Depuis trois semaines, le secteur de l’éducation et de la formation est secoué par une série de grèves initiées par la quasi-totalité des syndicats d’enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire. Cette crise, qui touche à la fois le secteur public et privé, s’étend à tous les niveaux (préscolaire, primaire, secondaire et supérieur).
LES FAITS :
En novembre 2018, la COSEFCI (Coordination des Syndicats du Secteur Education Formation) avait lancé un mot d’ordre de grève dite interpellative pour attirer l’attention du pouvoir sur la nécessité de répondre à une série de revendications.
On retient que, pour l’essentiel, elles tournent autour de l’amélioration des conditions de travail aussi bien pour les enseignants que pour les enseignés, notamment
- la question des cours du mercredi au primaire et la double vacation et ses conséquences désastreuses sur la qualité de la formation ;
- La revalorisation de l’indemnité contributive au logement des enseignements du préscolaire, primaire et secondaire et la revalorisation des salaires (bloqués depuis 24 ans) des enseignants du secteur privé
- L’application effective du référentiel des métiers tel que prévu par le décret de 2009, portant profil de carrière des enseignants du primaire et secondaire
- La levée des sanctions contre huit enseignants de l’université Félix Houphouët Boigny, ainsi que le règlement du contentieux lié aux heures complémentaires des enseignants du supérieur
NOTRE ANALYSE
Là où le régime a réagi en moins de 72 h pour satisfaire les exigences des « ex-combattants », l’indifférence observée face aux revendications d’enseignants qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail est un signe de mépris, de même qu’elle traduit l’inaptitude de ce pouvoir à proposer des solutions allant dans le sens de l’apaisement.
La paralysie observée témoigne de l’échec du gouvernement Ouattara à garantir à la jeunesse les conditions d’un système éducatif fiable et performant. Elle est surtout le signe d’une volonté manifeste de détruire à la base l’éducation et la formation de la jeunesse, l’élite de demain.
La marchandisation croissante de l’école, caractérisée par une privation insidieuse de la formation (46% dans le primaire, 70% dans le secondaire et 90% dans le supérieur), le tout doublé de frais de scolarité exorbitants et de l’accroissement exponentiel des frais annexes, ont pour effet de réduire l’accès de l’école au plus grand nombre, contrairement à la politique éducative du président Laurent Gbagbo.
Le régime en place fait ainsi la preuve de son incapacité à bâtir une politique éducative cohérente et performante ; la formule de « l’école pour tous » n’étant qu’un slogan creux et vide de tout contenu.
NOTRE POSITION :
Face au péril d’une année blanche qui hypothèquerait durablement un système éducatif déjà dévoyé par huit années d’une gestion plus que chaotique, le Front Populaire ivoirien :
- Proteste vigoureusement contre la politique de menaces et pressions de nature à brimer la liberté de parole et le droit de grève des enseignants et chercheurs
- Condamne l’inaction du gouvernement qui tend à faire durer une crise prévisible dès lors que les promesses de la trêve sociale arrachée aux enseignants n’ont pas été tenues.
- Réaffirme sa solidarité avec l’ensemble des travailleurs qui luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail
- Appelle le gouvernement à engager au plus vite des négociations directes avec toutes les parties concernées par cette crise qui n’a que trop duré
- Invite le gouvernement à satisfaire dans les meilleurs délais les revendications des enseignants.
Fait à Abidjan, le 11 février 2019
Pour le Front Populaire Ivoirien
Le Secrétaire Général
Dr ASSOA ADOU