Alors que Compaoré est recherché par la justice burkinabé : Médiapart fait des révélations sur sa vie d’opulence à Abidjan

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En Côte d’Ivoire, l’ex-chef d’État Burkinabè en exil attend le verdict dans le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara, où il est considéré comme principal suspect. 𝐍𝐚𝐭𝐮𝐫𝐚𝐥𝐢𝐬é 𝐢𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐩𝐮𝐢𝐬 𝐬𝐨𝐧 𝐫𝐞𝐧𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐧 𝟐𝟎𝟏𝟒, 𝐢𝐥 𝐬𝐞 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐫𝐮𝐢𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐞𝐬𝐭𝐢𝐦é𝐞 à 𝐩𝐥𝐮𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝’𝐞𝐮𝐫𝐨𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥𝐞 é𝐜𝐨𝐧𝐨𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞.

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Abidjan (Côte d’Ivoire).– D’ici, il y a une vue imprenable sur le Plateau, le quartier d’affaires de la capitale économique, surnommé le « petit Manhattan » d’Afrique. En contrebas du boulevard Hassan-II, dans un quartier dormant de villas cossues appelé « Cocody Ambassades », de hautes clôtures en tôle festonnées laissent entrevoir un chemin en pente qui mène à un colosse de béton planté au bord de l’eau.

Calés entre le complexe hôtelier français Sofitel-Hôtel Ivoire et l’ambassade d’Arabie saoudite, sur cette langue de terre à l’abri des regards, se trouvent 𝐮𝐧 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝟑 𝟏𝟓𝟗 𝐦𝟐 𝐞𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐞𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐫𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧. À l’entrée du site gardé, un panneau détaille quelques éléments sur un projet de « manoir haut standing » en cours de construction, mais pas les noms des propriétaires. Les futurs résidents se font discrets, qui ne sont autres que l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, et sa femme Chantal.

Blaise Compaoré, ministre de la justice lors d’un voyage officiel de François Mitterrand le 18 novembre 1986 à Ouagadougou, Burkina Faso (Photo by Patrick AVENTURIER/Gamma-Rapho via Getty Images)

Mercredi 6 avril, l’ancien chef d’État Burkinabè doit être jugé par contumace dans le procès qui vise à attribuer les responsabilités dans l’assassinat de Thomas Sankara. Dans le box des accusés se tiennent 12 des 14 prévenus, dont le général Gilbert Diendéré, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch du 15 octobre 1987 qui avait abouti à l’assassinat du chef d’État de la Haute-Volta et de 12 de ses compagnons.

Absent, le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé par la rue en 2014, est poursuivi pour « attentat à la sûreté de l’État », « recel de cadavre » et « complicité d’assassinat ». Ses avocats ont justifié son absence en dénonçant un « simulacre de procès », lors duquel le parquet a requis 30 ans de réclusion criminelle.

𝐁𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐥’𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧

À la suite de la révolte populaire qui avait conduit à sa chute après 27 ans de règne, l’ex-président Burkinabè s’était réfugié dans une patrie voisine et amie, la Côte d’Ivoire, chez son proche intime Alassane Ouattara, qui lui avait accordé la nationalité ivoirienne moins d’un mois après sa fuite. Le chef d’État ivoirien avait qualifié la présence de son invité de « tout à fait normale », vantant « l’excellente relation de fraternité et de coopération » entre les deux pays, alors même qu’un mandat d’arrêt international visant Blaise Compaoré venait d’être lancé.

« 𝐋𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐦𝐩𝐚𝐨𝐫é 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐎𝐮𝐚𝐭𝐭𝐚𝐫𝐚 𝐬𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞𝐬 𝐦𝐮𝐭𝐮𝐞𝐥𝐬, 𝐢𝐥𝐬 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐢é𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐮𝐧 𝐜𝐞𝐫𝐭𝐚𝐢𝐧 𝐧𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐞𝐜𝐫𝐞𝐭𝐬, rappelle un diplomate pour expliquer cette énième faveur. Ouattara est tenu par le silence de Blaise. S’il parle de la façon dont il est arrivé au pouvoir, c’est tout un mythe qui s’effondre. »

Exilé depuis lors, l’ancien président Burkinabè mène une vie discrète, « monotone » disent même certains, mais plutôt fastueuse, entre Yamoussoukro et Abidjan, avec son dernier carré de fidèles : son épouse Chantal, sa fille Djamila, régulièrement de passage, une partie de sa belle-famille, quelques membres du personnel et des responsables de sa sécurité.

Mais sur les berges de la lagune Ébrié, l’immense bâtisse pose question. Encore plus alors que le chantier, à l’arrêt depuis plusieurs années, vient subitement de reprendre. Blaise Compaoré, que l’on dit affaibli physiquement, mais surtout en proie au mal du pays, est-il, face à ses déboires judiciaires, résigné à finir ses jours en terre ivoirienne ?

L’entreprise chargée de lui concevoir cet écrin de rêve, le cabinet d’architectes libanais Obenhaus26, veille en tout cas à son confort : « 𝐋𝐚 𝐜𝐥𝐢𝐞𝐧𝐭𝐞 [𝐂𝐡𝐚𝐧𝐭𝐚𝐥 𝐂𝐨𝐦𝐩𝐚𝐨𝐫é – 𝐧𝐝𝐥𝐫] 𝐚 𝐝é𝐜𝐢𝐝é 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐥𝐞 𝐦𝐚𝐧𝐨𝐢𝐫 », confie une source. Le béton est encore humide, les baies vitrées pas encore posées et un jacuzzi tout neuf traîne encore dans son carton. Avant la fin de l’année, « 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧 𝐬𝐞𝐫𝐚 𝐝𝐨𝐭é𝐞 𝐝𝐞 𝐬𝐢𝐱 𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝟏𝟎𝟎 à 𝟏𝟓𝟎 𝐦𝟐, 𝐜𝐡𝐚𝐜𝐮𝐧𝐞 é𝐪𝐮𝐢𝐩é𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐬𝐚𝐮𝐧𝐚 𝐩𝐫𝐢𝐯é ; 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐢𝐧é𝐦𝐚, 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐠𝐲𝐦, 𝐝’𝐮𝐧 𝐬𝐚𝐥𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐢𝐟𝐟𝐮𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐢𝐬𝐜𝐢𝐧𝐞 à 𝐝é𝐛𝐨𝐫𝐝𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 ».

Des détails en partie confirmés par les plaquettes de promotion publiées sur les réseaux de la société et en devanture de la construction. Depuis quelques semaines, une vingtaine d’ouvriers sont de nouveau à la tâche sur ce chantier. Aux abords du site, on a ordre de taire les allées et venues des futur·es habitant·es, mais un voisin confie « croiser madame de temps en temps, qui vient regarder l’avancement des travaux ».

Au-delà de la question diplomatique, il y a aussi une gêne aux entournures au niveau local. Que la famille Compaoré, visée par de nombreuses plaintes et accusations graves, se bâtisse 𝐮𝐧𝐞 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐝𝐞 𝐥𝐮𝐱𝐞 𝐞𝐬𝐭𝐢𝐦é𝐞, 𝐬𝐞𝐥𝐨𝐧 𝐥𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐭𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐌𝐞𝐝𝐢𝐚𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐚 𝐩𝐮 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐮𝐥𝐭𝐞𝐫, à 𝟏𝟐 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐫𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜𝐬 𝐂𝐅𝐀 (𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝟐𝟎 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝’𝐞𝐮𝐫𝐨𝐬) dans le quartier le plus huppé d’Abidjan révèle en filigrane le soutien indéfectible que les hautes sphères du pouvoir ivoirien réservent à l’ancien couple présidentiel.

Pourtant, 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐳𝐨𝐧𝐞 𝐚𝐩𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐚𝐮 𝐝𝐨𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜 𝐦𝐚𝐫𝐢𝐭𝐢𝐦𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐚𝐠𝐮𝐧𝐚𝐢𝐫𝐞, et tous les abords des berges étaient en théorie considérés comme inconstructibles sur un périmètre de 100 mètres jusqu’à il y a peu. « Les terrains bordant toute la corniche de la baie de Cocody sont normalement non constructibles, historiquement les vendeurs de fleurs s’y sont installés. Les populations autochtones ont été expropriées et ces terrains sont peu à peu devenus cessibles à la discrétion du président, observe un architecte abidjanais. Personne ne pense habiter sur la corniche, même avec beaucoup d’argent. C’est impossible sans un soutien au plus haut niveau. ».

« 𝐋𝐞 𝐠𝐞𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫𝐬, ç𝐚 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐨𝐮𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫𝐞 »

Pour tenter de comprendre les ressorts qui ont permis la délivrance d’un tel permis de construction, Mediapart a consulté les documents relatifs au projet : si les certificats opérationnels et d’urbanisme mentionnent bien la construction d’« une villa duplex avec rez-de-jardin » à « usage exclusif d’habitation », le mandataire n’est pas un particulier, en l’occurrence, pas un membre de la famille Compaoré, mais une entreprise, Shell Côte d’Ivoire, devenu par la suite SCI Shell.

La société a d’abord obtenu une concession provisoire de l’État ivoirien en 1984. Celle-ci l’a vendue en 1995 puis de nouveau achetée, revendue, rachetée… à au moins quatre reprises depuis. Elle apparaît en outre comme la dernière acheteuse du terrain en 2013, selon la Conservation de la propriété foncière et des hypothèques ivoirienne. Elle est aussi à l’origine de la demande de chantier en février 2017, comme l’indiquent des documents du ministère de la construction, du logement, de l’assainissement et de l’urbanisme, signés par le représentant de la direction, M. K. Badou et l’ancien maire PDCI de Cocody, Mathias Aka N’Gouan, décédé en septembre dernier.

Contactée par Mediapart, la société Shell SCI n’a pas donné suite à nos multiples sollicitations demandant les raisons d’une telle mise à disposition de sa propriété.

Aucune réponse n’a été fournie non plus par le ministère de la construction. 𝐋𝐚 𝐩𝐫é𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐜𝐞 𝐢𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 𝐚 𝐧é𝐚𝐧𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐢𝐫𝐦é 𝐥’𝐮𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐚𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚𝐝𝐢𝐭𝐞 𝐯𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐚 𝐟𝐚𝐦𝐢𝐥𝐥𝐞 𝐂𝐨𝐦𝐩𝐚𝐨𝐫é 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐦𝐚𝐢𝐥 𝐝𝐚𝐭é 𝐝𝐮 𝟏𝐞𝐫 𝐚𝐯𝐫𝐢𝐥 𝟐𝟎𝟐𝟐 : « ​​S’agissant du terrain, l’épouse de M. Blaise Compaoré est ivoirienne et a acquis ce terrain depuis plusieurs années. Ils ont commencé à le mettre en valeur quand ils se sont installés en Côte d’Ivoire. L’État n’est pas concerné par l’acquisition ni par la construction de la villa. »

Sur les mécanismes ayant permis le financement d’une telle maison, il est aussi difficile de trouver des réponses officielles. Les rumeurs d’une corruption institutionnalisée au Burkina Faso pour le compte des caciques des régimes successifs sont légion, mais encore difficilement prouvables, alors que des informations judiciaires sont encore en cours, notamment sur la période 1987-2014, lors des différents mandats de Blaise Compaoré.

L’indice de corruption enregistré par Transparency International au fil des décennies parle toutefois de lui-même : en 2011, le Burkina Faso pointait à la 100e place mondiale, avec un indice de 3. Une donnée aujourd’hui évaluée à 78 pour un score de 42, en légère amélioration. « Avant les manifestations de 2014, la branche exécutive du gouvernement contrôlait la plupart des nominations de fonctionnaires et contrôlait la rémunération et le transfert de ressources aux gouvernements locaux, note un rapport de l’Anticorruption Ressources Center de 2019. Le recours à des pratiques d’embauches stratégiques et clientélistes et à la petite corruption au niveau local était une tactique électorale clé que Compaoré a utilisée pour rester au pouvoir. Les cas de corruption de hauts fonctionnaires ont rarement été signalés pendant le règne de Compaoré et lorsqu’ils l’ont été, c’était généralement avant les élections pour renforcer le soutien au gouvernement. »

« Ça a mangé, confirme aussi un diplomate. On a souvent érigé Blaise Compaoré en modèle, pour diverses raisons, et personne n’a jamais vraiment voulu mettre le nez dans les potentiels détournements d’argent. Mais il faut quand même lui reconnaître une chose, Blaise n’a jamais été le plus gourmand. Ses proches, c’étaient les pires. »

« Ç𝐚 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐜𝐡𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫, 𝐦𝐚𝐢𝐬 ç𝐚 𝐧’é𝐭𝐨𝐧𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 ! »

En 2015, quelques mois après le changement de pouvoir, les députés du Parlement intérimaire du Burkina Faso avaient d’ailleurs voté une mise en accusation de neuf anciens ministres de Blaise Compaoré pour « détournements de deniers publics » et « enrichissements illicites », à la suite d’une enquête de la Cellule nationale de traitement des informations financières qui révélait 𝐝𝐞𝐬 𝐝é𝐭𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐚𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝟖𝟔 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐚𝐫𝐝𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐧𝐜𝐬 𝐂𝐅𝐀 (𝟏𝟑𝟎 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝’𝐞𝐮𝐫𝐨𝐬). Trois ministres avaient été arrêtés pour leur implication présumée dans différentes affaires de corruption commises sous le régime Compaoré. Le Réseau national de lutte anticorruption avait d’ailleurs précisé que les biens des « pilleurs » de l’État ne seraient pas épargnés, pas même leurs « maisons construites à l’étranger ».

Si les avoirs de plusieurs personnalités du clan Compaoré ont même été gelés un temps, une partie, notamment ceux du Congrès pour la démocratie et le progrès, de trois autres partis politiques et de 14 personnalités proches du pouvoir ont rapidement été débloqués, mais rien n’indique formellement que ceux-ci auraient pu être utilisés à des fins personnelles pour les lubies immobilières de l’ancien chef d’État.

« 𝐋𝐞 𝐠𝐞𝐥 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫𝐬, ç𝐚 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐨𝐮𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐢𝐫𝐞. 𝐁𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐚𝐬𝐡, 𝐢𝐥 𝐬𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐫𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫 𝐥’𝐚𝐫𝐠𝐞𝐧𝐭. 𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐬𝐞𝐧𝐬 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐞𝐮𝐱 𝐝𝐮 𝐭𝐞𝐫𝐦𝐞, 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐚𝐲𝐬 dans lesquels les conventions de Bâle ne s’appliquent pas, les eldorados des blanchisseuses, note une source qui a requis l’anonymat. 𝐋𝐚 𝐜𝐨𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐁𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐚 𝐩â𝐥𝐢, 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐢𝐥 𝐚 𝐞𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐮𝐧 é𝐧𝐨𝐫𝐦𝐞 𝐭𝐫é𝐬𝐨𝐫 𝐝𝐞 𝐠𝐮𝐞𝐫𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐥𝐞𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐠𝐞𝐧𝐬 𝐥’𝐚𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐨𝐧𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐮𝐧 𝐢𝐧𝐭é𝐫ê𝐭 à 𝐥’𝐚𝐢𝐝𝐞𝐫. »

À cette information, l’un des représentants du Balai citoyen, mouvement civil qui avait activement participé au renversement de Blaise Compaoré en 2014, réagit aussi : « Le sentiment d’impunité, il est là !, s’agace Serge Bambara. C’est scandaleux ! La Côte d’Ivoire est complice, mais la France aussi : c’est elle qui a organisé son exfiltration en 2014. Tout ça, ce ne sont encore que des petits services entre amis », explique le militant.

« Sous son régime, c’était l’impunité quotidienne. Personne ne s’est jamais caché pour blanchir des milliards, alors qu’il se fasse construire une villa de luxe, ça peut choquer, mais ça n’étonne pas. Mais ça va faire grincer des dents, évidemment, encore une fois… Moi, ce que ça m’inspire, c’est qu’il faut vraiment assainir la question de la gouvernance et de l’utilisation qui a été faite de l’argent public, surtout dans un pays aussi pauvre que le Burkina Faso. »

François Hume-Ferkatadji et Olivia Macadré

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Enquête – Mediapart

 

 

 

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