Francis Wodié, ex-président du Conseil constitutionnel ivoirien : «Des dirigeants ont tendance à violer les règles »

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Invité le mercredi 28 mars 2018 par l’Association des étudiants juristes de l’Université méthodiste de Côte d’Ivoire à prononcer une conférence sur la Constitution ivoirienne de 2016, le Professeur Francis Wodié a d’entrée souligné ses obligations de réserve. Après avoir reformulé, il a commencé par dire ceci: « A le pouvoir d’élaborer la constitution, celui qui est le titulaire de la souveraineté. Dans une démocratie, le titulaire de la souveraineté, c’est le peuple. Maintenant, qui est ce peuple de Côte d’Ivoire ? Moi, je ne le connais pas et ne le vois pas. En quoi consiste le peuple et quelle est sa composition ? Souvent il est créé une assemblée élue ou non pour doter un pays d’un avant-projet de constitution ». Pour le double agrégé,  « quelle que soit notre place au sein de l’Etat, nous avons l’obligation de respecter la constitution que nous nous sommes donné dans un Etat de droit ». Ce qui, selon lui, ne semble pas être le cas en Afrique et en Côte d’Ivoire. « Nous avons de grosses tares en Côte d’Ivoire et en Afrique. C’est la tendance marquée à la personnification des rapports juridiques et du fonctionnement des institutions», dénonce Wodié. Non sans ajouter que les citoyens ivoiriens doivent être imprégnés de la « culture juridique et politique afin d’être des acteurs des règles de droit pour l’intérêt général ». Face au viol répété de la Constitution, il dira qu’« Il faut que l’Etat de droit devienne une réalité et ne soit pas proclamée simplement ».  « Il y a certains dirigeants qui ont tendance à violer des règles. Mais, ils le feront s’il n’y a pas de réactions au plan politique et juridique » estime l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur. « L’obligation de respecter les dispositions d’un traité dans lequel il est partie avec d’autres Etats, c’est ça le propre du traité, acte bilatéral ou multilatéral. Chaque Etat a l’obligation de respecter ses dispositions » a-t-il conclu, faisant certainement allusion au non-respect de l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui a enjoint l’Etat de Côte d’Ivoire de modifier la Commission électorale pour la rendre conforme aux traités auxquels il est partie.

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Yeshua Amashua

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