?

A-t-on engagé les premiers travaux de contrôle des relevés de population qui donnent la liste électorale ?Et qu’a-t-on obtenu quant à la correction des circonscriptions électorales, celles en place offrant d’office entre 40 et 50 sièges conquis au RHDP/ Pouvoir ?

Ayons le courage de l’amertume pour dire qu’après les élections générales, le Président de ce nouvel épisode de République aura bouclé son passage en force et sera installé jusqu’en fin 2025, l’opposition n’optant en rien pour l’usage de la force ou de la violence pour un changement  au pouvoir d’Etat.

Laquelle opposition politique aura accompagné l’avènement de ce nouveau pouvoir de manière plus décisive que ses propres partisans.

Qu’est ce qui a miné l’opposition politique qui au départ tenait le bon bout, précédé par l’adhésion du peuple ? Mais trêve de question et d’états d’âme ! Le soleil se lève tous les matins, et la Cote d’Ivoire se doit de poursuivre inlassablement sa quête de démocratie et de bien-être.

Considérons que les partis politiques décident au final par rapport à leurs objectifs et priorités propres, et tenons-nous en-là.

Cette opposition politique qui ne doit pas être jugée et que l’on doit sans cesse inviter à l’union, a désormais le temps de se retrouver, de dresser et confronter tous les bilans, et de réaliser que l’adversaire ayant profondément muté dans sa vision et ses méthodes, il importe de bâtir une nouvelle stratégie adaptée à ce nouveau contexte, si elle veut réellement l’emporter et concrétiser qu’elle a la majorité du pays de son côté.

Elle a aussi le temps de revenir à ce grand chantier espéré et réclame de tous depuis 20 ans, à savoir la grande réflexion  d’ensemble sur la Cote d’Ivoire et son devenir, à partir du luxuriant héritage de son passé. L’enjeu pourrait simplement être qu’après adoption des propositions les plus justes et appropriées, les élections en Côte d’Ivoire ne soient plus une lutte féroce pour se partager le pouvoir et les moyens de l’Etat par rapport à la région, à l’ethnie ou à la religion, et surtout pas pour renforcer tel ou tel leader. Le revenu national, mis dans un panier d’équilibre démocratique  et de vision de progrès, est à même d’assurer un développement équilibré de tout le pays et de ses régions. Cette ambition s’impose à tous les partis et à leurs leaders. Le peuple ne demande pas plus.

 

 

Fait, le 16 février 2021

 

KOBENA I. ANAKY

PRESIDENT DU MFA

 

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