LA NOUVELLE REGLEMENTATION DE L’UE SUR LA DEFORESTATION: QUELLES IMPLICATIONS POUR LES PAYS PRODUCTEURS DE CACAO !

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En 1960, lorsque la Côte d’ivoire accède à l’indépendance, son patrimoine  forestier est estimé a 16 millions d’hectares.  Si l’on a pu parler de miracle ivoirien dans les années 70, par le binôme café-cacao, c’est au prix et au préjudice de cette intense biodiversité,; qui malheureusement est en  train de disparaitre sous nos yeux.  Aujourd’hui, c’est un peu moins de 2 millions d’ha. Cette situation pose un réel défi  à nos pays: La problématique de la déforestation.

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Mais en fait, qu’est ce que la déforestation? Quelles sont les causes et les consequences de ce phénomène  pour un pays comme la Côte d’ivoire, premier producteur mondial de cacao?

La déforestation est le phénomène de réduction des surfaces de forêt. On parle de déforestation lorsque des surfaces de forêt sont définitivement perdues (ou au moins perdues sur le long terme) au profit d’autres usages comme l’agriculture, l’urbanisation ou les activités minières.

Elle a pour conséquences la réduction  drastique des niveaux de précipitations et le rechauffement climatque dus à des émissions de gaz à  effet de serre, posant ainsi un véritable case-tête chinois à notre environnement.

C’est dans ce contexte que nait la nouvelle réglementation de l’UE connue sous le nom de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme  et d’environnement, qui est en réalité une activation de la directive de la commission des droits de l’homme des Nations Unies de 2011.

Mais que dit cette nouvelle réglementation?

A partir du 1er Janvier 2025, certains produits de base au nombre de sept: le cacao, le café, le bois, le caoutchouc, le soja, le palmier à huile, les bœufs, provenant des pays producteurs ne pourront pas acceder aux marchés de l’UE car considérés comme produits favorisant la deforestation.

Une telle decision, de notre point de vue apparait à la fois  injuste et irréaliste de la part des consommateurs nos produits de rente comme le cacao est en réalite l’expression la plus probante du droit des  puissants sur les faibles  comme le stipule l’oeuvre  de Hans Morgenthau,   politique parmi les nations, the struggle for power and peace), met à nu la théorie réaliste des relations internationales.
Si le concept de durabilité  intègre l’environnement, celui-ci n’est pas le seul élément d’appreciation.

En effet la durabilité est un concept complexe  à  trois piliers: l’environnement, l’économie et le social. Ce sont les pays développés qui polluent à chaque minute notre environnement sans payer aucune contrepartie aux autres pays du tiers-monde qui en sont les plus affectés.

Une etude sur le bilan environnemental de 2016 des pays du monde  qui ont émis le plus de dioxyde de carbone  en 2016 achève de convaincre les plus sceptiques. En tête, se trouve la Chine avec plus de 10 milliards de kilotonnes ( KT) , suivie des États-Unis : plus de 5 milliards kilotonnes ( KT)et de la Russie : plus de 1 milliard de kilotonne ( KT).

En Afrique, le premier est l’Afrique du Sud qui représente environ 393 000 KT, soit le tiers des émissions de l’ensemble de l’Afrique.
Au moment où l’UE prend une telle décision, l’on est à  se poser une question: Pourquoi ces grands pollueurs ne paient-ils  pas la taxe carbone pour leurs actions négatives sur l’environnement dans le cadre du mécanisme pour un développement propre ( MDP)?

Parce qu’ils ont le pouvoir…
Pourquoi les pays développés ne paient-ils pas les matières premières des pays africains à des prix équitables ?

Parce qu’ils ont le pouvoir…

Lorsque l’on compare le prix d’une tablette de 1 kilogramme de chocolat à celui  du kilogramme des fèves de cacao, l’ecart est d’une profondeur abyssale, c’est à dire 72 fois  le prix de la fève au kilo. On constate une surexploitation de ces pays industrialisés  qui réfusent de payer le vrai prix aux producteurs. L’Union européenne ne peut pas priver les pays producteurs de leur capacité à utiliser leurs terres pour améliorer leurs moyens de subsistance. Aujourd’hui,  C’est d’ailleurs le sens de nouvelle réglementation: ne plus utiliser la forêt a des fins agricoles. Et pourtant, il existe de nombreuses méthodes dans l’agriculture pour restaurer la biodiversité. L’agroforesterie par exemple est un moyen de replanter des arbres. L’UE ne peut maintenir les pays africains dans la pauvreté en votant des lois qui freinent leur progrès afin de continuer à protéger ses intérêts.

Le Président ivoirien  ne croyait pas si bien dire lorsqu’il repondait à la question d’un journaliste francais de savoir ce que feront les pays africains au regard de cette directive, quand il repondit qu’ils se tourneront vers d’autres marches si l’UE venait à prendre une telle decision.
N’ est-ce pas le temps pour les  dirigeants africains d’élever la voix contre cette mauvaise réglementation et d’accélerer la voie de la diversification de leurs  partenaires.  De plus, favoriser la coopération  Sud-Sud par l’activation de la Zone de libre échange continenetale africaine ( ZLECAF).

L’Afrique, c’est environ  1,5 milliard de personnes selon la World Population Prospect des Nations unies ( Source 2022).

Cette donnée est un atout majeur pour les pays africains afin de déveloper la coopération sud sud dans le cadre de  la ZLECAf.

Les africains devront  aussi viser d’autres  marchés comme l’Asie et d’autres opportunités.
Il est donc temps pour les dirigeants africains de changer de pradigmes en matière de gouvernance de leurs Etats,  sans jamais oublier cette pensée restée célebre de De Gaulle: ‘’Les nations n’ont pas d’amis, elles n’ont que des intérets’’.

Journaliste
Nelly de St Domingue, PhD en Relations Internationales et Diplomatie au CEDS de Dakar, Expert en durabilité
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NB: 1KT = 1000T

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