L’EDITO : Mort de Jamal Khashoggi et flétrissure !

0 2 115

L’autre l’a dit. Le destin est le plus grand dictateur au monde. Le journaliste Jamal Khashoggi, en pénétrant dans le consulat de son pays à Istanbul, ce 2 octobre 2018, ne savait pas qu’il allait à la rencontre de son destin. Cruel. Là-dessus, même les oracles les plus réputés, ne peuvent donner une explication apodictique. On ne peut que se réfugier dans l’antre des philosophes, dans le sanctuaire de Spinoza pour dire que « tout ce qui arrive, arrive en vue d’une fin ». Il était donc écrit que l’existence de Jamal Khashoggi s’arrêtait là. Pour avoir critiqué le manque de démocratie, le piétinement des droits de l’homme dans son pays. Mort pour rien, mort pour les autres. Mort pour avoir fait son travail, son travail de journaliste, celui de notre choix, nous nous sentons solidaires. Raison pour laquelle le bal masqué de ses présumés tueurs et leur satellite provoque en nous dégout, à la limite de la nausée. Après deux semaines de dénégations, l’Arabie Saoudite a fini par reconnaitre que le journaliste est bel et bien mort dans son consulat d’Istanbul. À la suite d’une «rixe à coups de poings» entre le journaliste et des officiels qui le recevaient. Evidemment, nous sommes de ceux pour qui cette version ne vaut pas un Kopeck. Car montée en épingle, avec la complicité de l’allié américain, pour sauver la face. Un allié moralement volage et humainement vorace. Non disposé à laisser tomber un contrat léonin de 110 milliards de dollars d’armement (environ 55000 milliards de Fcfa). Qui, de l’avis du président américain, Donald Trump,  vaut 1 million d’emplois. Resté égal à lui-même, versatile à souhait, son avis sur la question vogue au gré de ses humeurs. Tantôt il promet de châtier l’allié saoudien, tantôt il le caresse dans le sens du poil. « Je n’aime pas l’idée de stopper l »injection de sommes faramineuses dans notre économie » a-t-il confié vendredi à des journalistes. En clair, le crime odieux, digne du moyen âge, est confronté à la Raison d’Etat. Certes, c’est de tradition. Lorsque les intérêts de grandes puissances sont en jeu, quelques vies humaines peuvent être sacrifiées. Sans pudeur. Mais cela a jusqu’ici été maquillé. Le marchandage de Trump autour de la disparition du journaliste repousse les limites de l’immoral. D’autant que la victime était en exil dans le pays de l’oncle Sam. Le pays refuge avait vis-à-vis de lui un double devoir de protection. Que sa vie vienne à être prise de la plus abominable des manières, il se raconte qu’il a été démembré avant que son corps ne soit emporté dans des valises par les nervis à la solde du régime saoudien, il méritait au moins un peu de pudeur. Hélas, il n’est pas du bon côté de l’histoire. Dans le camp des pétrodollars.  A l’instar de la population civile yéménite. Qui est massacrée dans l’indifférence totale. Dans une guerre absurde, une guerre à guichet fermé, de l’Arabie saoudite contre ce pays pauvre. Où les senteurs de l’Iran suffisent à la guerre asymétrique. Sous l’œil complice des Etats Unis.  Le gendarme du monde, celui dont la mission est de protéger les faibles, se trouve être pris dans la nasse des intérêts mercantiles, mesquins et égoïstes. Il n’hésite pas à recourir aux explications les plus kafkaïennes pour justifier l’injustifiable, pour défendre l’indéfendable. La vie de Jamal Khashoggi n’est qu’une vie de plus dans l’océan de la flétrissure à laquelle le monde fait face à la vitesse grand « V ». Avec le moyen et le proche orient, comme terreau de toutes les négations. De toutes les inhumanités. Au nom de la cupidité.

Horizontal custom

tbt552@yahoo.fr

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

trois × 4 =

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com