Et c’est reparti ! La ville de Bouaké, enfermée depuis la rébellion de 2002 dans un cycle infernal de cliquetis d’armes automatiques, risque de connaitre encore des heures sombres. En effet, les fameux mutins de janvier et mai 2017 n’en auraient pas encore fini avec leurs revendications. A en croire une source militaire, ces mutins qui ont déjà obtenu des autorités le paiement de leurs primes de guerre s’apprêteraient à réclamer des galons et des villas. « Le gouvernement a eu vent de ce que les 8400 (ndlr soldats qui se sont mutinés en janvier et mai 2017) vont se soulever à la fin de ce mois pour réclamer leurs galons d’adjudant et une villa. Le gouvernement a donc envoyé à Bouaké deux Mi-24 pour survoler à basse altitude le 1er bataillon du génie et quelques points stratégiques de la ville » nous a confié notre source. A dire vrai, ce ne serait pas une surprise si ceux-ci venaient à faire tonner encore les armes. Du reste, pour la énième fois. Car dans la foulée du paiement du reliquat 7 millions de Fcfa de leurs primes estimées à 12 millions de Fcfa, ils avaient clairement laissé entendre qu’ils réclameraient plus tard, leurs galons et villas à eux promis par ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir. L’heure a-t-elle sonné pour remettre le couvert de la mutinerie ? Tout porte à le croire. Le récent affrontement entre les militaires du 3e bataillon et leurs homologues du CCDO, proche de l’actuel ministre de la Défense, Hamed Bakayoko, était un élément précurseur. En effet, dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 janvier 2018 les armes ont crépité entre le CCDO et les militaires ivoiriens. « Les premiers voulaient tuer dans l’œuf un soulèvement des seconds » confiait une source. Notre confrère Rfi avait été plus précis. Selon lui, «Il apparaît d’ores et déjà que, si on est loin des mutineries de l’été dernier, il règne au sein des différents corps habillés de Bouaké des tensions entre militaires qui ont entraîné ces récents dérapages. Ainsi, rapportent certaines sources, il y a comme une défiance entre militaires de l’armée régulière et les corps mixtes des Ccdo. Ce Centre de coordination des opérations, une unité créée par l’actuel ministre de la Défense, est perçu par les autres militaires comme des espions chargé de remettre de l’ordre au sein la Grande muette. C’est sans doute cette hostilité, qui a entraîné les heurts de vendredi dernier. Des disputes qui mettent à mal la fraternité d’armes devant exister entre tous les corps d’armée, a déploré le ministère de la Défense. Des disputes qui prouvent bien que le travail de réforme et de cohésion de l’armée ivoirienne va être un long chemin pas forcément tranquille». La population de la capitale du Gbèkè, elle, est loin d’être sortie de l’ornière, souffrant chaque jour un peu plus le martyr.
Yeshua Amashua