L’on prête à Simone Gbagbo ces phrases fortes : « Nous devons suivre Laurent Gbagbo parce que nous partageons sa vision et non pour des raisons personnelles, car celles-ci sont fragiles. Dans le combat que nous menons, Gbagbo Laurent doit être le centre de nos revendications, parce qu’il est la tête qui nous représente. (…) S’il n’est pas là, notre vision est tuée. Mais notre vision, ce n’est pas Gbagbo Laurent. Notre vision, c’est la Côte d’Ivoire nouvelle. Le jour où Gbagbo Laurent ne sera plus là, notre vision ne doit pas mourir. » L’onde de choc a été telle, les jusqu’au boutistes des deux camps (Simone et Laurent) en sont arrivés à des échanges vifs, via les réseaux sociaux. C’est la preuve que le couple Gbagbo, en dépit des déboires judicaires, des quolibets, des montages grotesques, et autres noms d’oiseaux, reste la pierre angulaire du parti, le Front populaire ivoirien (FPI), qu’il a fondé, en compagnie d’autres comme Abou Drahamane Sangaré. Ne nous y trompons pas. C’est de la survie dudit parti, et partant, de l’idéal qu’il porte pour la Côte d’Ivoire, qu’il est question dans cette passe d’armes domestique chez les frontistes. Une famille politique dont le leitmotiv fut la Refondation. Refonder la Côte d’Ivoire s’entend. Donc, depuis les palmeraies de Dabou où le FPI fut porté sur les fonts baptismaux, en 1988, il n’a jamais été question de déifier Laurent Gbagbo, même si, indéniablement, l’aura de ce dernier a servi de carburant au parti pour se hisser au sommet du pays, en 2000. Cela dit, fixons la déclaration de Simone comme poteau indicateur. Et admettons que Simone, à travers sa sortie, s’oppose ouvertement à Laurent. Nous voilà condamné à raisonner par l’absurde. Le constat est limpide. Depuis la brusque disparition du gardien du Temple, Abou Drahamane Sangaré, un froid polaire souffle sur le FPI, dans les relations au sommet. Simone, numéro 3 qui se voyait propulsée aux commandes, s’est vue coiffée au poteau par un « puissant » Secrétaire général « exécutif », Assoa Adou. Géopolitique ? Refus de donner du FPI l’image d’un parti familial ? Guerre des égos ? Manœuvres de haut vol du chef ? Bien malin celui qui peut dire de façon certaine ce qui a bien pu se passer chez celui-ci. Revenons au menu. La sortie de l’ex-Première Dame, à première vue, s’apparente à une « rébellion » ou au résultat d’une frustration. A priori donc, on peut se convaincre que Simone, qui a été forgée dans le moule de la politique, ne veut pas se rendre les armes à la main. Mais à posteriori, c’est l’identité remarquable même de Simone. Iconoclaste, elle refuse les oripeaux dans le langage, parce qu’élève de Ferdinand de Saussure. Bien plus, elle est à l’image de Laurent, de Zadi Zaourou, de Pierre Kipré, etc., avec qui elle a fait chemin dans les revendications corporatistes à l’Université. « Il faut savoir qu’elle n’a pas découvert la politique à mon contact. C’est dans la politique et dans l’opposition, à l’époque du parti unique que nous nous sommes rencontrés. Pourquoi veut-on que celle qui s’est battue contre le parti unique, a été jetée en prison renonce à ses idées, tout simplement parce que son mari est devenu chef de l’Etat ? De toutes les façons, ses prises de position ne peuvent pas me gêner, dans la mesure où nous sommes du même bord politique » la peignait Laurent. Hélas, elle lui ressemble, pour paraphraser Félix Houphouët-Boigny qui disait à Laurent, « hélas, tu me ressembles ». En un mot comme en mille, notre hypothèse de départ qui voulait que Simone soit opposée à Laurent n’est pas vérifiée. On peut donc conclure aisément qu’il n’y a pas de l’eau dans le gaz entre Simone et Laurent. Et que ceux qui cèdent à la goujaterie ne mesurent même pas la portée de leurs écrits à l’endroit de Simone et de Laurent, dont le seul tort est d’avoir eu pour vision, la Côte d’Ivoire, dès le départ. Il nous souvient le 18 février 1992. C’est en sang, que Simone a été jetée à la Maison d’arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA). Il nous souvient l’accident du couple, alors qu’il revenait d’une tournée dans les hameaux les plus reculés du pays. Il nous souvient fraichement 7 à 8 longues années passées dans le sous-sol de l’humanité, à Odienné, puis à l’Ecole de Gendarmerie, pour l’une, et à Korhogo, puis Scheveningen (La Haye), pour l’autre. Ce n’est pas pour la gloire de Moossou ou de Mama, leur village natal, respectif, mais pour la Côte d’Ivoire qu’ils ont bu le calice jusqu’à la lie. Ceux qui s’érigent en procureur pour donner dans l’irrévérence ne doivent pas oublier le prix payé par Simone et Laurent dans la lutte commune.
Un fait a valeur d’axiome. L’armure du mythe Gbagbo est inoxydable. Il suffit simplement de passer en revue les échecs cuisants des visées assassines et autres tentatives de le ranger dans le placard de l’oubli, de ses pourfendeurs. Idem pour Simone. Tous les clichés contrefaits à son encontre se sont effondrés comme un château de carte. Nous n’avons pas besoin de les flinguer. Le faire, c’est être ingrat. C’est se détacher de l’axe socialiste. Venant du FPI, c’est nauséeux. Simplement.
Tché Bi Tché
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