Alafé Wakili ( DG de l’Intelligent d’Abidjan): « Ce qu’il faut souhaiter, c’est que le jeu politique soit ouvert »

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Connu pour son franc-parler, Alafé Wakili est journaliste et analyste politique. Dans cet entretien, il analyse l’actualité politique pour Les sentinelles d’Abidjan (LSA). Interview !

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La rencontre des trois grands, OUATTARA -BÉDIÉ -GBAGBO, le 14 juillet 2022, est-elle une rencontre pour rien, eu égard au communiqué final laconique ?

 

C’est vrai que le communiqué final a été bref, mais il est difficile d’affirmer que ce fut une rencontre pour rien. Dans tous les cas, cette rencontre ne pouvait pas être une rencontre pour tout, c’est-à-dire la rencontre qui règle tous les problèmes de la Nation. C’est tout simplement un bon signal. C’est cela l’essentiel.

 

Le 6 Août 2022 , le président Ouattara a gracié Laurent Gbagbo dans l’affaire dite de la BCEAO durant la crise postélectorale de 2010/2011.  Son parti, par la voix de son porte-parole, Katinan Koné, même s’il se réjouit d’une avancée plaide plutôt pour une amnistie. Comprenez-vous les réserves du PPA-CI ?

 

Oui, je comprends les réserves du PPA puisqu’il y’a déjà eu une amnistie sur les faits de 2010-2011. En même temps, je note que la grâce n’a pas été totalement rejetée, malgré les réserves. Le reste fait partie du jeu politique, des rapports de force à entretenir. Et des choses à gérer dans la durée. Tout en reconnaissant les efforts faits par le président de la République.

 

La grâce présidentielle a ignoré certains militaires comme DOGBO BLE, SEKA SEKA, etc. pourquoi selon vous ?

 

Pourquoi ? Difficile à dire ! Je note que souvent un parallèle est fait avec le cas du général Mangou. Bon, il ne faut oublier que celui-ci avait fait allégeance, avait reconnu l’autorité du président Ouattara, et qu’il ne commandait plus les troupes à un moment donné. Les autres ont résisté jusqu’au 11 avril 2011. Après la question, c’est de savoir qui reconnaît avoir mal agi, qui a raison, qui a tort ! À ce jour, personne ne semble vouloir reconnaître une responsabilité dans ce qui est arrivé. C’est cela qui est inquiétant selon moi. Il y a eu des victimes ! Peut-on rester dans la logique consistant à dire tout le monde coupable ?

Les recommandations du dialogue politique, le 5e du genre, avaient proposé que le chef de l’Etat agisse dans ce sens pour tourner la page de la crise de 2010/2011. Qu’est-ce qui coince selon vous ?

 

Ce n’était pas une recommandation. C’était un point de discussion. Cela n’a pas trouvé de solution, et il a décidé de s’en remettre à la rencontre des trois grands leaders, puis ensuite au gouvernement et au chef de l’état. C’est ainsi qu’il y a eu la rencontre des trois, et ensuite les décisions annoncées par le chef de l’état.

Que savez-vous du cas Guillaume Soro ?

 

Rien. Ou du moins je ne peux m’autoriser à dire publiquement un certain nombre de choses sur la question, à ce stade.

 

L’après Ouattara au RHDP, comment le voyez-vous ?

 

Difficile d’en parler à ce stade des choses. Il faut laisser les choses se faire et évoquer plutôt une perspective plus globale, celle de l’après Ouattara, de l’après Bédié et de l’après Gbagbo. Un après comme moment de retraite politique, et non comme autre chose. Assurément ce moment de la retraite doit venir, alors même que ces grands leaders sont toujours en vie et en pleine capacité d’agir et d’impacter la vie publique et politique. C’est un grand moment de détachement à voir et à vivre !

 

Voyez-vous nos trois grands dans la course présidentielle de 2025 ? pourquoi ?

 

Ce moment dont je parlais à la question précédente, et que je veux voir peut cependant ne pas arriver en 2025 pour tous les trois en même temps, ni de façon volontaire pour eux tous. La raison est qu’entre eux et autour d’eux, il y a une sorte de tentation de remake , de match retour 15 ans après ! Quel défi ! Est-ce un recul, ou une résilience ! Qui vivra verra !

Diriez-vous comme on entend  de certains : ‘’ils ont fait leur temps, il est temps qu’ils cèdent la place ?’’

 

De façon volontaire, c’est encore intéressant qu’ils cèdent leur place. Cependant n’oublions pas à côté de cette attente de certains, qu’ils ont des droits que l’on ne peut les empêcher d’exercer. Ils peuvent  également avoir un désir de responsabilité, une lecture de la situation qui commande selon eux qu’ils continuent à s’investir à leur âge dans la vie politique. En plus ils n’ont pas volé leur place. Ils se sont battus pour y arriver. Il ne faut pas donner l’impression qu’ils sont des intrus. Ce qu’il faut souhaiter, c’est que le jeu politique soit ouvert et que le processus électoral soit transparent, totalement démocratique, sans exclusion. Il n’est alors pas exclu que face à des candidats audacieux, les trois leaders réunis, soient mis en difficulté.

 

Quel commentaire vous inspire la création du PPA-CI, le nouveau parti de Gbagbo ? 

 

Pas de commentaire particulier en dehors du fait d’en prendre acte, et de constater que le parti se déploie et essaie de ratisser large. On verra lors des élections locales de 2023, ce que cela va donner.

 

 

Directeur général de l’Intelligent d’Abidjan, comment voyez-vous l’avenir de la presse ivoirienne ?

 

Je vois une presse en difficulté, je vois une presse qui doit se réinventer, se renforcer et diversifier les contenus. Je vois une presse qui ne va pas mourir si les promoteurs des entreprises de presse, et les journalistes obtiennent des appuis pour consolider l’outil de travail et améliorer les conditions de travail

 

Quelles propositions feriez-vous au gouvernement pour sauver les entreprises de presse en Côte d’Ivoire ?

 

C’est un peu déjà ce que j’ai dit plus haut. Je donne mon cas : si j’avais plus de moyens et de ressources, je ferais des choses extraordinaires et inimaginables, au-delà de cette résilience qui nous fait tenir depuis bientôt 20 ans. Nous faisons souvent du sur place, du remplissage car nous n’avons pas les moyens de notre ambition. Et c’est un crime ! Ce crime doit cesser avec le concours des pouvoirs publics, de la société civile, des acteurs économiques, bref l’ensemble des populations.

 

 

On a vu en vous un destin à la tête de l’Union Nationale des journalistes de Côte d’ivoire.  Etes-vous encore prêt pour un tel challenge ? Quel regard portez-vous sur la gestion de l’Union par l’actuel Conseil exécutif.

 

Ce challenge n’est plus le mien. En effet, il y a 14 ans, j’étais engagé. Je fus même très engagé. Ensuite j’ai renoncé. Depuis lors chaque fois qu’il y’a une élection, je suis approché. Cela n’est pas donné à tout le monde d’être sollicité. Mais je me sens plutôt bien dans ma posture après avoir été vice président durant les deux mandats de Amos Béonaho. C’est une expérience qui a permis de connaître le fonctionnement de notre association commune, et qui donne l’opportunité pour aider d’autres compétences à la gérer. Je vois en action l’actuel Conseil exécutif. Avec son président, le conseil exécutif essaie de maintenir le cap, et de tenir la barre plus haut que les équipes précédentes. J’encourage Jean Claude Coulibaly et son équipe à continuer dans cette voie.

Interview réalisé via le Net par Tché Bi Tché

 

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